Faut-il supprimer l’agrégation ? La réponse est clairement oui, pour Fabrice Bouthillon, professeur d’histoire-géographie à l’université. Dans un ouvrage paru en janvier, l’enseignant, lui-même agrégé, multiplie les attaques contre l’agrégation, ce concours reposant « par essence sur la concurrence, la sélection et l’élimination des plus faibles ». Selon Fabrice Bouthillon, « les réflexes qu’on y acquiert sont donc les opposés directs de ceux qui font le bon enseignant ».
En outre, le passage des concours de l’enseignement engendrerait chez les candidats un « esprit de caste », avec, pour résultat, des enseignants « claquemurés par leur préparation dans leur discipline d’origine ».
Pour recruter les enseignants, il propose que « les titulaires d’un master qui seraient désireux d’enseigner » s’inscrivent simplement au rectorat de leur académie. Si les inscriptions sont trop nombreuses, Fabrice Bouthillon préconise que « la sélection s’effectue soit par les notes obtenues à l’université, soit par tirage au sort ».
Pourquoi se moquer de cette proposition tout à fait sensée ? Ce n’est pas parce que vous êtes contre le système de recrutement actuel que vous tombez dans le syndrome « télé-réalité ». Il serait temps que nous nous posions les bonnes questions sur notre système scolaire au lieu de se moquer de ceux qui réfléchissent et proposent des solutions de bon sens.
Je ne sais pas si le problème est de garder ou non le concours de l’Agrégation. La question à se poser est : pour quoi faire ?
Actuellement le principal intérêt pour une enseignant à passer l’Agrégation c’est de pouvoir travailler moins (15 heures au lieu de 18 heures) avec un (bien) plus haut salaire: c’est du gaspillage à la fois financier et intellectuel.
Le salaire devrait être lié au poste occupé et non au titre obtenu. Un agrégé enseignant en classe Prépa justifie un traitement différent par son niveau de qualification pour ce poste. En revanche l’Agrégation n’atteste aucunement d’une meilleure qualité d’enseignement au secondaire.
Le système scolaire français, et surtout l’Institution qui le régit a un fonctionnement très hiérarchisé dans lequel l’Agrégation joue le rôle de Sésame, souvent au détriment d’enseignants de qualité dont le travail sur le terrain compte bien peu au regard du titre d’agrégé. C’est bien dommage.
Quant à recruter un enseignant seulement sur la base d’un Master et de sa volonté à enseigner, sans sélection préalable, c’est nier l’expertise didactique et pédagogique nécessaire pour enseigner.
Quelle proposition alors ? Distinguer le secondaire du supérieur.
Enseigner est un métier qui nécessite une formation spécifique : un niveau de maîtrise de la discipline est un préalable mais n’est aucunement suffisant. Bien au contraire la création d’une École du Professorat me semble une nécessité, avec un recrutement sur concours avant le Master, au niveau licence (L3) par exemple. Ensuite 2 ans de formation, rémunérés, à l’issue desquels deux diplômes pourraient être discernés : un Master dans la discipline (si l’étudiant a suivi le cursus nécessaire) et une certification à l’enseignement (Études des sciences de l’Éducation,; Didactique de la discipline qui sera enseignée).
Quant à l’Agrégation elle serait accessible après le Master. Elle ouvrirait uniquement aux postes du supérieur (BTS, IUT, Prépas) mais ne permettrait pas d’enseigner dans le secondaire : pour cela la certification à enseigner serait nécessaire. Actuellement on recrute trop d’agrégés qui enseigneront dans le secondaires, donc d’une « rentabilité » bien moindre que des certifiés.
De cette façon on s’assurerait que tous les enseignants sont formés à leur METIER et pas seulement à la discipline qu’ils souhaitent enseigner. J’ai connu des remplaçant qui se sont avérés de super pédagogues bien que titulaires d’une « simple’ licence et d’autres, agrégés, certifiés ou même Docteurs de leur discipline, qui sont de piètres enseignants car incapables de s’adapter au public d’élèves de leurs classes. L’amour de la discipline enseignée et un grand talent dans sa pratique n’est pas nécessaire dans le secondaire alors que le goût et l’art de l »enseignement l’est. Je pense que dans le supérieur on peut inverser l’affirmation précédente !
Et pourquoi ne pas supprimer tout simplement le CAPES ?
On pourrait recruter des instituteurs bivalents, ou « PEGC », pour les collèges, après certification de leurs compétences dans 2 matières, et ne recruter que des agrégés pour le lycée.
Cela permettrait de résoudre, mais seulement en partie, le douloureux problème des salaires trop faibles des professeurs de lycée. On peut rappeler que les agrégés aussi sont sous payés par rapport aux salaires d’ingénieur ou cadre du privé ou de la Fonction Publique. Sachez qu’un agrégé de maths, même docteur, est payé 2 fois moins qu’un statisticien de Bercy de niveau comparable.
Le CAPES est de création récente (1949 environ), il n’est qu’un « réduction » de l’Agreg et il n’offre aucun « plus » pédagogique par rapport à l’agreg, contrairement à je ne sais quelle « légende urbaine » complètement creuse. D’ailleurs, il a été introduit des épreuves d’agreg destinées à vérifier les qualités pédagogiques du postulant, et l’essentiel de la formation pédagogique des capésiens et agrégés vient du stage de titularisation après le concours de recrutement.
Les attaques contre l’agrégation sont futiles et « clivantes », elles ne satisfont que les aigris qui ont compris que leur niveau ne leur permettra pas même de réussir « l’Agrégation Interne ».
