Les leçons de grammaire à l’école et au collège accueillent depuis cette année un concept inconnu des élèves français et leurs familles, le prédicat, qui désigne ce que l’on dit du sujet et suscite des débats.

Cette notion est enseignée depuis belle lurette au Québec et familière des professeurs de langues anciennes, mais peut dérouter une partie des professeurs et les parents qui ne reconnaissent pas les termes enseignés à leurs enfants.

« Le prédicat, c’est (tout simplement) la fonction du groupe verbal », explique une institutrice très lue, sur son blog « Charivari à l’école ». Ainsi, dans la phrase « Le petit garçon chante une comptine », « le petit garçon » est le sujet et « chante une comptine » le prédicat, illustre-t-elle.

Cet enseignement « ne remplace pas celui des compléments de verbe (COD…): il le précède », souligne-t-elle, alors qu’une polémique s’est développée sur les réseaux sociaux autour de la supposée disparition des traditionnels COD et COI, qui mettrait en péril l’apprentissage de l’accord du participe passé.

Avec l’introduction du prédicat dans les nouveaux programmes, entrés en vigueur en septembre 2016, le Conseil supérieur des programmes (CSP) a été accusé à la fois de nivellement par le bas et de complexifier l’enseignement de la grammaire.

En réponse, son président, Michel Lussault, a lancé une salve de tweets cette semaine.

« Le prédicat est un ajout pas une substitution », a-t-il expliqué. « A partir de l’identification du prédicat, on amène l’élève à identifier ce qui le compose », c’est-à-dire le plus souvent « un verbe et un complément ». Puis l’identification de ce complément de verbe permet d’introduire les notions de COD/COI », précise-t-il.

« On peut ensuite aborder les compléments de phrase (ou compléments circonstanciels) » dès le cycle 3 (CM1-CM2-6e). « Donc ceux qui crient à la casse de la grammaire n’ont simplement pas lu les programmes », dit-il. « Il n’y a pas de disparition des compléments et de +remplacement+ par le prédicat. »

Le prédicat est « une notion très ancienne utilisée par les grammairiens humanistes, et avant eux ceux de l’Antiquité », indique dans La Croix Sylvie Plane, agrégée de grammaire et vice-présidente du CSP. « Elle a été réintroduite et formalisée par les philosophes et grammairiens de Port-Royal à l’époque de Pascal. »

L’introduction du prédicat ne fait pas l’unanimité chez les profs. Jean-Rémi Girard, vice-président du Snalc, syndicat minoritaire, estime dans La Croix que la grammaire enseignée « à l’école primaire et au collège, ne peut pas être celle que l’on enseigne à l’université ».