Marseille et New York: deux villes port, deux villes monde, dont la jeunesse issue de l’immigration partage les mêmes angoisses et les mêmes rêves qui sont racontés dans une exposition poignante du musée d’Histoire de Marseille.
Juste au-dessus de la galerie principale du musée et de son imposante épave romaine, des photos et des témoignages rassemblés en 2015 et 2016, d’adolescents venus de Syrie, de Pologne, d’Algérie, et scolarisés à Marseille ou à New York. En alternance avec leurs portraits sur écran plasma, des extraits de leur récit de vie défilent, avec des mots récurrents en anglais comme en français, « seul », « famille », « maman », « pays ».
« L’enjeu c’était de leur montrer que leur histoire de famille c’est aussi du patrimoine », explique Laurent Védrine, conservateur en chef du musée, ajoutant que l’exposition vise aussi à « amener ces ados au musée ».
« L’histoire de ces jeunes c’est l’histoire de Marseille aujourd’hui », assure Jean-Michel Dissard, réalisateur franco-américain auteur du documentaire « I learn America », un projet pédagogique d’échanges interculturels entre la Grosse Pomme et la cité phocéenne, qui estime que « la migration c’est devenu la norme ».
Son film, qui donne la parole à de jeunes primo-arrivants new-yorkais, « est plus qu’un film, c’est un prétexte pour que d’autres se racontent, et l’expo devient un prétexte pour que ça continue ». Son « laboratoire humain », comme il dit, est accessible au public dans l’exposition et sur internet (http://ilearnamerica.com/).
Une véritable catharsis pour les primo-arrivants comme pour les petits-fils d’immigrés nés à Marseille, au passé familial chargé, comme Mélissa, 17 ans, dont les parents venaient du Sénégal et d’Algérie. On découvre son histoire en cliquant sur sa photo sur un écran tactile. Une épopée tragique, racontée par l’adolescente elle-même, où la mort et la violence côtoie l’amour en permanence.
« J’ai pleuré quand j’ai écrit », raconte à l’AFP la jeune fille « mais aujourd’hui je me sens libérée, j’ai le sourire ».
Non loin de sa photo, celle de Gayane, jeune haïtienne immigrée à New York, qui raconte: « mon premier jour à l’école était si triste, je voulais me faire des amis mais je ne parlais pas leur langue ».
« A cet âge-là, l’enfant ne vit pas l’immigration comme un choix, c’est un trajet de deuil », analyse Jean-Michel Dissard.
Exposés également, des objets de transmission de l’histoire familiale, autant de passages de témoin d’une génération à l’autre. Une jeune fille a ainsi prêté au musée un porte-documents en cuir que ses grands-parents utilisaient pour se faire passer des lettres en Algérie, alors que leurs familles respectives s’opposaient à leur histoire d’amour.
Exposition « I Learn (Marseille/New York) », jusqu’au 20 mai 2017 au Musée d’Histoire de Marseille, gratuit.
Le site du projet I Learn America: http://ilearnamerica.com/
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