Il faut « une expérience qui a été éprouvée par le temps » pour gouverner et « refuser les aventures individuelles », a déclaré mercredi Manuel Valls peu après l’annonce de candidature de son ancien ministre Emmanuel Macron à la présidentielle.

Dans un discours à l’université de Cergy-Pontoise en banlieue parisienne, le Premier ministre a plaidé pour une « Nation éducative », plaçant l’éducation au coeur du « projet pour la France » dans un nouveau gage à la gauche après d’autres récentes inflexions de son discours.

« Pour porter cette responsabilité, il faut – j’ose le dire devant vous – une éducation à la conduite du pouvoir, à la responsabilité, un sens de l’État. Il faut de l’expérience, une expérience qui a été éprouvée par le temps », a-t-il lancé. « Il faut de la force et non pas de la légèreté. »

Selon le chef du gouvernement, qui n’a pas nommé Emmanuel Macron qui venait d’annoncer sa candidature à Bobigny, « l’exercice du pouvoir » implique d' »avoir le sens de l’intérêt général, le sens du collectif », de « refuser les aventures individuelles ».

« Il ne faut pas dévier, tracer le sillon sur le fond, être extrêmement serein et très déterminé. (…) Il faut s’adresser aux gens, au coeur et à la raison et pas dans des emballements contre le système. Ne pas se laisser entraîner vers le bas. Le discours anti-élites, il est facile, surtout quand on en vient! », a-t-il poursuivi un peu plus tard devant quelques journalistes.

« Je veux donner aux Français un cadre bienveillant et une dynamique d’espoir », « c’est cela pour moi une Nation éducative, c’est cela pour moi un projet pour la France », a ajouté Manuel Valls dans son discours.

Détaillant ce concept, il a rappelé les réformes menées depuis le début du quinquennat et estimé « qu’il n’y a pas de projet politique viable qui ne soit pas basé sur l’Éducation ». « Il faut désormais aller plus loin », « dans les années à venir », a-t-il estimé.

« Le prochain quinquennat devra être celui de vraies augmentations de salaires, pour tous les enseignants », et de la généralisation des expérimentations en matière de « mixité sociale » dans les collèges, a-t-il plaidé. Le Premier ministre a aussi expliqué qu’il faudrait à l’avenir « investir tous les ans, pendant plusieurs années, au moins un milliard d’euros dans notre université ».

Manuel Valls multiplie dernièrement les allusions pour confirmer qu’il se tient prêt pour la présidentielle au cas où François Hollande renoncerait à briguer un nouveau mandat.

A l’Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, Manuel Valls a de nouveau fait référence à son « projet », se disant « fier de défendre un bilan, mais surtout de proposer ».

« Nous avons besoin de redonner un projet et du sens aux Français, moi j’y suis prêt », a-t-il lancé.

Sur France 3, Jean-Marie Le Guen, un des soutiens du Premier ministre, a poursuivi l’offensive contre l’ancien ministre, louant à l’inverse Manuel Valls comme « un des rares hommes d’État que connaît la politique française », et qui « lui, a des propositions ».

« En général ceux qui se présentent seuls, ça se termine mal (…) Les aventures solitaires ne sont pas les plus glorieuses », a-t-il lancé à l’encontre de M. Macron.