handicapL’année dernière, Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, déplorait dans un rapport, le fait « qu’environ 20.000 des enfants en situation de handicap demeurent sans solution de scolarisation en France ». Une nouvelle étude de la Depp, l’agence chargée des statistiques au ministère, livre « pour la première fois », des chiffres intéressants sur les parcours à l’école primaire des élèves handicapés.

Le rapport analyse ainsi les parcours scolaires à l’école primaire d’élèves en situation de handicap, en suivant ces enfants, nés en 2005, depuis la maternelle jusqu’en CM2.

Moins d’un élève handicapé sur quatre entre en CM2

Selon la Depp, le constat est sans appel : alors que la plupart des élèves de 10 ans entrent en CM2, « moins d’un élève en situation de handicap sur quatre » parvient à ce niveau à cet âge. Quatre ans auparavant, à 6 ans, six sur dix entraient pourtant en CP.

« A six ans, 85% des élèves en situation de handicap sont en classe ordinaire. Quelque 60% sont en cours préparatoire (CP), donc n’accusent pas de retard de scolarisation », indique l’étude. Mais « 4 ans plus tard, à 10 ans, 45% de ces élèves sont encore scolarisés en classe ordinaire: 22% sans retard, en CM2, et 23% en CM1. »

Selon la Depp, une moitié des enfants, « entrant moins souvent à l’école maternelle dès 3 ans, et moins souvent ‘à l’heure’ au début de l’école élémentaire », passe ainsi « progressivement dans une classe ou un établissement spécialisé » – les enfants de milieux défavorisés « davantage que ceux d’origine sociale plus élevée ».

En fin d’élémentaire, finalement, plus d’un élève handicapé sur deux scolarisés en structure spécialisée – le plus souvent des CLIS (classe pour l’inclusion scolaire) et des établissements médico-sociaux (EMS).

Disabled pupil writing at desk in classroom © WavebreakmediaMicro - Fotolia

Disabled pupil writing at desk in classroom © WavebreakmediaMicro – Fotolia

« Les parcours des enfants dépendent du contexte social »

La nature du trouble influence grandement le parcours scolaire de l’élève en situation de handicap : ainsi, les élèves qui présentent un trouble visuel, moteur ou viscéral sont les plus nombreux à intégrer des classes ordinaires. A contrario, ceux atteints de troubles psychiques, intellectuels ou cognitifs sont davantage orientés vers des structures spécialisées.

« Les parcours des enfants dépendent aussi du contexte social dans lequel ils vivent », remarque la Depp. Les enfants de milieux « très favorisés » parviennent ainsi en CM2 « plus souvent ‘à l’heure’ que ceux de milieux défavorisés (39 % contre 15 %) ; ces derniers étant plus souvent scolarisés en CLIS (45 % contre 23 %) ».

Selon l’étude, ces différences sociales, qui « prévalent » à l’entrée à l’école élémentaire « semblent s’amplifier tous troubles confondus ». A la fin de l’école élémentaire, un enfant de milieu défavorisé sera ainsi « beaucoup plus souvent en CLIS » qu’un enfant de milieu favorisé.

Pour un même trouble, les différences sociales sont aussi « patentes », pour la Depp. Les enfants déficients visuels, moteurs ou ayant un trouble viscéral sont les plus nombreux à atteindre le CM2 « à l’heure », mais « ils sont moins souvent parvenus à ce niveau quand ils sont d’un milieu défavorisé que les enfants ayant un trouble du langage ou de la parole de milieu très favorisé », peut-on lire dans la note d’information (pdf).