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Le métier d’enseignant attire toujours les étudiants, bien qu’ils ne le jugent pas des plus prestigieux socialement, indique un rapport publié aujourd’hui par le Cnesco (PDF). Selon l’enquête menée par le Cnesco auprès de 1 103 étudiants de troisième année de licence(1), professeur des écoles est cité comme profession la plus attractive parmi une liste de 15 métiers, suivie par enseignant de collège ou lycée. En revanche, ces mêmes métiers de professeurs sont également mentionnés par les étudiants parmi les moins prestigieux à leurs yeux.

Un métier attractif mais pas idéalisé

L’enquête du Cnesco montre que beaucoup d’étudiants envisagent de devenir enseignant quelle que soit la filière (46 % en maths et 41 % en histoire par exemple), principalement par intérêt pour les jeunes enfants, pour ceux qui s’orientent vers le premier degré, et pour le rapport privilégié qu’ils entretiennent avec leur discipline, pour ceux espérant une carrière dans le secondaire. Le Cnesco relève en outre que ces vocations ne viennent pas d’une idéalisation du métier : les étudiants estiment correctement le salaire perçu par les enseignants et leur temps de travail. Ils ont en revanche tendance à majorer le temps de service devant élèves, et minorer celui des tâches hors classe, comme la préparation des cours ou la correction des copies. D’ailleurs, une enquête du syndicat Snuipp-FSU révélait hier que la principale « désillusion » des nouveaux professeurs des écoles était la forte implication du métier dans leur vie privée.

Pas de crise du recrutement

De plus, souligne l’enquête, les avantages proclamés du métier d’enseignant (vacances, sécurité de l’emploi…) ne sont pas cités par les étudiants comme raisons principales du choix de cette profession. Leur attrait pour le métier d’enseignant est donc davantage lié à ce que représente le métier (transmission des savoirs, contact avec les élèves…) Quant aux aspects rebutants de la profession, il s’agit principalement, pour les étudiants, du salaire, du manque de reconnaissance et du système d’affectation.

Selon le Cnesco, il n’existe pas de crise du recrutement sur le long terme, mais plutôt d’un manque d’attractivité dans certaines zones et certaines disciplines. Ainsi, en 2015, dans les académies de Créteil, Versailles et Reims, moins de 2 candidats par poste ouvert se sont présentés aux concours enseignants. La même année, tous les postes ouverts en mathématiques, lettres et anglais n’avaient pas été pourvus.

enseignante malade

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Des conditions de travail qui jouent sur l’attractivité

Le rapport liste ensuite certaines conditions de travail des enseignants qui pourraient avoir un impact sur l’attractivité du métier pour les étudiants. En premier lieu, le salaire : en fin de carrière, un professeur gagne en moyenne presque 1 000 euros nets mensuels de moins qu’un non-enseignant (à âge, sexe et diplôme équivalents). Le métier d’enseignant souffre également d’une image « particulièrement écornée », selon le Cnesco : 5 % des professeurs français seulement estiment qu’ils exercent un métier valorisé.

Enfin, le rapport évoque l’importante charge de travail à réaliser hors temps de classe : préparation des cours, correction des copies… Selon des enquêtes Insee-DEPP datant de 2010, les enseignants du primaire déclarent passer 57 % de leur temps de travail devant les élèves, et les professeurs du second degré 49%.

8 propositions d’amélioration

Pour améliorer l’attractivité du métier enseignant, le Cnesco formule 8 préconisations. Il recommande, entre autres, de « sécuriser l’entrée dans le métier des nouveaux enseignants », de « développer des incitations financières et matérielles pour les néotitulaires », en leur attribuant par exemple des primes s’ils sont affectés dans les territoires les moins attractifs, ou encore de « proposer des dispositifs de mobilité géographique plus flexibles ».

Il propose également de « valoriser l’image de l’enseignant auprès du grand public », en développant « auprès des élèves, des étudiants et surtout du grand public », « une meilleure connaissance des pratiques professorales », sans doute pour mettre fin aux clichés bien répandus du professeur toujours en vacances et qui ne travaille que 18 heures par semaine.