Le recrutement des professeurs pour enseigner au collège et au lycée doit être fait pour sélectionner des enseignants ayant des qualités humaines et pédagogiques avérées, prêt à s’investir dans des pratiques pédagogiques innovantes et qui permettent à tous les élèves de progresser. Le concours de recrutement de l’agrégation ne prépare pas au métier d’enseignant mais recrute des spécialistes d’une discipline, et ce genre de spécialité est obsolète , toutes les recherche en sciences cognitives le démontrent.
Ce concours doit être supprimer pour le recrutement des enseignants du secondaire car en plus de ne pas recruter des personnes réellement compétentes dans leur tâches pédagogiques, ce concours créer une véritablement injustice vis à vis des enseignants titulaires d’un capes, qui, en effectuant exactement les mêmes taches qu’un agrégé, pour un salaire bien inférieur devront de plus travailler devant les élèves 3h de plus .Ces inégalités ne sont plus tolérables aujourd’hui.
« doit être supprimer » au lieu de « doit être supprimé » !
On comprend que vous ayez eu des difficultés à réussir le concours d’Agrégation !
Tiens donc, LMH ! Et le CAPES ne recrute-t-il pas aussi des « spécialistes de leurs matières » ?
Les arguments de LMH ne valent pas tripette … Ce sont de vieux arguments éculés de ceux qui n’ont pas le niveau pour réussir l’agreg. J’entends insinuer depuis des décennies que « plus un prof est cultivé, moins il est pédagogue ». Bien entendu, c’est faux et archi-faux ! Il existe des profs peu cultivés et mauvais pédagogues, il existe des profs très savants et excellents pédagogues et il existe parfois des profs inadaptés à leur métier d’enseignant, mais ce n’est pas leur « niveau initial » qui est la cause de l’inadaptation, c’est leur mal-être.
J’ai passé en même temps CAPES et agreg, j’ai d’abord obtenu le plus facile, puis l’agreg un peu plus tard ; il n’existait pas alors d’agreg interne. Je n’ai vu aucun « plus » pédagogique dans le CAPES, il n’y avait en fait qu’une différence de niveau. En fait, l’agreg est calibrée pour l’enseignement « préuniversitaire » de la seconde à bac+2, et le capes pour le collège et les lycéens techniques qui ne se destinent pas au supérieur long.
Je ne prétends pas avoir été un prof sublime ; j’étais peut-être seulement un « prof moyen » mais objectivement motivé, travailleur, jamais absent et acharné à la réussite de mes piou-pious dont j’exigeais beaucoup de travail. Je ne vois pas en quoi l’agreg aurait fait baisser mes compétences pédagogiques, ni en quoi l’obtention du CAPES m’a été pédagogiquement plus utile que l’agreg.
Par contre, je trouve décevant que, depuis 2000, beaucoup de mes collègues de lycée non agrégés ne comprennent pas vraiment des notions qu’ils enseignent, sachant qu’ils les apprennent dans le manuel de leurs élèves. Avec le niveau agreg, on est au moins sûr qu’un prof de lycée domine réellement sa discipline et peut répondre aux questions des élèves curieux. Des témoignages d’adolescents m’ont clairement montré que les élèves n’apprécient pas les profs trop « ras des pâquerettes », et aiment se sentir bien préparés au supérieur.
Personnellement, je n’ai eu que des profs agrégés de la seconde à bac+2, et je ne me plains guère de mes études. J’ai cependant remarqué pendant ma jeunesse en fac que les jeunes enseignants-chercheurs non agrégés avaient parfois bien du mal en face d’étudiants exigeants, alors que les bons maîtres-assistants étaient systématiquement agrégés : situation renversée par rapport aux clichés anti-agrégés.
Justifier la volonté de ceux qui veulent la fin de l’agrégation du fait qu’ils soient aigris, incapables ou qu’ils fassent quelques fautes d’orthographes est réducteur et pernicieux. En tant qu’agrégatif, je me rends compte que le travail personnel est loin d’être le seul moyen pour obtenir ce concours.
Il faut d’abord avoir les moyens pour se prémunir du besoin dans une période où l’on travaille afin de réussir les concours et non pour remplir la gamelle à la fin du mois. Ceux qui n’ont pas pu accéder à une prépa, qui ne sont pas assez crève-la-faim aux yeux de l’administration pour être boursier, qui n’ont pas de moyens financiers suffisants, qui ne peuvent se loger chez papa maman où dans le petit studio pas loin de l’ENS sont déjà mal barrés. Aucun de mes collègues qui avaient des difficultés financières/matérielles avérées n’a pu obtenir l’agrégation. De l’aveu même de certaines de nos formatrices de prépa, le concours de l’agrégation est inéquitable, ce qui ne l’empêche pas d’être égalitaire si vous voyez la nuance.
En outre, il faut aussi avoir les dents longues, savoir quand et avec qui faire du partage ou de la rétention d’informations, savoir si tel ou tel cours/ouvrage/intervenant est potentiellement intéressant/inintéressant pour le concours, etc. Il en découle souvent des comportements assez minables que j’ai pu observer dans ma prépa et secondairement en master Meef, de la part de personnes qui sont censées transmettre des connaissances mais aussi des valeurs civiques à nos jeunes.
L’agrégation ne s’obtient pas uniquement par le mérite. Ni les agrégés ni les autres n’ont le monopole de la raison. L’hyper-sélectivité du concours de l’agrégation participe d’une logique de classe et encourage la persistance de comportements incompatibles avec les valeurs affichées par l’Education nationale. Supprimer ou conserver l’agrégation n’a donc pas de sens. Ces débats ne servent qu’a diviser un peu plus les enseignants et à restreindre leur liberté pédagogique dans un contexte de privatisation croissante de la scolarité et d’accroissement des inégalités.