Selon le rapport Carle sur le budget de l’Education nationale, publié le 24 novembre dernier, le nombre de démissions dans l’Education nationale a doublé en 4 ans.
Les enseignants semblent ainsi de plus en plus nombreux à partir : depuis 2012, le nombre de démissions de profs stagiaires a triplé dans le primaire, passant de 1 à 3,2%, et doublé dans le secondaire (de 1,1 à 2,5%). De son côté, le nombre de démissionnaires chez les titulaires a quasiment doublé dans le primaire, passant de 299 démissions en 2012 à 539 en 2016. Dans le secondaire, le nombre de démissions de titulaires est passé de 416 à 641.
La formation initiale dans les ESPE en cause ?
Selon l’auteur du rapport, Jean-Claude Carle, sénateur de la Haute-Savoie, le gouvernement n’a « pas fourni d’explications » à ce phénomène qu’il estime « inquiétant ».
Pour l’élu, la hausse des démissions des profs stagiaires pourrait s’expliquer par le « caractère éprouvant » de l’année de stage, durant laquelle ils doivent écrire un mémoire tout en enseignant. « Cette forte hausse doit conduire le ministère à s’interroger sur l’organisation de la formation initiale au sein des ESPE », écrit-il.
La difficulté à faire cours sereinement
Quant aux enseignants titulaires… Nous avions donné la parole à certains d’entre eux, au printemps dernier : la lassitude, des « hiérarchies trop contraignantes », mais aussi la « difficulté à faire cours sereinement », font partie des arguments récurrents de ceux qui ont fini par claquer la porte de l’école.
Selon RMC / BFM TV, qui a interviewé quelques professeurs en ce début d’année 2017, outre « la décrédibilisation du métier d’enseignant » et le manque de rémunération, l’une des raisons invoquées est la « mauvaise répartition dans les académies » – les jeunes profs étant souvent affectés dans des établissements sensibles.
Au bord de la dépression, Nora, professeure des écoles de 27 ans, a démissionné face aux conditions d’enseignement difficiles auxquelles elle s’est ainsi retrouvée confrontée. « Un enfant, vous lui demandez d’aller se ranger, dans votre dos il va vous insulter… Des insultes qui peuvent être gravissimes. Les parents, vous savez que quand vous allez les prévenir, ils vont vous traiter de menteur. J’ai eu des moments de bonheur dans mon métier quand même, mais j’ai eu plus de moments de souffrance malheureusement », raconte-t-elle au micro de RMC.
mais il n’y a rien de nouveau !Cela fait quelques années que le climat au sein de nos classes se dégrade , que les insultes fusent autant de la part des élèves que des parents ! Qu’enseigner est difficile , qu’il y aucune reconnaissance de notre métier. J’entends juste que nous sommes des fainéants , » on a que des vacances »(non payées !!!! puisque le salaire est calculé sur 10 mois puis réparti sur 12 !!). On fait baisser le niveau des élèves pour obtenir de meilleurs résultats au brevet, chaque établissement doit faire à sa sauce, on nous met de plus en plus de travail et de responsabilité qui n’ont rien à voir avec la mission d’enseignant ! On laisse les politiques nous cracher dessus, en même temps comme ça, ils nourrissent bien l’idée qu’on ne fait rien et du coup le peuple crie : trop de fonctionnaires , trop payés !! je fais facilement entre 35 heures et 40 heures par semaine, je n’ai pas les moyens de faire grève, encore moins de partir en vacances !! j’essaie d’intéresser mes élèves chaque fois mais l’effort n’est plus au goût du jour. demander du travail est une insulte ! aujourd’hui , 4 élèves sur 24 avaient fait le travail demandé ! Cela devient régulier et ça ne pose pas de problème pour des passages, ni par rapport au règlement, ni pour la majorité des parents … et pourtant, j’aime mes élèves, mais je pense , au bout de 17 ans de métiers, ne plus supporter autant de déception, si peu de considération , aucune reconnaissance de carrière. je m’interroge sur une reconversion, enseigner dans un autre pays qui a compris que l’enseignement doit rester prioritaire pour construire ses citoyens dans le respect des uns et des autres. Hélas, ce n’est plus le cas en France
