Le nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification est descendu sous les 100.000 par an en 2016, a annoncé lundi Najat Vallaud-Belkacem, une diminution qui reste toutefois inférieure aux objectifs de François Hollande.

La France a déjà dépassé l’objectif européen de descendre d’ici 2020 sous le seuil de 10% de jeunes décrocheurs : en 2015, elle se situait ainsi à 9,3% contre 11% en moyenne dans l’Union européenne, a souligné lundi lors d’un discours la ministre de l’Education nationale, qui organisait un séminaire sur ce fléau.

Ce qui n’empêche pas que le décrochage scolaire reste un problème « grave », car « malheureusement, sans diplôme, l’insertion professionnelle est compromise », a-t-elle souligné. Le coût économique est estimé à 230.000 euros tout au long de la vie adulte d’un décrocheur, a-t-elle relevé.

Le décrochage n’est pas un phénomène nouveau, mais le regard de la société a changé, considérant qu’il représente un gâchis humain et économique, a fortiori dans un pays comme la France qui laisse peu de « secondes chances » en cas d’accidents de parcours.

Grâce à la mobilisation de l’Etat et de la communauté éducative, « nous avons cette année passé un cap symbolique très fort », s’est-elle félicitée. Le décrochage devrait ainsi concerner 98.000 jeunes en 2016, selon un indicateur provisoire du ministère, après 107.000 en 2015 et 110.000 en 2014, selon les données de l’enquête emploi de l’Insee et de la direction statistique du ministère (DEPP).

« C’est encore beaucoup trop, mais de tels résultats doivent nous inciter à renforcer nos efforts, à les amplifier », a fait valoir la ministre, refusant toute « fatalité ».

François Hollande s’était fixé comme objectif de diviser par deux le nombre de décrocheurs pendant son quinquennat pour passer de 140.000 à 70.000 par an et avait demandé à « être jugé sur ce résultat ».

Pour 2016-2017, « nos projections nous donnent à voir que nous serons en dessous des 80.000 jeunes sortant du système scolaire sans qualification », car « nos dispositifs montent en puissance », a dit Mme Vallaud-Belkacem à la presse.

« Certains pensent qu’il suffit de dire +allez, bougez-vous!+ ou de mettre les jeunes dans des casernes pour tout résoudre », a-t-elle dit, taclant sans le nommer l’ancien président Nicolas Sarkozy. « Cela occulte » la « diversité des profils des décrocheurs » et le fait que « si vaincre le décrochage était facile, alors le phénomène aurait disparu depuis longtemps ».

Najat Vallaud-Belkacem avait lancé un plan de lutte contre le décrochage en novembre 2014, après de précédentes mesures prises par ses prédécesseurs Luc Chatel et Vincent Peillon.

De nouveaux dispositifs sont entrés en vigueur cette année. Elle a ainsi évoqué la possibilité généralisée pour des jeunes en voie de décrochage de faire une pause, dans le cadre d’un stage en entreprise ou d’un service civique, puis de reprendre leur scolarité.

Ou encore le droit pour les recalés au baccalauréat, au brevet de technicien ou au CAP, de redoubler une fois dans leur établissement. « Seuls trois élèves sur dix » ayant raté le bac repassent l’examen en lycée professionnel, n’étant pas sûrs d’être accueillis dans un établissement, a-t-elle souligné.

Depuis cette année également les élèves de seconde professionnelle qui pensent s’être trompés d’orientation ou l’avoir subie peuvent demander à changer de domaine ou de voie jusqu’aux vacances de la Toussaint, une décision laissée in fine à la discrétion des chefs d’établissement.

« On ne peut pas laisser un jeune quitter le système scolaire (…) sans avoir un sentiment de non-assistance à jeunesse en danger », a déclaré la ministre.

« Si l’obtention de n’importe quel emploi, y compris quand il est +non qualifié+, est soumise à la norme du diplôme, alors l’absence de diplôme risque d’enlever à la personne toute existence sociale », relève le spécialiste des sciences de l’éducation Pierre-Yves Bernard dans un « Que sais-je ? » consacré au décrochage.