La ministre des Familles Laurence Rossignol a participé vendredi à Nîmes à une réunion de la cellule de prévention et de suivi social de la radicalisation mise en place dans le Gard, un département « particulièrement touché » par ce phénomène.

« Le Gard est particulièrement touché par les phénomènes de radicalisation, les départs en Syrie et aussi par les décès en Syrie », a déclaré à la presse la ministre des Familles, de l’Enfance et des droits des femmes. « De nombreuses familles sont touchées ».

Le préfet du Gard Didier Lauga a indiqué que « plus de 200 personnes » sont suivies dans le département pour radicalisation. Un chiffre, « très élevé par rapport au niveau national », a-t-il souligné. Parallèlement le suivi social en vue d’une « déradicalisation » concerne « quelques dizaines de personnes », a-t-il précisé.

Interrogé par la presse sur le nombre de départs et de décès en Syrie, M. Lauga n’a pas avancé de chiffres départementaux.

Selon les estimations de spécialistes et de responsables associatifs, une cinquantaine de Nîmois seraient partis en Syrie et en Irak depuis fin 2014, et au moins cinq seraient morts sur place. Parti des quartiers très défavorisés de Chemin-Bas d’Avignon et Mas de Mingue, le phénomène a vite pris de l’ampleur dans cette ville fortement touchée par le chômage, même si l’attention s’est longtemps focalisée sur la petite ville voisine de Lunel (Hérault).

En matière de radicalisation et de départs en Syrie, « il y a un sujet gardois qui est la concentration d’une série de facteurs », a souligné Mme Rossignol, citant notamment des taux de chômage élevés (environ 13,7% pour le Gard et pour Nîmes, et jusqu’à 18,4% à Alès) et des niveaux préoccupants de décrochage scolaire.

Le système de prévention et de suivi social de la radicalisation est « encore en construction » au plan national comme local, a-t-elle ajouté. « On a pris conscience très progressivement que c’était un sujet social et politique. Il a fallu élaborer un savoir et former en même temps ».

Le travail d’accompagnement des familles touchées – notamment des fratries – s’appuie sur « des structures déjà très insérées, très présentes dans les quartiers dans le travail socio-éducatif qui ont utilisé leur connaissance pour créer de nouvelles approches lorsqu’elles ont été confrontées à un problème pour lequel personne n’avait été formé ou sensibilisé », a-t-elle ajouté. La ministre a cité à Nîmes Carrefour associatif ou la Maison des adolescents et son Réseau pour les adolescents en dérives (extra)ordinaires (Rado).