C’est tout à fait cela ! Sans compter les lubies de la hiérarchie, des formateurs, qui malheureusement oublient très vite la réalité du terrain et exigent de plus en plus n’importe quoi ! Si vous vous permettez de dire que vous ne voyez ou ne croyez pas au bien-fondé d’une consigne, on vous rappelle que vous êtes fonctionnaire et que si vous n’êtes pas content, vous pouvez partir ! Et bien voilà… Tout arrive! Je crains le pire pour l’avenir !Que tous ces VRAIS Professionnels soient remis sur le terrain , ça réduira les effectifs et le discours redeviendra audible ! Perso, après 36 ans , j’ai de magnifiques souvenirs, j’ai choisi et profondément aimé mon métier , je m’y suis donnée mais aujourd’hui ne le reconnais plus, j’attends la retraite avec hâte, dégoutée de ce que je vois , déstabilisée, je me demande si je sais encore enseigner …
Tout à fait d’accord avec vous. Je suis prof des écoles à 2 ans de la retraite…je ne ferai pas une année de plus, trop dur ce métier aujourd’hui et je n’en peux plus d’être traitée de féniasse par tout le monde : politiques, parents, journalistes..même les amis…. on juge un métier qu’on ne peut connaitre tant qu’on ne l’a pas exercé. Pourquoi souffre-t-il d’autant de préjugés aussi faux ??? Je me suis toujours énormément investie dans ce job et y ai pris beaucoup de plaisir…mais il s’est tellement dégradé ces dernières années avec sans arrêt de nouvelles tâches rajoutées et des journées qui n’en finissent plus (réunions, ppre, équipe éducatives, individualisation pour les élèves non redoublants mais du coup, très en retard…..) … du coup, je suis de moins moins motivée… et que dire de l’attitude des parents aujourd’hui : beaucoup de misère sociale d’où des gosses complètement disjonctés pour lesquels les solutions mettent des années à se mettre en place, quand elles se mettent en place…mais en attendant, ces gamins bouzillent la classe et les enseigantns…parce que pe = magicien, il se débrouille tout seul tout le temps….ou alors des parents sur couveurs qui ne supportent pas la moindre remarque et vous écrivent deux pages dès que le chérubin a une remarque.. j’aurais 20 ans de moins, je partirai, j’ai déjà fait plusieurs autres métiers avant… et le blocage de salaire, quel manque de respect de notre fonction !! qui d’autre est traité ainsi ?
Il faut s’interroger sur les motivations réelles des candidats à l’enseignement, qui sont souvent d’anciens très bons élèves, qui ont aimé l’école et qui n’ont généralement pas connu de difficultés.
« Ils ne comprennent pas que l’on ne comprenne pas » (Chagrin d’école – D. Pennac)
Enseigner est un métier très difficile, de plus en plus difficile, mais ô combien gratifiant lorsque l’on parvient à faire réussir ceux qui ne voulaient pas réussir.
C’est un combat permanent, dans tous les sens du terme, avec les élèves, avec les parents, avec les collègues ou avec l’institution parfois et ce n’est certes pas cher payé, mais il n’y a pas de surprise on le sait au départ et rien ni personne n’oblige à choisir ce métier.
Il y a des métiers bien plus difficiles encore dans les urgences des hôpitaux, dans la police ou dans l’armée par exemple, pas beaucoup plus cher payé et où l’on peut même risquer sa vie alors soyons un peu mesurés, les enseignants ont quand-même la sécurité de l’emploi et les vacances, ce n’est déjà pas si mal.
