
Pédagogie inversée en EPS : des élèves acteurs / E. Tranchant
Principal adjoint d’un collège depuis peu, Emmanuel Tranchant a longtemps été prof d’EPS. Au lycée Pasteur du Blanc, puis au lycée Mandela de Poitiers, il a été l’un des pionniers de la classe inversée en sport.
Son système comporte 4 phases : lecture de capsules, travail collaboratif de “brainstorming”, “réajustement” avec le prof, puis “production” par les élèves.
Travail collaboratif, autonomie et entraide
Chez eux, les élèves visionnent des capsules, partagées via un groupe Facebook – un “moyen de faire qu’un maximum d’élèves les regardent”. Les “rares” jeunes sans compte Facebook accèdent aux capsules par email, ou au lycée. Chaque capsule constitue un “apport de connaissance”, pour se préparer à la séance.

La pédagogie inversée bouleverse le cours, qui commence par la création d’une carte mentale.
Vient le moment du cours, qui débute par la “phase collaborative”, avec la construction, par les élèves, d’une carte heuristique. “A partir de ce qu’ils ont vu chez eux, ils réfléchissent à l’action qu’ils vont réaliser, au lieu d’écouter mes consignes”, décrit le prof.
Puis les élèves, répartis par groupes, s’auto-organisent. Ils choisissent des exercices et élaborent un projet collectif de jeu, “difficile à monter autrement que par la pédagogie inversée, sous peine de grignoter le temps moteur”.
Les élèves, “acteurs de leur apprentissage”, sont en recherche active et procèdent par essai-erreur. “Au-delà des compétences motrices, ce travail permet de développer des compétences méthodologiques et sociales (CMS) : l’entraide, le travail de groupe…”, explique Emmanuel Tranchant.
Feed-back et analyses statistiques via des tablettes

La pédagogie inversée d’E. Tranchant fait appel aux tablettes, qui permettent notamment de travailler sur des objectifs statistiques.
La troisième phase, le “réajustement”, consiste en un “retour sur ce qui a été fait en travail collaboratif”. Le prof “corrige les solutions trouvées par les élèves si elles ne sont pas bonnes”.
Suite à cette “régulation”, vient la phase de “production”. Les élèves restituent ce qu’ils ont testé pendant leur recherche-action : ils “produisent une action, qui correspond au thème défini. Par exemple, ils choisissent de réaliser un match d’ultimate, après avoir étudié la technique du pivot”, indique E. Tranchant.
Des tablettes sont utilisées tout au long du cours. “Les élèves visionnent des vidéos, ou se filment, afin d’améliorer leurs gestes”, note le prof d’EPS. Dans le cas d’un sport collectif, des applications statistiques permettent de “mieux progresser sur des points précis” du jeu – par exemple, en ultimate, “réduire le pourcentage de pertes du frisbee”.
Un gain de temps au profit du temps moteur

Une carte heuristique conçue par les élèves d’E. Tranchant.
Pour Emmanuel Tranchant, “laisser les élèves travailler en autonomie n’est pas évident au début, mais il faut accepter de lâcher prise, car quand ils se débrouillent davantage, leur acquisition des connaissances est meilleure”.
« Avec la pédagogie inversée, les élèves ont une idée concrète de ce qu’ils vont faire en arrivant. Au lieu de faire perdre du temps moteur, on en gagne : donner le cours avant signifie moins de consignes pendant la séance, car les élèves savent quoi faire”, note l’enseignant.
Restent quelques obstacles. D’abord, la question de la fracture numérique : “les élèves sans connexion peuvent se rendre au CDI, mais je n’ai pas fait du visionnage des capsules une obligation”, explique E. Tranchant. Le cours est bâti de sorte “que ceux qui n’ont pas vu la vidéo participeront sans problème”.
Autre obstacle : le côté chronophage de la mise en place de la classe inversée. “Cela demande beaucoup de préparation au départ – rechercher ou concevoir des vidéos, penser la progression des séances. Après, on est rodés, mais au début, c’est beaucoup de travail”, indique l’enseignant.
Présentation de la pédagogie inversée d’Emmanuel Tranchant, avec une séance d’ultimate.
Merci pour cet article qui mentionne avec justesse la place d’une pratique comme les Cartes Mentales dans une approche de classe inversée.
Les leviers en sont les suivants:
► Partir de l’existant. Les données, informations, connaissances brutes, mais aussi reliées entre elles par un concept, un contexte, une forme convergente ou divergente. Ou même ayant en commun un manque, une déficit de ces métas informations. C’est aussi là que le prof intervient.
► Mobiliser tous ses sens en même temps. Faire de cette expression personnelle puis collective un « moment » d’expérience, dont il restera une mémoire y compris émotionnelle, voir corporelle.
► Sentir que nos talents se complètent. Qui est plus à son aise à observer dans un logique inductive, qui s’énergise avec une vue analytique. Les Quoi, Comment, Qui, Pourquoi entrent en scène avec des sensibilités différentes qui les portent.
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