
TIMSS 2015
Une semaine avant que soit dévoilée l’étude internationale PISA, les résultats de l’enquête TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) 2015 sur les mathématiques et les sciences ont été rendus publics.
Organisée par l’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement), l’enquête évalue les performances des élèves (CM1, 4e, Terminale) en maths et en sciences, dans le monde entier.
La France a participé aux études sur le niveau des élèves de CM1 et de Terminale (TIMSS Advanced)… et les résultats sont inquiétants, car ils décrivent une importante chute des performances en Terminale S, et de grandes difficultés en primaire.
La France, dernière en maths et en sciences en Europe (CM1)
Comparée à 48 autres pays, la France a un niveau en maths et en sciences, niveau CM1 (Grade 4), qui est inférieur à la moyenne internationale et européenne. Selon l’étude TIMSS, les 4870 élèves français testés en mars 2015 ont obtenu un score moyen de 488 points en mathématiques, et de 487 points en sciences – quand la moyenne internationale est de 500, et la moyenne européenne, de 525.

TIMSS 2015 – Résultats internationaux en maths

TIMSS 2015 – Résultats internationaux en sciences
Comparativement, des pays européens comme l’Allemagne (522 en maths, 528 en sciences), la Pologne (535 en maths, 547 en sciences) ou l’Angleterre (546 en maths, 536 en sciences), ont des scores de 30 à 60 points supérieurs à la France… qui est ainsi la dernière du classement des pays de l’UE.
Le Japon (593 en maths, 569 en sciences), Singapour (618 en maths, 590 en sciences) et la Russie (564 en maths, 567 en sciences) figurent parmi les pays en tête du classement, avec entre 70 et 100 points de plus que la France.
Selon Najat Vallaud-Belkacem, le retard de la France serait lié à des professeurs des écoles « trop fragiles en mathématiques », car souvent originaires des filières littéraires ou sciences humaines. « Interrogés sur leurs pratiques d’enseignement, les enseignants français expriment plus fréquemment que leurs collègues européens un certain malaise » face aux disciplines que sont les maths et les sciences, indique-t-elle sur le site du ministère de l’Education nationale.
#TIMSS2015, @najatvb parle de « génération sacrifiée » et tacle les sup. de postes et les programmes mis en place ss la droite #politisation
— Louise Tourret (@louisetourret) 29 novembre 2016
Une chute importante des résultats en Terminale S

TIMMS Advanced 2015 – Résultats en physiques et maths.
Le TIMSS Advanced a été mené en France auprès des élèves de Terminale scientifique (S), et permet d’observer l’évolution du niveau des élèves, sur le long terme. Là encore, les chiffres sont difficiles à encaisser : comparés aux résultats de la même enquête réalisée il y a 20 ans, en 1995, les scores des lycéens français ont chuté de près de 100 points. Ils passent ainsi de 569 à 463 en maths, et de 469 à 373 en physique.
Les élèves français sont 1% à atteindre le niveau « avancé » en mathématiques, alors qu’en 1995, ils étaient 15%. Ils sont aussi 11% à atteindre le niveau « élevé » du TIMSS Advanced, contre 64% il y a 20 ans.
La comparaison avec les 9 autres pays ayant participé à l’étude de Terminale (là encore au-dessus de la France) est par contre difficile. Comme l’explique Le Monde, la classe de TS « n’a pas le même statut selon les pays : en Russie ou au Liban – en haut du classement en maths –, elle est très sélective, réservée à une élite scientifique, alors qu’en France, elle est ouverte aux bons élèves, quels que soient leur profil et leur souhait d’orientation ».
Selon le quotidien, « à refaire les calculs en ne tenant compte que des scores des vrais matheux (ceux de terminale S spécialité mathématiques) ou des lycéens visant une classe prépa, la France se situerait dans le peloton de tête. »
D’après Najat Vallaud-Belkacem, si les résultats en Terminale S sont en baisse en France, la raison serait liée à l’ouverture importante de cette « voie royale ». Ainsi, peut-on lire sur le site du ministère, « la plus grande hétérogénéité de la filière, constituée d’élèves ayant une véritable vocation scientifique et d’élèves ayant moins d’appétence pour les mathématiques, ainsi que des programmes scolaires moins en phase avec les items de l’évaluation (seulement 60 % du programme de terminale S est couvert), sont autant de facteurs à prendre en compte ».
Les ressources @Eduscol pour les maths sont parmi les + consultées – la ministre défend son action malgré les mauvais résultats #TIMSS2015
— Louise Tourret (@louisetourret) 29 novembre 2016
Aucune surprise dans cette évaluation. Les enseignants de mathématiques constatent cela année après année. Si l’on regarde l’enquête de CM1, on constate que les choses sont pires qu’en terminale S, ce qui conduit à penser que le pire est devant nous. Mais comment s’en étonner lorsque l’on voit se poursuivre avec constance des réformes qui vont dans le même sens depuis des années. Cela fait bien longtemps que l’on aurait dû les remettre en cause devant les mauvais résultats. Mais comme précédemment le ministère ne voit pas de raison de renoncer au réforme en cours (réforme du collège) qui pourtant sont dans la même logique que les précédentes. Pire le dossier de presse du ministère, explique que les réformes en cours répondent au problème alors qu’elles ne font que prolonger et amplifier les précédentes qui ont conduit à ce résultat.
Comme l’explique Le Monde, la classe de TS « n’a pas le même statut selon les pays : en Russie ou au Liban – en haut du classement en maths –, elle est très sélective
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C’est faux! En Russie il n’y a aucune sélection! Par ailleurs en France on a interrogé que les BAC S, alors qu’en Russie on a interrogé tout le monde avec des scores séparés pour la filière scientifique et non-scientifique.
Mais on continue à s’entêter et à affirmer que les mauvais profs sont les profs à « l’ancienne »!!! Quelle honte et quel dommage, alors qu’on savait apprendre et qu’on désapprend aujourd’hui…
Au lieu d’incriminer la pédagogie, les lecteurs devraient se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, la formation des professeurs des écoles était de 3 ans après le bac, alternant cours et stages et centrée sur les contenus à enseigner à l’école élémentaire. Le recrutement à bac + 3 comme pour les professeurs du secondaire a en réalité ramené à deux ans seulement la formation des futurs professeurs car les étudiants sont recrutés après n’importe quelle licence, et n’ont souvent plus fait de maths depuis le lycée. Ils n’ont qu’un an pour préparer un concours pluridisciplinaire (avec 40h de formation en maths en moyenne en tout et pour tout), et un an (stages inclus) pour se préparer à enseigner. Si on créait de véritables licences pluridisciplinaires préparant à l’enseignement élémentaire, on formerait de bien meilleurs professeurs. La vérité c’est que la France n’investit plus depuis longtemps dans la formation de ses enseignants, et que le primaire est encore plus délaissé que le secondaire. La formation continue a pratiquement disparu.