
Hamon/Valls © G.Garitan/Marion Germa/© Le Web Paris 2013/Olaf Kosinsky/Skilsshare.eu
Selon vous, comment se porte actuellement l’Éducation en France ?
Benoît Hamon : En cinq ans nous avons fait sortir le système éducatif français des soins intensifs mais il n’est pas encore en convalescence.
Nous avons mis fin à 10 ans de saignée éducative par la droite. Mais redresser le système éducatif français, l’école la plus inégalitaire d’Europe, ne peut se faire qu’en dix ans.
Cependant il faut reconnaître que tout n’a pas été fait dans ce quinquennat. Notre manquement principal est que nous n’avons pas assez pris en compte la défiance des enseignants à l’égard de ce qui leur paraît imposé d’en haut par le ministère. On ne peut pas réformer contre eux et sans leur adhésion. Si je partage l’ambition de la réforme du collège, il y a eu une forme de brutalité dans sa mise en œuvre qui aboutit à son inefficacité.
Je regrette que la revalorisation des carrières des enseignants soit arrivée trop tardivement, alors que Vincent Peillon comme moi-même l’avions demandée dès le début du quinquennat.
Manuel Valls : Malgré l’engagement et le professionnalisme des personnels de l’Éducation nationale, notre école ne donne pas à tous les mêmes chances de réussite : l’impact de l’origine sociale sur les performances des élèves reste beaucoup trop élevé. Il faut permettre à l’école républicaine de renouer avec sa mission première – la transmission, bien sûr, mais aussi l’émancipation ; de faire que la naissance et le milieu social ne dictent pas le destin de nos enfants. Ce quinquennat a permis d’engager la refondation de l’école, une réforme qui a été saluée par l’OCDE. Il faut maintenant aller plus loin, frapper plus fort contre les inégalités, permettre aux Français d’apprendre à l’école, pendant les études mais aussi tout au long de leur vie. C’est cela, la Nation éducative que je veux construire.
Une fois élu, quelle mesure prendrez-vous en priorité pour l’école ?
B.H : Je veux une école « zéro échec » qui permette à chacun de réussir quelle que soit son origine sociale ou le quartier où il habite.
Tout d’abord nous renforcerons la priorité au primaire. Je limiterai à 25 élèves par classe le nombre d’écoliers en CP, CE1, CE2. C’est au primaire que la réduction des effectifs a le plus d’aspects positifs sur la réussite des élèves, et ce sont les élèves venant des milieux sociaux les plus défavorisés qui en bénéficient le plus.
Je veux rendre la scolarité obligatoire dès 3 ans, et garantir un droit à la scolarisation à 2 ans dans les REP. Nous consacrerons 2000 postes supplémentaires pour garantir l’immédiateté du remplacement des enseignants.
Nous mettrons également en œuvre un service public d’aide au soutien scolaire. Les enseignants, notamment à l’école primaire, pourront être payés en heures supplémentaires pour cette mission. Mon autre grande priorité sera de proposer un plan massif pour la formation continue des enseignants.
M.V : Je poursuivrai la revalorisation des salaires des enseignants initiée pendant ce quinquennat et je renforcerai les moyens humains et matériels accordés aux établissements qui concentrent les plus grandes difficultés. Il faudra aussi aller plus loin avec les collectivités pour lutter contre la ségrégation sociale qui gangrène nos écoles : les collèges doivent cesser de recruter seulement dans leur proximité immédiate et aller chercher des élèves aux profils plus diversifiés dans des secteurs plus larges.
Si vous êtes élu, quelle place donnerez-vous aux pédagogies innovantes (comme par exemple la classe inversée) et au numérique ?
B.H: Le pédagogue c’est celui qui fait travailler les élèves pour qu’ils apprennent. Je propose qu’un quart du temps en classe soit consacré à du travail encadré par l’enseignant. Il faut alterner de façon beaucoup plus systématique le passage du théorique à la pratique et au test répété des connaissances.
Le numérique est un outil, il n’est pas bon en soi. Il faut de le mettre au service des apprentissages et de la réduction des inégalités scolaires. Le numérique peut avoir des grands avantages car il désinhibe les élèves, il change le rapport à l’évaluation et à la faute qui est plus perçue comme une simple erreur que l’on peut aisément corriger, il favorise la participation de ceux plus en retrait, il permet la pédagogie différenciée.
Mais tout cela n’est possible que si les enseignants sont formés de façon permanente aux innovations. Le numérique implique encore plus de pédagogie de la part des enseignants.
