Favoriser la mixité sociale au sein des collèges est une des priorités du quinquennat Hollande: une douzaine d’expérimentations ont vu le jour à la rentrée 2016 et quelque 60 autres sont prévues pour les deux prochaines années, suscitant parfois des polémiques.

« Nous nous emparons d’un sujet qui provoque des réactions très vives », a reconnu mardi la ministre de l’Education lors d’un premier bilan sur les actions menées et les projets en cours.

La ségrégation sociale entre les collèges mesure le degré de mixité des élèves en fonction de leur origine sociale. Son évaluation s’appuie sur les déclarations des familles lors de l’entrée de l’enfant au collège et plusieurs études statistiques montrent que les établissements français sont très ségrégués.

Pour lutter contre ce phénomène, la ministre Najat Vallaud-Belkacem n’a pas souhaité jouer sur la carte scolaire, car l’assouplir « ne fait que renforcer les inégalités » et la rigidifier « resserre le carcan sur les familles défavorisées », les autres délaissant alors le public pour le privé.

Le ministère de l’Education et les rectorats ont voulu travailler en collaboration avec les collectivités locales. Des territoires aux établissements scolaires très ségrégués ont été identifiés et les collectivités sondées. Une douzaine étaient partantes pour la rentrée 2016, trente supplémentaires pour la rentrée 2017 et trente autres pour 2018.

A Paris, quatre secteurs, comprenant au total huit collèges, ont été retenus pour engager des concertations en vue d’une mise en oeuvre dans un an. « La concertation ne va pas sans tension », a reconnu Najat Vallaud-Belkacem.

Les collèges Antoine Coysevox et Hector Berlioz, dans le 18e arrondissement de Paris, sont appelés à « rééquilibrer leurs caractéristiques sociologiques », le premier accueillant une population plus favorisée que le deuxième.

Mais depuis la présentation du projet fin novembre, parents et professeurs de Coysevox déplorent l’absence de concertation et regrettent d’avoir été mis devant le fait accompli.

« On est sur deux collèges: un déjà mixte, mais avec une mixité fragile, et un autre qui connait de très grandes difficultés depuis dix ans et pas du tout mixte », explique à l’AFP Valérie Michielin, membre de l’association de parents d’élèves indépendante d’une école qui dépend de Coysevox. « On est peut-être dans l’urgence mais on est surtout dans la précipitation ».

Plusieurs leviers sont disponibles pour favoriser la mixité sociale: créer des secteurs multi-collèges (pour améliorer le brassage des élèves de milieux différents), rendre un collège délaissé plus attractif en proposant par exemple des sections internationales ou des projets particuliers, voire fermer ou ouvrir de nouveaux établissements.