Maintenant personnel de direction, j’ai enseigné 20 ans avec beaucoup de plaisir, j’ai été parfois critiqué, insulté, menacé mais les bons souvenirs compensent largement ces petits désagréments qui, n’en déplaise à certains, font malheureusement partie du métier et il faut le dire aux stagiaires durant leur année de formation. Une formation beaucoup trop universitaire qui ne prépare pas au métier, car aussi étonnant que cela puisse paraître les universitaires n’ont jamais vu les élèves que leurs étudiants auront à prendre en charge. Je serais d’ailleurs curieux de voir un enseignant de l’ESPE dans une classe d’école de collège de l’éducation prioritaire ou dans une classe de LP pendant quelques semaines.
Alors pour conclure, ceux qui démissionnent n’avaient peut-être pas la fibre pour exercer ce métier et leur démission est tout à leur honneur et peut-être salutaire pour les élèves.
Non se faire insulter n’est pas normal. Avec des supérieurs hiérarchiques qui trouvent que cela fait partie du métier, on comprend pourquoi l’école va si mal !!
Je pense que vous n’avez pas enseigné une discipline fondamentale(Maths, français…), vous ne vous rendez pas compte du faible niveau de beaucoup d’élèves dans ces matières, il ne faut pas confondre garderie et instruction…
Math supp, Math spé pour se faire insulter par la France entière pour un petit salaire, je le redis : « non, ce n’est pas normal ». Et avec un tel niveau en maths, on peut trouver facilement un métier plus gratifiant et beaucoup mieux payé(avec cette fois des avantages). Mon père était dans une PME privée(ouvrier puis directeur puis commercial) et il avait de bien meilleurs conditions de travail(et des avantages oui ailleurs cela existe).
Maintenant oui certains font un métier plus difficile mais ils peuvent espérer avec l’ancienneté avoir une place plus reposante ce qui n’est pas le cas pour un professeur des écoles ou un professeur de collège.
après 20 ans de bonheur devant les élèves pourquoi devenir personnel de direction?
@PHL
Je ne comprenais pas trop votre discours: évidemment, votre combat permanent, on l’a tous eu au début. Mais comment continuer? Et bien voilà la différence entre un prof et vous: vous ne l’êtes plus… Il est facile de faire de beaux discours lorsqu’on n’est plus face à la classe… J’ai une collègue dont le moteur de la voiture a été défoncé par le parpaing qu’un grand frère avait lancé sur le capot. « Petit désagrément »? Vous enseigniez dans le 16e ou dans une zone rurale?
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur un point: ceux qui démissionnent n’avaient peut-être pas la fibre pour exercer ce métier. Mais on peut aussi voir deux autres raisons au départ:
– avoir d’autres aspirations (j’ai eu deux autres métiers avant d’être prof, tous les deux merveilleux; et ce n’est pas parce que je n’avais pas la fibre que je suis partie),
– ou ne pas être en capacité de s’avouer vaincu par le métier ni avoir le courage de quitter un ministère dans lequel on est entré très (trop?) tôt et monter dans la hiérarchie pour tenir des propos doucereux et infantilisants pour les profs.
Je vous souhaite plein de moments joyeux, ponctués de très légers incidents.
Cécile
P.S.: Je n’étais pas une très bonne élève (les très bons élèves ne deviennent pas profs, enfin!, il y a bien mieux sur le marché du travail). Je sais ce qu’est être dernière de classe, et contrairement à ce qu’écrit Daniel Pennac, la plupart de mes profs comprenaient que je ne comprenne pas et prenaient tout le temps que je leur demandait pour me réexpliquer… D’ailleurs, ils sont restés profs jusqu’à la retraite et ne sont pas montés dans la hiérarchie.
Douadi a tout dit !! J’ai la même ancienneté, je suis prof de math et je fais le même constat ! Math supp puis math spé pour en arriver là , quel gâchis et quelle déception !
C’est la triste réalité. Et il n’y a pas un problème, mais plusieurs donc pour tout résoudre.
