Sciences Po est accusée par plusieurs sources au sein de l’école d’avoir annulé une conférence sur la Russie par crainte de représailles du Kremlin, des accusations rejetées mercredi par la direction qui évoque un « couac administratif ».
Le Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po devait accueillir le journaliste américain David Satter, auteur d’un livre sur les ressorts terroristes du régime de Vladimir Poutine, pour une conférence prévue le 19 janvier. Mais selon une information publiée par le média en ligne Buzzfeed, la conférence a été annulée « en catimini » deux jours avant.
David Satter, expulsé de Russie en 2013 et ancien correspondant du Financial Times, a été prévenu de cette annulation par « un ami ».
« Je n’ai pas apprécié le fait de ne pas avoir été prévenu », a-t-il déclaré à l’AFP. « L’événement était programmé, j’avais déjà acheté mes billets pour la France ».
Le directeur du CERI, dans une note interne que s’est procurée l’AFP, explique que l’annulation de la conférence n’est due à « aucune pression politique » et ne correspond « en aucune manière à un réflexe d’autocensure » inspiré par la « crainte d’une quelconque ingérence de la part des autorités russes ».
Si la conférence a dans un premier temps été annoncée, la direction évoque un « couac administratif ». « L’administration n’a été mise au courant de cet événement que tardivement », début janvier, explique-t-elle.
Mais David Satter juge « évident que Science Po était effrayée à l’idée de discuter de la question du rôle du terrorisme dans l’exercice du pouvoir de Vladimir Poutine ».
L’école a de nombreux accords d’échanges universitaires à travers le monde, y compris avec la Russie.
« Sciences Po doit rester un lieu de culture, de débat (…). Florian Philippot a été invité sans que cela n’émeuve l’administration », regrette Arthur Moinet, étudiant à Sciences Po et représentant du syndicat étudiants Unef.
Il rappelle qu’une visite du Dalaï Lama en septembre 2016 avait également été « annulée dans les mêmes conditions ». L’Unef a « demandé des comptes » à la direction et appelle à une « véritable indépendance intellectuelle face à toutes les pressions », ajoute Arthur Moinet.
Pour l’ancien directeur du CERI, Jean-François Bayard, c’est la « liberté de la science » qui est en jeu. « Sur le fond, (cette annulation) n’est pas acceptable, sinon on ne fait plus de conférence sur les Etats-Unis de Trump ou sur la Chine par peur des représailles ».
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