Le Lycée du Pays de Condé, à Condé-sur-Escaut

Le Lycée du Pays de Condé, à Condé-sur-Escaut

Après s’être mis en grève une journée pour soutenir un élève harcelé, les enseignants du lycée polyvalent du Pays-de-Condé, à Condé-sur-l’Escaut (Nord), étaient en passe d’être sanctionnés par des « retenues sur salaire », suite à un « constat d’absence de service » établi par leur hiérarchie.

Dans un courrier adressé le 24 octobre à Najat Vallaud-Belkacem, le député-maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), Alain Bocquet, avait dénoncé une sanction « injuste », particulièrement mal venue à l’approche de la journée nationale « non au harcèlement » du 3 novembre.

L’appel du député a visiblement été entendu : finalement, les profs qui avaient décidé de ne pas assurer les cours ne seront pas sanctionnés. Dans l’émission Télématin de France 2, Najat Vallaud-Belkacem a ainsi indiqué que les retenues sur salaire ne seraient pas appliquées.

Un droit de retrait « pas approprié »

La ministre de l’éducation a ainsi affirmé avoir levé la sanction, dont elle a expliqué les motifs initiaux : les enseignants visés avaient ainsi exercé leur droit de retrait – un droit applicable uniquement en cas de « danger direct et imminent sur le personnel ». Ce qui, selon Najat Vallaud-Belkacem, ne s’appliquait pas ici. « Mais en tout état de cause, je suis intervenue dans cette affaire et on ne leur a rien prélevé sur salaire », assure-t-elle.

La ministre a ensuite insisté sur le fait « qu’il n’y a pas de fatalité au harcèlement », et « qu’il est nécessaire de le traiter très vite, notamment par le chef d’établissement et l’équipe pédagogique. » Et d’en profiter pour rappeler que « depuis 2 ans », le gouvernement « démultiplie les outils, les protocoles pour savoir comment agir, comment parler aux enfants pour libérer la parole, et quelles sanctions prendre ».

Selon La Voix du Nord, la décision de levée des sanctions a « apaisé les enseignants concernés, dont certains se disaient ulcérés ». Selon certains d’entre eux, une représentante du rectorat leur aurait en tout cas indiqué que le droit de retrait n’est pas « approprié » dans une telle situation, et « ne plus vouloir de grèves de ce type ». Le rectorat leur aurait aussi rappelé la « conduite à suivre » en cas de harcèlement : demander à la famille de porter plainte, ou « laisser le chef d’établissement agir ».

D’après la Voix du Nord, les enseignants grévistes restent circonspects. « Les faits se sont déroulés le 28 septembre. Nous avons fait grève 5 jours après, le 3 octobre. S’il y avait eu sanction, ou décision prise, il n’y aurait pas eu de grève », a ainsi déclaré un prof au quotidien régional.