Dan Kitwood, Getty Images / Licence CC

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Tandis que Facebook, Google et plusieurs médias se sont alliés contre la désinformation en ligne et les « fake news » qui auraient influencé l’élection présidentielle comme aux États-Unis, les enseignants passent à l’action aux Etats-Unis.

Du primaire à l’université, de plus en plus de profs américains inscrivent dans leurs cours une « éducation à l’information » et à l’usage d’Internet, selon Associated Press (AP). L’objectif étant d’apprendre aux élèves à faire le tri entre fiction et faits.

« Un tout nouveau cours d’éducation civique »

Au lycée de Williamsville, dans l’Etat de New-York, Lesley Battaglia,  prof de sciences politiques, a ainsi ajouté l’analyse des fausses infos à ses séquences « habituelles » sur le fonctionnement des élections américaines, en discutant avec ses élèves « des sites et des sources crédibles », ainsi que du « fact-checking » (vérification des faits), à travers l’analyse des canulars et de Snopes, un site anti-hoax. A ses élèves, elle a ainsi lancé, selon l’AP, qui a assisté à l’un de ses cours : « Je vous fais faire des choses difficiles, que tout le monde ne fait pas toujours. Beaucoup voient passer un tweet, et c’est assez pour eux ».

« Aujourd’hui, tout le monde peut envoyer et partager des informations, fini le temps où les journaux jouaient le rôle de ‘gardiens de l’information’ : les portes sont grandes ouvertes, et c’est à nous de faire preuve d’esprit critique pour savoir qui croire ou non », indique (à l’APTom Boll, qui donne un cours sur les « fake news » à l’Université de Syracuse. Pour lui, l’éducation aux médias et à l’information ne doit pas se limiter aux écoles de journalisme : « il s’agit d’un tout nouveau cours d’éducation civique à mettre en place ».

The Prentice School Educational Assistive Technology Classroom / Wikimedia / Licence CC

The Prentice School Educational Assistive Technology Classroom / Wikimedia / Licence CC

Des jeunes trop crédules ?

Comme le relève La Tribune, il ne s’agit pour l’instant que d’initiatives individuelles, « mais le phénomène pourrait s’étendre », puisqu’un député californien a proposé en janvier un texte visant à introduire, dans le code de l’Education de l’Etat de Californie, la mise en place d’un cours de « civic online reasoning » (« critique civique en ligne »), destiné aux collégiens et aux lycéens, dont le principe est d’apprendre à distinguer les vrais et les fausses informations.

« L’enjeu est d’autant plus important que les jeunes sont particulièrement crédules face aux informations qu’ils consultent en ligne », note La Tribune. Ainsi, selon une étude de la Stanford Graduate School of Education, un tiers des lycéens feraient davantage confiance à de faux comptes sur Facebook, imitant des médias, plutôt qu’aux pages authentiques de ces médias, « à cause d’éléments graphiques ».

« Le plus grand défi que je dois relever à chaque fois que je tente d’aborder avec les enfants le sujet des contenus douteux sur le Web, c’est de les convaincre que de tels contenus douteux existent sur le Web », note Bill Ferriter, professeur des écoles à Raleigh, en Caroline du Nord.

Selon l’AP, l’enseignant encourage ses élèves de CM2 (6th Grade) à « utiliser d’abord leur bon sens », afin de savoir si une histoire est susceptible d’être véridique, mais aussi à « décortiquer les adresses Web et l’identité de l’auteur de l’article ». Plus généralement, il conseille à ses élèves de rester « sceptiques » lorsqu’un article semble « destiné à énerver le lecteur ».