– La formation pour être professeur est trop contraignante, on étudie des tonnes de données et de cours pour finalement enseigner à un niveau très bas. C’est 5 ans d’étude au dessus du bac pour finir par un concours. Et si le concours est raté, le diplôme n’a aucun valeur…
Ensuite les stages, la plupart des étudiants sont envoyés dans des établissements où ils seront à la charge d’un bon professeur… mais comment connaître le pire quand on voit de bonnes classes?
– L’éducation nationale, elle ne joue plus son rôle. les professeurs doivent faire des projets, donner de bonnes notes même aux cancres et accepter qu’un élève avec de grosses lacunes passent… Quand un élève arrive en 4ème sans savoir bien écrire ou lire, y’a peut etre un probleme…
A côté, le prof doit gérer plus de cours, de travail, sans voir de soutien. Même les notes sont devenues inutiles. J’ai donné un devoir de vacance basique en menaçant d’un 0 s’ils ne ramènent pas, y’en a la moitié qui l’ont « oublié ». Ils s’en foutent d’avoir 0, ils passeront même avec 5 de moyenne.
– On est plus des enseignants mais des éducateurs. Les parents s’attendent à ce qu’on apprenne à leur enfant la politesse, le respect etc sans nous soutenir. Soit on fait face à des parent laxistes soit à des parents agressifs…
Et vous vous attendez à ce que les futurs professeurs soient prêt pour ça? Alors qu’ils n’ont vu que des gentil enfants souriants en 1ère année…
Lassée de devoir toujours recommencer à chaque gouvernement ou quasiment, les livrets etc…. Marre de tout l’administratif, les préparations écrites à faire… Assez d’être jugée sur ça !!…Tout ce temps perdu ! ….Pas autorisée à disposer de mon temps personnel comme je veux ! Suis-je obligée de justifier médicalement mon besoin de temps partiel ?….Fatiguée de la semaine de 4 jours et 1/2 …Et pourtant j’ai une classe merveilleuse, des collègues super et de très bons parents !! Tout devrait être merveilleux, alors, est-ce normal d’avoir ce sentiment de mal être ?
Oui, et pour les raisons que vous écrivez. Vous seriez travailleuse à la chaine, vous penseriez à autre chose tout en vissant des boulons, mais vous ne l’êtes pas: vous avez besoin de votre cerveau pour faire des trucs inutiles… C’est usant de le savoir, mais c’est bon signe sur le plan intellectuel, non?
Tous les enseignants ne sont pas affectés négativement par les évolutions en cours dans la profession. Il me semble au contraire qu’il existe des enseignants bien planqués qui parviennent à tirer profit de la perte de sens du métier pour en faire encore moins…
En effet, on oublie trop souvent que les dysfonctionnements en cascades et autres consignes absurdes constituent autant de prétextes faciles pour justifier à son tour de son propre désinvestissement personnel.
De fait, ce sont les enseignants les plus consciencieux et les plus investis qui ressentent le plus douloureusement la perte de sens du métier, parce qu’ils tentent de la contrarier.
Les enseignants les moins volontaires, ceux qui sont entrés dans la carrière pour pouvoir végèter sans entrave, sont souvent ravis de pouvoir surnoter afin d’acheter la paix sociale dans leur classe.
De même, ce sont les enseignants les moins compétents ou les moins expérimentés qui succombent le plus rapidement aux sirènes des innovations pédagogiques qu’on leur suggère de mettre en oeuvre afin d’éradiquer toute exigence dans la pratique de leur métier. En effet, l’innovation pédagogique a cela de positif qu’elle ralentit les progressions et peut permettre à celui qui la met en oeuvre de justifier d’un moindre degré de couverture du référentiel.
Nous pourrions multiplier les exemples qui démontrent qu’il existent des profils d’individus totalement adaptés à ce nouvel écosystème.
Or, il ne fait aucun doute que les corps d’inspection vont continuer de nous imposer ces évolutions.
Conclusion : les professeurs qui cherchent à donner du sens à leur métier doivent effectivement quitter l’l’Education nationale sans chercher à tergiverser.