M.V : Il faut soutenir et accompagner les équipes qui innovent en donnant davantage de moyens pour expérimenter, évaluer par la recherche, faire connaître et partager ces innovations. C’est aussi cela, l’autonomie : faire confiance à nos enseignants et à nos territoires. Il faut également poursuivre l’impulsion lancée par le plan numérique pour que notre école soit en adéquation avec le monde qui est le nôtre, développe de nouvelles compétences, mette l’accent sur la coopération. Le numérique, l’innovation pédagogique doivent aussi irriguer la formation initiale et continue des enseignants.
Les amphithéâtres sont surpeuplés, le budget de la recherche est menacé : que proposez-vous pour l’Université de demain ?
B.H: Mon premier engagement est d’augmenter d’un milliard d’euros par an le financement de l’enseignement supérieur et de la recherche. C’est ainsi que nous pourrons recruter plusieurs milliers de postes. Il faudra également augmenter de 15% les salaires des enseignants-chercheurs en début de carrière.
La réussite en licence demeurera la priorité, et pour cela il s’agit d’œuvrer à une meilleure continuité bac-3/bac+3. Nous mènerons une réforme du premier cycle en créant des parcours adaptés à la diversité des étudiants qui suivent des études supérieures pour arriver à une véritable spécialisation progressive au cours du cursus.
La mise en place du Revenu Universel d’Existence pour les 18-25 ans permettra de conduire la réforme pédagogique en licence qui était difficile à mener avec l’importance du salariat étudiant. Les étudiants pourront enfin se consacrer pleinement à leurs études.
M.V : Je veux que l’on consacre un milliard d’euros par an à nos universités avec deux priorités : améliorer l’orientation des élèves et des étudiants, qui ne doivent pas choisir leur cursus par défaut, et réunir universités et grandes écoles au sein de grands campus de rang mondial – 10 dans les 10 prochaines années. Nous devons soutenir aussi la recherche fondamentale et la recherche appliquée pour que la France soit le pays de l’innovation, soit pionnière dans le spatial, la santé, le big data… Cet effort financier doit s’accompagner d’une autonomie renforcée donnée aux acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’un soutien à leurs initiatives.
Il faut rapidement augmenter le nombre d’heures de francais au college en supprimant trois disciplines inutiles la technologie et la musique et arts plastiques
Ainsi 2h de francais et une heure de maths en plus. On se recentre sur l’essentiel
Internet est suffisant aujourd’hui pour se sensibiliser aux disciplines supprimees
… et abandonner la musique et les arts plastiques aux familles qui ont les moyens de payer des cours particuliers ?
Tous les jeunes ne souhaitent pas pratiquer un instrument et la musique fait partie de leur quotidien. Quant aux arts plastiques il faut savoir se redefinir des priorites. Les enseignements des profs d’arts plastiques sont souvent generaux et ennuyeux. Il faut donc cesser de perdre et donner ces heures a des enseignements fondamentaux en francais et en mathematiques.
A propos de la technologie trop d’enseignants font fabriquer aux adolescents des objets inutiles des alarmes des lampes torches des chargeurs de piles et autres .
Entièrement d’accord avec Vincent.
Bonjour Roger,
J’ai du mal à comprendre… les élèves ont déjà 4,5h de français par semaine et à peu pareil pour les Maths… et je suis navré de constater qu’ils ont une orthographe et une grammaire, de plus en plus pitoyable… Je ne pense vraiment pas que 2 heures de plus, changera les choses… Je n’ai qu’une poignée d’élèves qui savent écrire 3 lignes sans faire de fautes…
Pareil pour les maths, je suis effaré de constater que mes élèves de 3°ou de 4°, ne savent pas tracer un graphique…. Et que c’est à moi, pauvre prof de sciences, qui ne les voit qu’une fois par semaine de leur apprendre la méthode pour le faire…
Je pense, au contraire qu’il faudrait réduire les heures de français et de maths, afin de permettre aux discipline qui sont dans l’application d’avoir davantage d’heures….
Plus sérieusement, chaque matière à sa place au collège…
Pour votre remarques sur la techno, par exemple, il ne faut pas voir la finalité, l’objet, mais toutes les étapes structurantes, qui ont permis d’apprendre des méthodes afin d’organiser le travail et, de concevoir et réaliser l’objet.
Je suis professeur de SVT (et de sciences en 6°… SVT, techno, physique-chimie) et moi aussi je serai pour plus de SVT, afin de faire davantage d’éducation à la santé, à la sexualité ou à l’environnement… qui sont pour moi, des sujets essentiels pour l’avenir de nos enfants… Mais avec 1h30 par semaine… C’est pas toujours facile.
Bien cordialement…