Dans l’imaginaire collectif, les Indiens d’Amérique apparaissent toujours parés d’une coiffe de plumes, de plumes piquées dans les cheveux ou encore vêtus d’une jupe de plumes. Pourquoi ce matériau simple et fragile est-il devenu l’un des emblèmes du Nouveau continent dans les représentations occidentales ? C’est ce que nous aide à comprendre l’exposition « Plumes, visions de l’Amérique précolombienne« , jusqu’au 29 janvier 2017, au musée du Quai Branly.
Une dimension religieuse dans l’Amérique précolombienne
L’exposition se penche tout d’abord sur la symbolique de la plume dans les sociétés méso-américaines. Omniprésente dans toutes les formes d’art, la plume était, dans les sociétés précolombiennes, chargée de valeurs religieuses. L’oiseau étant une figuration du monde céleste, les plumes ornaient souvent les vêtements de cérémonie ou les tissus que portaient les individus investis d’une autorité divine. Dans la mythologie également, les références à la plume étaient nombreuses : Quetzacoatl, par exemple, l’une des principales divinités méso-américaines, se cachait selon la croyance derrière un masque et une barbe recouverts de plumes. Elles ornaient aussi les objets de culte, paraient aussi les boucliers des guerriers qui partaient au combat. Ce sont ces objets d’art ou de culte que le visiteur pourra croiser dans une première partie de l’exposition : tuniques brodées de plumes, ceintures, colliers, éventails…
Puis, l’exposition revient sur le rôle de la plumasserie lors de la conquête espagnole. En arrivant au Mexique, le conquistador Hernan Cortés s’est servi de l’art des plumassiers pour évangéliser la population, en les faisant travailler avec des peintres espagnols pour réaliser des tableaux de plumes religieux, au service du dogme chrétien. En intégrant la plume, matériau à la forte symbolique sacrée, aux oeuvres d’art chrétien, en faisant participer les artistes aztèques à la réalisation de ces oeuvres, les évangélistes espéraient faciliter l’adhésion à la nouvelle religion. L’exposition montre quelques-unes de ces oeuvres d’art « métis » très rares (de par leur fragilité, seuls 180 tableaux de plumes existent encore dans le monde). Elle propose notamment la fameuse Messe de Saint Grégoire, l’une des premières oeuvres chrétiennes de la nouvelle Amérique, où les artistes plumassiers et les peintres ont intégré chacun leurs propres symboles.
La plume, devenue symbole du Nouveau continent
Les oeuvres en plumes rapportées du Nouveau monde étaient si appréciées en Occident que la plume est petit à petit devenue le symbole de la nouvelle Amérique. L’image de l’Indien, la tête recouverte de plumes, ou vêtu de vêtements à plumes, s’est imposée dans l’imaginaire collectif et subsiste encore aujourd’hui. Enfin, l’exposition se clôt sur quelques oeuvres contemporaines de plumasseries, comme les créations de Nelly Saunier. L’artiste plumassière travaille aujourd’hui pour les grandes maisons de mode et de haute joaillerie, telle Van Cleef & Arpels.
L’exposition est originale et colorée, et se parcourt assez rapidement, idéale pour une visite improvisée durant les vacances de Noël ! Les enseignants de maternelle intéressés par l’exposition pourront à la rentrée faire découvrir le thème à leur classe grâce à l’atelier pédagogique « Plume de Chef », organisé au musée jusqu’au 30 septembre 2017.
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