Plusieurs dizaines d’étudiants de Sciences Po ont empêché mardi soir la tenue, dans l’enceinte de l’école à Paris, d’une conférence à laquelle était invité le numéro 2 du FN Florian Philippot, a-t-on appris de sources concordantes.

« Une quarantaine d’étudiants ont organisé un sit-in en fin de journée dans le hall principal et devant un amphithéâtre de l’école d’études politiques », a indiqué à l’AFP Benjamin Duhamel, organisateur de ce « Grand Oral », un rendez-vous politique animé par trois associations étudiantes.

Le vice-président du Front national devait débattre sur le thème de « l’Europe face à la mondialisation », a ajouté l’organisateur, qui a déploré que « des étudiants de groupuscules d’extrême gauche aient empêché 500 personnes d’assister à ce débat (…) au nom d’un combat contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie que par ailleurs nous respectons ».

Florian Philippot « devait rencontrer des étudiants pendant deux heures, dans le cadre d’un débat contradictoire – un échange de 30 minutes était prévu avec Matthias Fekl, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, puis 30 minutes de questions-réponses avec les étudiants », ont détaillé dans un communiqué les trois associations à l’origine du rendez-vous.

Florian Philippot a dénoncé sur Twitter l’annulation de l’événement, affirmant: « Ce n’est que partie remise: les fascistes seront défaits ».

Pour Benjamin Duhamel, l’annulation de la conférence « n’aura qu’une incidence: renforcer le discours anti-élite des militants et des élus du Front national ». « Vouloir combattre les idées du Front national en les bâillonnant et en les empêchant de parler est absurde », a estimé l’étudiant.

« En empêchant un débat avec Philippot, l’extrême gauche accrédite le FN qui aura l’occasion de se victimiser dans les médias… », a abondé sur son compte Twitter l’association « Les Républicains Sciences Po », proche du parti de droite.

Interrogée par l’AFP, la direction de Sciences Po a répondu que « l’événement n’était pas organisé à l’initiative de l’école mais d’associations étudiantes », se refusant à tout autre commentaire.

Dans un communiqué, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) s’est « réjouie de l’annulation de cette nouvelle tribune offerte au FN qui tentait de gravir une marche supplémentaire dans sa stratégie de dédiabolisation ».

Créé en septembre 2015, le « Grand Oral » a notamment reçu Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), Bruno Le Maire (LR), Michel Sapin (PS) ou encore Benoît Hamon (PS), ont précisé les organisateurs.

Il y a un an, une association d’étudiants proche du FN avait recueilli suffisamment de voix pour être reconnue à nouveau dans la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume. Une première depuis le début des années 1990 qui avait suscité beaucoup d’émoi.