Non, les enseignants ne démissionnent pas car ils n’ont pas la fibre, n’ont pas la vocation. C’est injuste et irrespectueux de dire cela. Aucune formation n’est donnée à un débutant (surtout pour les 3e concours, ceux en reconversion)et il faudrait savoir tout faire la 1e année, c’est honteux. Ce n’est pas un métier qu’on improvise, qu’on apprend en écoutant quelques vidéos. Il faut une vraie formation, au moins de quelques mois AVANT la prise de classe. Pas forcément besoin de plusieurs années mais une formation plus efficace, plus réaliste, avec la réalité du terrain. Et les enseignants ne sont pas des soldats qu’on envoie au front (REP), ils devraient décider d’y aller avec une formation spécifique et une vraie prime de pénibilité (et des moyens, du matériel, de l’aide). Le manque de considération de la part de la hiérarchie use le moral et la santé et réduit l’envie de faire ce métier. Tout salarié a droit a une vraie formation, les écoles le méritent. Les bâtiments sont en piteux état, le matériel (tables, chaises, livres, jeux éducatifs…) indigne d’un pays développé. Les journalistes devraient tourner des reportages dans toutes les classes, montrer le quotidien des enseignants, dire leur vrai emploi du temps. Bref, que les gens se rendent compte des conditions de travail. Les parents seraient plus respectueux de leur travail.
Le métier d’enseignant est un métier très difficile qui pompe énormément. Vous donnez, vous donnez, vous donnez et à un moment « ras le bol ! j’en peu plus ». A mon avis c’est plutôt une mission qui devrait être contrôlée dans le temps parce que à un moment donné il faut passer la main à quelqu’un d’autre de tout neuf. Je ne crois pas qu’on puisse enseigner toute sa vie surtout s’il n’y a aucun mouvement dans sa carrière. Il faut pouvoir évoluer, changer de pays, de niveau, de disciplines, reprendre des études, faire un autre métier … il faut un minimum de mouvement quelque chose qui permette de se ressourcer, de se nourrir intellectuellement et moralement parce qu’à la longue le métier en lui-même pompe et c’est de plus en plus difficile à supporter même si vous l’aimez ! Au début on a le sentiment d’être utile, on trouve des raisons, c’est motivant et on se donne mais progressivement ça devient pénible et la répétition finit par tuer. C’est très lent et dépend des personnes mais le métier en lui-même ne ressource pas et l’on finit par être vidé. Toutes les blessures mentionnées dans les diverses réactions précédentes s’avivent au fur et à mesure du temps et on entre doucement dans une véritable souffrance et une tristesse bien difficiles à faire valoir. Et pour peu que vous ayez une famille à charge difficile de renoncer à un emploi solide. En tous cas c’est l’expérience que je fais.
PHL qui est maintenant personnel de direction a peut-être un peu perdu de vue la réalité du terrain surtout dans le contexte de cette réforme brutale. Pas de vacances cette année ni à la Toussaint ni à Noël : je planche sur les nouveaux programmes, le nouveau bulletin, les compétences, etc. Je refais mes cours sur diaporama, je remanie toutes mes activités pour essayer de coller aux exigences de l’inspection que je ne comprends pas toujours, je tente d’animer mon blog disciplinaire, je prépare des supports pour mes classes de 3ème qui n’ont pas de bouquin, etc.
30 ans que j’enseigne et plus de la moitié en zone d’éducation prioritaire, avec des déceptions, des doutes, des grands moments de solitude, mais aussi des réussites, des satisfactions, de l’enthousiasme et la volonté d’avancer et d’apprendre avec mes élèves.
Aujourd’hui le moteur est cassé ! L’âge ? Peut-être ! J’avais pourtant encore il n’y a pas si longtemps que ça de l’appétence pour les nouveautés et les expériences pédagogiques diverses et variées. Mais la coupe est pleine.
