La relaxe a été requise mardi devant le tribunal correctionnel de Grenoble pour le guide qui encadrait une sortie en ski de randonnée dans le Vercors en janvier 2015 au cours de laquelle un lycéen était mort dans une avalanche.

L’affaire a été mise en délibéré au 7 décembre.

Frédéric Viret, 50 ans aujourd’hui, professeur de sport et guide de haute montagne depuis 20 ans, est poursuivi pour homicide involontaire après le décès d’un de ses 16 élèves, Renaud Rousseau, 17 ans.

Le 28 janvier 2015, la journée était ensoleillée et la classe de terminale sports-études d’un lycée de Die dans la Drôme effectuait enfin une sortie en ski de randonnée, dans cet hiver où la neige se faisait désirer.

Dans la combe de Chaulange, au-dessus de la commune de Villard-de-Lans (Isère), le drame arrive à 12h24. L’avalanche emporte trois personnes: le guide, Renaud et un camarade. Ce dernier surfe jusqu’en bas de la coulée, Frédéric Viret est enseveli jusqu’à la taille et Renaud ne sera retrouvé par les secours que deux heures plus tard, mort.

Une polémique avait éclaté lors de l’enquête du fait que Renaud ne portait pas de détecteur de victimes d’avalanche (DVA). Mais l’autopsie a révélé que le jeune sportif était mort dès les premières minutes à cause d’un choc au niveau du thorax avec un arbre emporté par la coulée: porter un DVA ne l’aurait pas sauvé.

Si la présidente a bien souligné que, malgré toutes les expertises, « on ne saura jamais véritablement ce qui a provoqué le déclenchement de l’avalanche », la question était de savoir si Frédéric Viret avait commis une faute caractérisée dans le choix de la sortie et dans le non-respect de la distance de sécurité qui le séparait de son élève.

Contrairement à ses réquisitions de renvoi, le procureur Olivier Nagabbo a requis la relaxe pour cet enseignant « de très grande qualité », décrit par ses élèves et leurs parents de manière « unanime » – « et c’est rare » – pour son « dévouement et sa compétence ».

Une dizaine de ses anciens élèves, présents lors de la sortie tragique, étaient d’ailleurs venus à cette audience chargée d’émotion pour entourer cet homme que l’Éducation nationale a mis à pied sans salaire de janvier à juillet 2016 et dont elle a supprimé le poste dans le lycée diois.

« Quatre jours par semaine pendant 20 ans, j’ai emmené des jeunes en montagne, je n’ai jamais eu d’accident », a sobrement raconté M. Viret, qui avait une « grande affinité avec Renaud », « quelqu’un d’affirmé » qui voulait embrasser le métier de guide.

Le père de Renaud, biologiste et montagnard aguerri, a aussi « insisté pour que Fred ne soit pas condamné » car le « risque zéro n’existe pas en montagne », mais a souhaité que « l’Éducation nationale soit portée responsable ».

A l’inverse, son ex-épouse et mère de Renaud, soutenue dans son action par ses deux autres fils, attend que soit reconnue sa responsabilité: « C’est insupportable quand on dit que l’accident est une fatalité », a fait valoir leur avocat Me Denis Dreyfus.