© AntonioDiaz - Fotolia.com

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Les bacheliers professionnels sont de plus en plus nombreux à poursuivre des études supérieures, prioritairement en STS (80,5% des premiers vœux APB). Pour répondre à cette évolution, les recteurs ont fixé par décret, à la rentrée 2016, des quotas minimums de bac pro en STS . Par ailleurs, 10 000 places supplémentaires devraient être créées dans ces filières courtes de l’enseignement supérieur au cours des cinq prochaines années.

Partant du constat que seulement 59% des étudiants issus de la voie professionnelle inscrits en première année de BTS  décrochent leur diplôme en deux ans, les rectorats, lycées professionnels et STS ont imaginé des dispositifs pour leur permettre de réussir.

Travail sur l’orientation

“Un élève de bac pro ne peut pas réussir dans n’importe quel BTS, il existe des articulations naturelles entre diplômes, il faut s’appuyer dessus”, prévient Brigitte Colin, conseillère formation professionnelle initiale et continue auprès du recteur de Versailles. Encore faut-il que les équipes pédagogiques de lycée connaissent les filières de BTS et que les enseignants de BTS sachent ce qui se fait en bac pro pour pouvoir sélectionner les dossiers. Pour faciliter ce travail, le rectorat de Versailles a établi une liste des BTS croisée à celle des bac pro proposés sur l’académie. A chaque filière correspond un code couleur selon le bac d’origine : “une pastille verte quand les chances de réussite de l’étudiant sont les plus grandes ; orange, quand l’articulation est moins évidente ; rouge quand les risques d’échec sont élevés”, détaille Brigitte Colin.

Approfondissement des cours généraux

Si les étudiants issus de la voie professionnelle réussissent moins bien que les autres étudiants en STS ce n’est pas seulement la faute d’une mauvaise orientation mais aussi parce que leur parcours les prépare mal à la poursuite d’études. “Habitués à travailler de façon inductive, ils éprouvent des difficultés lors du passage à l’abstraction,” analyse Michaël Couronnet  IEN-EG en lettres-histoire-géographie dans l’académie de Caen.

Pour pallier cette faiblesse, Cédric Bonnet, professeur d’économie-gestion au lycée Jean Lurçat à Perpignan (66) propose aux élèves repérés en fin de première “comme ayant du potentiel”, un module propédeutique en terminale, sur les heures d’AP (accompagnement personnalisé). Ce module comprend quatre heures hebdomadaires d’approfondissement en enseignement professionnel, anglais, français et espagnol. A Caen, le programme d’approfondissement varie selon l’orientation des élèves. Maths et sciences pour ceux qui souhaitent poursuivre en filière industrielle, et lettres-histoire-géographie pour les élèves qui envisagent de se diriger vers le secteur tertiaire.

Stage en immersion

Pour permettre aux élèves de terminale pro de prendre conscience des différences d’approche et donc d’attentes entre le secondaire et le supérieur, de nombreux établissements leurs proposent de passer deux-trois jours, voire une semaine à Paris, en STS. L’idée est “ de consolider la motivation des élèves et d’éviter les erreurs de casting”, explique Michaël Couronnet. Et Sébastien Begey, IEN d’économie-gestion dans l’académie de Paris d’ajouter : “C’est aussi l’occasion pour les jeunes de repérer leurs faiblesses et leurs points forts, de les motiver à approfondir leur travail”.

Rapprocher les équipes pédagogiques

La réussite des étudiants issus de la voie professionnelle en STS passe également par un rapprochement des équipes pédagogiques. Deux à trois fois par an, des professeurs de lycée pro et des enseignants du supérieur de l’académie de Versailles, se rencontrent. L’objectif ? “Donner les moyens aux profs de STS de mieux enseigner aux bacheliers professionnels (pédagogie par projet, travail en îlot, méthodes inductives…) et inversement amener les professeurs de lycées professionnels à adapter leurs cours aux exigences des STS”, détaille Brigitte Colin. A Caen, Michaël Couronnet envisage de monter une formation pour les enseignants de terminale pro lettres-histoire dans le cadre du Paf (Plan académique de formation) sur le thème : “Apprendre à conceptualiser et à raisonner en abstraction”.

Pour l’heure, si la réussite des élèves issus de la voie professionnelle reste encore inférieure à celle des autres bacheliers, “en 10 ans, le décalage s’est lissé”, souligne Brigitte Colin.