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“Enseigner face à une classe a été une véritable révélation. Je ne pensais pas avoir autant de plaisir à faire cours”, s’enthousiasme Eloi Caronnet, en troisième année de licence d’histoire à Evry. Depuis septembre dernier, le jeune apprenti professeur se rend deux après-midi par semaine au lycée Marcel Pagnol d’Athis-Mons (91).
“J’ai d’abord observé différents cours : français, histoire-géographie, anglais… Puis j’ai conçu une séquence sur l’histoire de la littérature en classe de seconde et animé des séances de soutien ”, détaille l’étudiant.
EAP version 2
Lancés en 2013 par Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation nationale, les emplois d’avenir professeurs (EAP) en sont à leur deuxième version. Depuis la rentrée 2015, les EAP sont en effet devenus les Etudiants apprentis professeurs et ils s’adressent uniquement aux étudiants de deuxième et troisième année de licence qui envisagent de devenir professeur dans des disciplines qui peinent à faire le plein (maths, lettres, anglais, allemand) ou professeur des écoles dans les académies structurellement déficitaires (Amiens, Guyane, Reims ou Versailles).
En contrepartie du temps passé dans l’établissement scolaire à apprendre ce qui pourrait devenir leur futur métier, les apprentis perçoivent une rémunération comprise entre 889,09 € et 1180,59 € selon l’âge et le niveau d’études. “Ce qui est plutôt bien payé comparé aux autres jobs étudiants et à la charge de travail demandée”, commente Eloi Caronnet. Ils doivent par ailleurs s’engager à suivre les cours à l’université et à passer leur diplôme. “Mais pas nécessairement le concours”, souligne le jeune homme. La priorité est accordée aux étudiants boursiers. En 2016-2017, d’après le ministère de l’éducation nationale, 950 apprentis ont été recrutés sur les 1100 prévus.
Peut mieux faire
Si enseignants, syndicats et étudiants s’accordent à reconnaître l’intérêt d’une entrée progressive dans le métier, les modalités de la mise en œuvre de celle-ci pose quelques questions. A commencer par celle du statut des apprentis professeurs. “Aujourd’hui, ils relèvent du droit privé, nous réclamons qu’ils aient le statut d’élève professeur”, martèle Alain Billate, secrétaire national du Snes. Autre critique : une fois leur licence en poche, les jeunes qui souhaitent poursuivre vers les métiers de l’enseignement n’ont pas d’autre choix que de rejoindre un master Meef “ordinaire” sous statut d’étudiant. Ce que regrette Alexis Torchet en charge des politiques éducatives au Sgen-CFDT. “Nous sommes confrontés à un problème de cohérence. Tant que le concours sera placé en fin de première année de master, il ne pourra pas y avoir de continuité dans l’apprentissage. Les étudiants se consacrent cette année-là à la préparation du concours. L’alternance ne reprend qu’en deuxième année”.
Des apprentis satisfaits
Les apprentis, quant à eux, se disent satisfaits. “Grâce aux nombreux conseils de ma tutrice de CM2 mais aussi en observant les autres enseignants, j’ai appris à construire une séquence et à m’adresser aux élèves, ce qui m’aide beaucoup aujourd’hui”, témoigne Manon Philippe, en deuxième année de master Meef premier degré, passée par la case apprentissage en L3. Ce peut aussi être un moyen pour des jeunes de se confronter à la réalité d’un métier. “J’ai toujours voulu être institutrice sans vraiment savoir pourquoi. A l’instant où j’ai mis les pieds dans une classe et surtout quand j’ai commencé à construire des séances, j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire”, témoigne Mélusine Robin en première année de master Meef à Troyes et apprentie en L2 et L3. Quant à Eloi Caronnet, lorsqu’il a postulé pour un emploi d’apprenti professeur, il ne pensait pas spécialement devenir enseignant. “Mais maintenant que j’y ai goûté, je suis déterminé à passer un Capes d’histoire-géographie”. Au concours également, s’être confronté au métier peut être un avantage. “ Même si le concours reste très théorique et éloigné de la réalité de la classe, le fait d’avoir vécu certaines situations, réfléchi à ses pratiques et vu ce que font les autres enseignants ouvrent des pistes lors de l’oral”, fait valoir Marion Philippe. Et Mélusine Robin de conclure : “Tous les futurs profs devraient apprendre le métier par l’apprentissage. Ce devrait être obligatoire !”
Introduire ces apprentis professseurs au lycee est une maniere de mettre devant les eleves des enseignants bas de gamme . L’idee de madame belkacem est un bon moyen de mettre devant les eleves, des enseignants aux connaissances lacunaires.
En salle des profs ,cela donnerait quoi ? Les agreges meprisent les capetiens qui eux meme meprisent les apprentis profs qui eux memes meprisent les eleves
Il s’agit d’une très bonne initiative qui malheureusement n’est pas ouverte à tous… En effet, j’ai souhaité déposer une candidature lorsque j’étais étudiante en licence de lettres et je n’ai pas été acceptée, n’étant pas boursière… ! Ce qui est vraiment regrettable et incompréhensible !