Annie Routier, secrétaire au syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (SNIES) et infirmière scolaire en lycée pro

Annie Routier, secrétaire au syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (SNIES) et infirmière scolaire en lycée pro

Quels sont le rôle et les missions d’une infirmière de l’Education nationale ?  

La circulaire du 10 novembre 2015 qui annule celle du 12 janvier 2001 présente tout l’éventail du rôle et des missions de l’infirmière scolaire. Au sein d’un établissement, ses principales tâches sont : l’accueil et l’accompagnement des élèves (elle apporte écoute, aide et soutien à l’élève, intervient pour les enfants en souffrance psychique, développe les liens avec les familles et l’équipe éducative…), la promotion de la santé (conduit des actions d’éducation à la santé, intervient dans les domaines de la prévention aux addictions, de l’éducation à la sexualité, du secourisme, du bien-être à l’école…). De plus, l’infirmière scolaire organise les urgences et les soins : elle donne les premiers soins à l’élève blessé ou en malaise, participe à la veille sanitaire, contribue par une consultation au bilan de santé des élèves… En général, un établissement dispose d’une seule infirmière scolaire. Toutefois, si le nombre d’élèves dans l’établissement est très élevé, deux infirmières peuvent être présentes.

Quelles sont les problématiques auxquelles sont confrontées les infirmières scolaires ?

Actuellement, la difficulté importante que nous rencontrons est le respect de l’arrêté du 3 novembre 2015 qui oblige une visite médicale à la 6ème année (en grande section) et une visite de dépistage par l’infirmière à la 12ème année (en 6ème). Dans de nombreuses académies le texte n’est pas respecté, il est demandé aux infirmières d’intervenir en maternelle. Nous pensons qu’il est essentiel que l’enfant ait une consultation médicale dès son entrée à l’école, c’est la base du suivi de l’élève dans son parcours santé à l’École. Par ailleurs, en raison du nombre élevé d’élèves dans certains établissements, plusieurs infirmières scolaires n’ont pas assez de temps pour accomplir l’ensemble de leurs missions. Certaines d’entre elles ont plus de 1.500 élèves en charge, c’est énorme ! Nous réclamons donc davantage de postes. Il faut aussi savoir que plusieurs établissements n’ont même pas d’infirmière scolaire, c’est scandaleux…
De plus, la formation est inégale en France. Celle sur l’éducation à la sexualité n’est, par exemple, pas assurée dans toutes les académies. Elle devrait être plus uniforme sur l’ensemble du territoire. Il faudrait aussi mettre en place, dès l’entrée dans le corps, une formation d’adaptation à l’emploi plus importante et étoffée. Enfin, l’infirmière scolaire souffre d’isolement professionnel. Dans un établissement scolaire, elle travaille très régulièrement seule à l’inverse de l’hôpital où elle peut être amenée à discuter avec ses collègues.

infirmièreEn cas de harcèlement scolaire, de problèmes familiaux ou de violence à l’école, l’infirmière gère-t-elle ce type de situations ?

Bien sûr ! C’est très compliqué d’expliquer brièvement nos missions, mais sachez que le bien-être à l’école, les problèmes familiaux ou encore le harcèlement scolaire sont des thèmes qui font partie de l’éducation à la santé et où l’on intervient aussi bien en individuel qu’en action collective. Évidemment, un élève qui va mal car il a des soucis chez lui ou des problèmes de harcèlement en classe, va être reçu par l’infirmière scolaire. C’est soit l’équipe éducative qui nous prévient que l’élève ne va pas bien soit l’élève, lui-même, qui vient nous voir. Il arrive régulièrement que derrière les maux de tête et les maux de ventre se cachent des idées noires, un mal-être, des difficultés familiales… Nous essayons d’analyser et de résoudre au mieux ces situations qui font pleinement parties de nos missions.

Les élèves ou même les enseignants font-ils souvent appel à vous ?

Certaines collègues reçoivent près de 40 élèves par jour tandis que d’autres n’en accueillent pas plus de 10. Cela dépend des établissements et de leur fonctionnement. En général, en collège, il y a énormément de passage d’élèves par jour. Ils ne sont pas tous en mal-être, bien sûr, mais ils viennent nous voir pour un mal de tête ou de ventre. Nous avons aussi régulièrement des visites suite à une chute dans la cour ou en sport, par exemple. Par ailleurs, il arrive aussi que les enseignants demandent à être consultés soit en raison d’un malaise ou alors d’un simple mal de tête.

médecin scolaire

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Pouvez-vous nous décrire votre journée type ?

Travaillant dans un lycée professionnel et ayant divers dossiers à traiter chaque jour, je ne pense pas avoir de journée type. C’est très variable ! La journée peut très bien commencer par une urgence à cause d’un accident en cours ou par un malaise et finir par une rencontre avec un élève victime de harcèlement. Dans tous les cas, la porte de l’infirmerie est toujours ouverte durant les récréations, les élèves viennent donc régulièrement à ces moments. En dehors de ce temps-là, je prévois des rendez-vous avec les élèves et les reçois en consultation. Ma journée peut aussi comporter des heures de projets d’éducation à la santé comme des interventions en classes sur différentes thématiques (sexualité, addictions..). Mais il y a aussi des journées où il ne se passe pas grand-chose…

Quelles sont les études pour devenir infirmière de l’Education nationale ?  

Pour devenir infirmière scolaire, il faut tout d’abord obtenir un bac pour pouvoir se présenter au concours d’infirmière. Tous les bacs permettent de passer le concours d’infirmière mais certains sont plus adaptés : les bacs généraux et le bac technologique ST2S (sciences et technologies de la santé et du social). Ce concours permet d’intégrer par la suite un institut de formation aux soins infirmiers (IFSI) pour une durée de 3 ans. Une fois la période de formation achevée, les étudiants passent le diplôme d’Etat d’infirmière. Pour exercer en milieu scolaire, après le diplôme d’Etat obtenu, il faut à nouveau préparer un concours d’infirmier du ministère de l’Education nationale. Si le candidat réussit, il est alors affecté dans un ou plusieurs établissements scolaires.