Méprisés par la société mais aussi par la hiérarchie (CE, IPR, ministre), le malaise des profs est grand et beaucoup décrochent (démission, congés maladie à répétition) : les jeunes tant qu’il est encore temps de se reconvertir, mais aussi les plus anciens dégoûtés par la brutalité avec laquelle ils sont traités. Et il ne s’agit pas seulement d’une pénurie de vocations.
Dans mon établissement on en est à chercher d’éventuels remplaçants pour les remplaçantes des remplaçantes des collègues de français et d’espagnol.
La prof de maths, pourtant hyperactive est proche du burnout (malaises à répétition), etc.
Et oui il y a d’autres métiers difficiles et il y a aussi beaucoup de chômeurs, mais ce n’est pas une raison pour culpabiliser les collègues qui souffrent et nier la pénibilité croissante de notre métier.
Je suis PE depuis 12 ans. La volonté de démissionner est de plus en plus forte. J’aime enseigner, mais je suis dégoûtée par les réformes successives des programmes ( j’en ai connu 3 ou 4 ans en 12 ans), des rythmes (j’ai connu de tout : mercredis matins avec 1/3 vaqué, les 4,5 jours avec les samedis matins 1/3 vaqué, les 4 jours et maintenant les nouveaux rythmes propres à chaque école. Je suis affectée par la dévalorisation du métier, le peu de considération que l’on a de notre hiérarchie, du public, les dégradations des conditions de travail (salle de classe recrutée, bruit dans les couloir…). Usée de travailler pour rien : l’an passé nous avons en équipe passé des heures à élaborer un livret de cycle à partir des nouveaux programmes, livret validé par nos conseillers péda, 2 mois plus tard on nous annonce qu’ils sont bons à jeter qu’il faut utiliser le LSU. Lassée aussi de devoir régler tous les maux de la société. Lassée aussi de toujours devoir faire plus avec moins : intégrer c’est très bien, mais avec des RASED qui se réduisent de plus en plus, avec peu de moyens, de cohérence entre les divers partenaires…quand il n’y a pas de rétention administrative. On nous demande bienveillance et différenciation alors que l’Etat fait peut de cas de la détresse de ses fonctionnaires et demande la même chose à tous alors que les contextes d’enseignement sont très divers. En situation difficile cette année car malmenée physiquement par un élève, je suis vue convoquée à la DSDEN car on m’a reproché d’avoir suivi le protocole indiqué sur ce même site, et j’ai appris qu’en réponse a une demande de protection fonctionnelle c’est l’enseignant qui peut être déplacé. Je ne comprends plus les choix de l’éducation nationale, je réfléchis à un changement de vie. J’en ai assez de devoir tout justifier, tout quantifier, tout mettre dans des cases.
PHL fournit sans doute une analyse assez juste de la situation mais attention à ne pas se tromper de cible. Je fais partie de ces jeunes enseignants qui souffrent ; je ressens beaucoup de difficultés à faire ce travail, et je ne pense pas que ce soit mon passé de « bonne élève » qui soit mon handicap principal. Je considère avoir été bien mal préparée au métier et je manque d’accompagnement dans ma pratique. Comment passer de savoirs universitaires généraux et littéraires à une pratique pédagogique cohérente, adaptée, différenciée, etc. sans l’apprendre véritablement !!
Exigeons une entrée dans le métier plus progressive et une meilleure formation initiale comme continue, ainsi que davantage de concertation au sein des équipes.
Je rejoints complétement les commentaires ci-dessus sauf partiellement pour celui de PHL. En effet, je ne suis pas convaincu que les enseignants auraient choisi ce métier si c’était à refaire… Personnellement je l’ai choisi car je pensais que j’allais former et transmettre mon savoir aux générations futures, ce n’était pas la rémunération qui me posait problèmes, je le savais et la gratification c’est de voir, après quelques années, ses anciens élèves et étudiants réussir et se rappellent de vous et de ce que vous leur avez transmis comme connaissances…
En tant qu’ingénieur et même un doctorat plus tard, j’aurais pu prétendre à « mieux » ou tous cas un métier à valorisant et à la hauteur de mes aspirations « intellectuelles », mais je voulais enseigner, car c’est (ou plutôt) c’était « le plus beau métier du monde »… Mais ça c’était avant !!!
