égalité filles-garçons

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Selon le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, la lutte du gouvernement contre les stéréotypes de genre à l’école est encore insuffisante.

Dans son rapport, »Formation à l’égalité fillesgarçons : faire des enseignants les moteurs de l’apprentissage et de l’expérience de l’égalité », diffusé le 22 février, le HCE indique que les outils et ressources mises à disposition des profs sur un site dédié en 2014,  pour favoriser l’égalité filles-garçons, sont « encore trop peu diffusés et mis en pratique » par les personnels de l’Education nationale.

Des formations « très inégales » sur le territoire

Selon le rapport,  » l’organisation de formations à l’égalité entre les femmes et les hommes » serait « très inégale sur le territoire ».  Ainsi, seules 12 ESPE sur 24 proposent un module sur le sujet, et estiment avoir formé la totalité de leurs étudiants à l’égalité fillesgarçons. Pour le HCE, il faudrait donc « renforcer et généraliser » cette formation à l’égalité.

En outre, le HCE remarque, dans les ESPE, un « manque de prise de conscience des inégalités persistantes », et  une « multiplicité des entrées à traiter, avec la priorité donnée à la laïcité ou la lutte contre les discriminations », au détriment de l’égalité fillesgarçons.

Infographie 1 - L'égalité filles-garçons

L’égalité filles-garçons

Concernant le recours au réseau des chargés de mission académiques « Égalité filles-garçons », nommés par le rectorat dans chaque académie pour « définir la formation des personnels » sur les questions d’égalité, et « appuyer les enseignants » et les chefs d’établissements désirant mettre des actions en oeuvre, le Haut Conseil déplore le fait que sur un effectif de 36, « seuls 8 d’entre eux » exerçaient à temps plein sur leur mission en 2016.

Programmes : « l’invisibilisation des femmes dans la langue perdure »

Restent les nouveaux programmes, en application depuis la rentrée 2016 en primaire et au collège, et dans lesquels la thématique de l’égalité entre les sexes a notamment été intégrée dans le cadre de l’EMC (enseignement moral et civique) et du parcours d’éducation artistique et culturelle (PÉAC). « Un effort a été fait pour éliminer les stéréotypes sexués, sans aller toutefois jusqu’à l’usage du féminin et d’une écriture inclusive », indique le HCE.

Selon le Haut conseil à l’égalité, qui salue le « volontarisme affiché » par le ministère de l’Education nationale, un « effort de rééquilibrage » a été réalisé en faveur des femmes dans les programmes, mais, « des incohérences subsistent entre l’intention générale d’égalité et le langage utilisé », note-t-il.

Selon le rapport, « l’invisibilisation des filles et des femmes dans la langue perdure ». Et de constater, par exemple, 24 occurrences du terme « homme » pour représenter « l’ensemble des femmes et des hommes ». Pour le HCE, « la volonté de faire réfléchir les élèves aux inégalités entre les femmes et les hommes et à leurs mécanismes de production » n’est donc pas « suffisamment explicite ».

Les femmes « minimisées ou stéréotypées » dans les manuels

Enfin, concernant les manuels scolaires, le constat reste négatif : « les femmes sont sous-représentées numériquement », leur rôle est « minimisé » ou « stéréotypé ». Ainsi, « femmes et hommes y apparaissent dans des rôles sexués stéréotypés » – dans les manuels de lecture de CP, par exemple, « les femmes représentent 40 % des personnages et 70 % de ceux qui font la cuisine et le ménage, mais seulement 3 % des personnages occupant un métier scientifique », note le HCE.

Le Haut Conseil cite ensuite l’exemple québecois, où une « chasse aux stéréotypes sexistes dans les manuels » est menée par le « Bureau d’approbation du matériel didactique » (BAMD), qui examine chaque manuel, avant de le transmettre au ministère de l’Education du Québec. Le BAMD publie aussi des Guides à destination des éditeurs et des enseignants. « L’une de ses productions, à destination des auteurs de matériel didactique, s’intitule ‘rédiger des guides d’enseignement non sexistes' », peut-on lire dans le rapport.