« Education: restons prioritaires »: c’est derrière cette banderole qu’ont défilé près de 300 lycéens et professeurs jeudi matin à Marseille, pour le maintien des lycées de la ville et du département en zone prioritaire (ZEP).

Karima et Ismaël, en terminale L au lycée Saint-Exupéry, un établissement des quartiers Nord, figure de proue du mouvement, aimeraient « avoir une réponse rapidement » de la ministre. « Ca fait deux semaines qu’on n’a pas cours et le bac approche », s’inquiètent-ils.

Ils souhaitent que Najat Vallaud-Belkacem, qui a assuré qu’une clause de sauvegarde était en cours jusqu’en 2019 pour les actuels lycées ZEP, « officialise sa promesse », à quelques mois de l’élection présidentielle.

Une délégation de professeurs marseillais s’est rendue à Paris pour participer à la manifestation parisienne jeudi. D’autres ont défilé aux côtés des lycéens sur l’avenue du Prado à Marseille, comme Marion Raybaud, professeur d’EPS au lycée des Alpilles à Miramas (Bouches-du-Rhône).

« Nos élèves ont une estime d’eux-mêmes lapidée, ils ont besoin de temps, d’attention. A 30 par classe, ça fait 2 minutes de temps de parole par élève, c’est insuffisant, on doit rester en ZEP pour rester humains », affirme-t-elle.

Une de ses collègues d’un lycée professionnel de Martigues pas classé ZEP, Christine Lemassu du syndicat SNEP-FSU, manifeste « par solidarité »: « On connaît de plus en plus de problèmes liés à une mauvaise gestion humaine par manque de moyens ».

A Marseille, où les établissements sont très mobilisés pour le maintien en ZEP, la sénatrice-maire d’arrondissement Samia Ghali a lancé un appel au gouvernement pour plaider leur cause.

L’élue des quartiers Nord a demandé « que l’exception marseillaise en matière sociale et d’éducation puisse se traduire en une circulaire qui assurerait moyens financiers et humains aux établissements ZEP et qui donnerait la possibilité au rectorat d’effectuer un travail de labellisation des établissements de la région ».

« Dans une ville où le chômage et la précarité apparaissent comme le seul horizon pour la jeunesse, nous devons ériger l’éducation comme la véritable priorité et rebâtir le pacte républicain de manière pérenne. », a-t-elle ajouté, indiquant que 25% de la deuxième ville de France vit en-dessous du seuil de pauvreté et que 10% des effectifs nationaux de l’éducation prioritaire y sont scolarisés.

Dans son édition de jeudi, La Provence a publié une réponse de la ministre aux élus marseillais, dans laquelle elle concède qu' »une politique d’éducation prioritaire devra être définie » pour les lycées mais qu’elle « ne pourra se limiter à Marseille ».