D’ailleurs, j’ai même tenté de préparer le concours de personnel de direction comme le collègue PHL, pour avoir un peu plus de reconnaissance, de considération et des responsabilités plus importantes dans le système… Hélas, j’ai été aussitôt désenchanté à cause du « formatage » du système qu’on nous inculque, ce qui manifestement nous oblige à tourner le dos aux collègues enseignants on passe de l’autre côté…). De plus les personnels de direction ne sont pas beaucoup mieux lotis non plus (pressions hiérarchiques, parents…)
Alors, non si c’était à refaire, je ne le referais pas… Et pour cause :
– Rien n’est fait pour attirer ou retenir les enseignants,
– On n’enseigne plus, on éduque
– On ne transmet pas des savoirs, on assiste à des réunions et on rédige des documents administratifs de plus en plus prenants
– On ne peut plus sanctionner selon notre âme et conscience afin de responsabiliser les élèves, on risque de s’attirer tous les ennuis…
– On ne fait pas 15 ou 18h mais 40 en moyenne par semaine, je mets au défis quiconque qui prétend en faire moins s’il doit respecter tous les textes et qui doit refaire tous ses cours à chaque réforme et pour chaque classe, niveau ou diplôme…
– J’étais fier d’être enseignant, malheureusement, tous les derniers rapports officiels mettent le système éducatif français quasiment en queue de liste ! Normal, chaque ministre qui y passe, et il y en a eu BEAUCOUP, veut laisser son empreinte avec de nouvelles réformes ! ! ! Réformes auxquelles les principaux concernés et qui connaissent réellement le terrain, n’en sont pas les vrais acteurs…
Alors, je comprends parfaitement les collègues démissionnaires et j’y songe tous les jours, mais étant en quasi fin de parcours, c’est un peu trop tard pour moi. J’espère simplement que les nouveaux en prennent conscience avant de s’engager… Un peu difficile malgré tout, vu la situation économique qui perdure depuis quelques années, à tel point que les jeunes tentent tout dans tout et cela se ressent même sur le niveau de recrutement actuel vu le manque de candidats répondant aux exigences d’autrefois…
Bonne année comme même….
je viens de donner ma démission, j’étais prof stagiaire. J’ai été balancée devant des classes de 30 à 35 gosses indisciplinés à temps plein 18h (merci Sarkozy), à 150 km de chez moi avec inspection de titularisation à la fin de l’année (j’ai pété un plomb avant et j’ai été mise en arrêt pour dépression). Et aucune formation valable. J’allais en cours tous les matins la boule au bide, je me suis fait marcher dessus par les élèves et traiter comme une tarée par la hiérarchie. Et je parle pas de la personne qui devait faire office de tuteur, elle ne me montrait jamais ses séquences. Aujourd’hui j’ai beau avoir peur de la suite de ma carrière, de ma reconversion, etc, j’ai beau savoir que je vais devoir me débrouiller pour gagner trois sous, eh bien je suis FICHTREMENT soulagée de ne plus avoir à y remettre un pied. C’est fou tout de même d’en arriver là. Je n’ai pas la trentaine encore et j’ai déjà connu la dépression, la vraie, ce n’est juste pas normal.
Au lieu d’embaucher de jeunes profs des écoles qui viennent d’avoir leur concours (surtout basé sur la théorie, les grands discours éloignés des programmes et de la réalité d’une classe), on ferait mieux de mettre titulaires des profs suppléants qui ont déjà enseigné quelques années pour certains et qui ont donc de l’expérience des élèves, de la gestion d’une classe et des programmes successifs. Ces suppléants connaissent bien le métier et le poursuivent malgré la difficulté de leur situation avec des postes précaires mais ils résistent c’est donc qu’ils sont capables de gérer une classe et ont aussi les diplômes pour être professeurs des écoles; ne leur reste que le concours à avoir mais ils n’ont pas le temps pour le préparer, plusieurs ayant une classe à temps complet à l’année. C’est tout de même l’expérience qui doit primer dans ce métier. S’ils continuent ce métier, c’est qu’ils sont capables de l’exercer; on ne peut pas trouver meilleur qu’un suppléant sachant qu’ils sont évalués après chaque poste; il suffit de regarder leur dossier pour savoir qui embaucher et là on fera un bon choix au lieu de prendre des nouveaux profs sans expérience et pas prêts ni faits pour ce métier si difficile.
Deux « détails »:
– le nec plus ultra pour ce métier, ce serait donc la formation « sur le tas », le « tas » étant…. les élèves? Système qui n’a pas l’air d’enthousiasmer tant que ça ceux qui le testent dans la vraie vie, demandez donc aux parents d’élèves ce qu’ils en pensent…
– recruter les gens qui sont déjà suppléants ne permettra pas de faire face, par exemple, au remplacement des départs en retraite à venir, à l’augmentation des effectifs d’élèves, ou encore aux recrutements qui seraient nécessaires pour améliorer le système (alléger les classes, etc…). Les suppléants enseignent déjà, ce n’est pas là qu’on trouvera des profs supplémentaires… qu’il faudra bien trouver ailleurs, et donc…. « produire » à partir de gens qui ne sont pas déjà profs ?
D’accord avec Amir concernant son post du 06/01/2017.
Bloqué en région parisienne, sans aucune chance de muter:
Désormais, j’en fais le moins possible
Je ne cherche plus à évoluer dans ma carrière, rien à faire de rechercher la reconnaissance des collègues et de la direction.
Je surnote
Je prends des arrets quand j’en ai envie
Je vais probablement me mettre à surnoter les + perturbateurs
je laisse ceux qui ne travaillent pas ou ne veulent pas travailler passer l’heure en roue libre
je suis volontairement devenu un enseignant médiocre, à l’image de mon salaire et de mes conditions de travail.
Comme le disent les américains: « when you pay peanuts, you get monkeys »
Mon point de vue est peut-être un peu simpliste mais…
Un jeune qui veut devenir boulanger apprend son métier avec un boulanger. Un apprenti maçon apprend avec un maçon. En règle générale, tout métier s’apprend avec quelqu’un qui a de l’expérience. Quant à l’instit (ce que j’étais) il apprend avec des personnes qui sont capables de vous parler pédagogie sans avoir jamais été face à une classe, une vraie, pas celles que l’on voit dans les vidéos au salon de l’éducation. Ou alors ça leur est arrivé il y a longtemps dans le meilleur des cas. Quant aux conseillers pédagogiques, très souvent ils le sont devenus parce qu’ils se sont rendu compte que leur situation est autrement plus confortable. Personnellement, j’en ai connu qui auraient eu beaucoup de mal dans une classe.
Est-ce que ce serait complètement idiot d’être en formation dans une école, avec de vrais gosses, à voir bosser de vrais enseignants qui ne demanderaient pas mieux que vous confier le volant de temps en temps. J’ai connu l’école normale, avec des profs qui étaient pour la plupart de gros feignants (Il y en avait quand même quelques uns qui faisaient leur boulot correctement, heureusement). Que ce soit à l’IUFM ou à l’ESPE, ça n’est pas mieux. Alors il n’y a rien d’étonnant quand des petits jeunes débarquent dans une classe… et se rendent compte violemment que ça n’a rien à voir avec le monde de bisounours dont ils avaient entendu parler. Et pour couronner le tout, ils se font laminer par des individus qui ont la prétention de détenir la vérité.
Alors quand il y a de jeunes (ou moins jeunes) enseignants qui jettent l’éponge, c’est bien triste. Les conditions de travail ont évolué, malheureusement pas dans le bon sens. La formation n’est pas du tout adaptée et l’éducation nationale s’enlise dans ses certitudes.