Le 20 octobre dernier, Nicolas Sarkozy avait créé la polémique en exprimant sa volonté d’augmenter le temps de travail des enseignants. Il avait déclaré au micro de France Inter que les professeurs certifiés avaient 18 heures d’obligation de service hebdomadaires, avant d’ajouter qu’il faut « absolument revaloriser la fonction des enseignants tout en augmentant leur durée de présence dans les établissements ».
42h50 au total, loin des 18 heures annoncées par Sarkozy
Dans une tribune publiée sur Slate, l’enseignant de mathématiques en lycée Thomas Messias a décidé de répondre à l’ancien chef de l’État en calculant son temps de travail réel. Il en profite pour rappeler au candidat à la primaire des Républicains que ces 18 heures obligatoires ne correspondent pas aux heures totales travaillées par les enseignants. Ses résultats sont les suivants :
Temps passé devant mes élèves: 22 heures. Ça ne correspond pas aux 18 heures de Nicolas Sarkozy parce que j’ai 20 heures de cours, 1 heure d’accompagnement personnalisé et 1 heure de soutien en mathématiques.
Rendez-vous avec les élèves et/ou les familles: 2 heures
Correction de copies: 8 heures
Préparation de cours et documentation: 4 heures 30
Surveillance de devoirs surveillés organisés hors heures de cours: 1 heure 20.
Logistique: rapports d’incidents, échanges de mails professionnels, remplissage du cahier de textes électronique, utilisation de la photocopieuse et débourrage: 3 heures 30
Conversations avec mes supérieurs et mes collègues (enseignants et CPE): 1 heure 30
Total: 42 heures 50
Un résultat dans la moyenne de l’INSEE
Ce total horaire est proche de celui publié par l’INSEE en 2013, qui révélait qu’un enseignant certifié travaillait en moyenne 43 heures par semaine.
Nicolas Sarkozy propose également de revoir le calendrier scolaire, déplorant que « tous les mois et demi, il y ait 15 jours de vacances. »
Et dans le premier degré, on peut atteindre des 70h, notamment les premières années, avec de la bouteille, 45/50h.
Parlons du temps de présence : certains arrivent à 7h30, d’autres partent à 19h, la pause méridienne n’est pas vraiment une pause, on parle des élèves quand on mange, des projets, etc.
Et le vacances tous les mois et demi … n’a-t-il pas connaissance des nouveaux calendriers avec une cinquième période de 10 à 12 semaines ? (Vacances qui sont aussi du temps de travail, on ne passe pas 16 semaines de farniente).
Je rejoins le collègue, le temps de présence face aux élèves ne correspond pas au temps de travail effectif. Il y a autant de temps, voire plus très souvent, qui se fait sans les élèves face à nous (et qui relève du bénévolat…).
Avec la réforme du collège, on est bien au-delà des 42h00 hebdomadaires! Nouveaux programmes sur tous les niveaux, nouvelle organisation du temps scolaire ( AP/ EPI/ évaluation par compétences) Pour ma part, mes vacances de Toussaint me permettent de corriger les évaluations de mes 7 classes – 3 classes de français, 4 classes de latin, niveaux 5e-4emes, soit 30+ 24+30 +40+ 56 = 180 copies. J’avais passé un temps dingue à élaborer les grilles de compétences et les échelles descriptives avec mes collègues en septembre-octobre ; le cahier de textes électronique était passé à la trappe. J’ai pu le compléter à posteriori, juste sur les trois dernières semaines, en passant… plus de deux heures devant mon ordinateur, rien que pour cela! J’ai avancé aussi sur des séquences dont les thèmes sont nouveaux : en 4eme – nouveau niveau pour moi cette année- , sur l’information ( info ou intox), en 5e sur la science fiction ( nouveaux mondes possibles). Pour cela, j’ai lu et « digéré » beaucoup de manuels, de livres parascolaires, relu des documents perso, chercher sur internet des ressources multimédia, visionné et isolé des extraits de films, des captures d’écran, préparé des powerpoints, des documents remodelés à photocopier dès la rentrée… Je ne parle pas des visites de musées, de festivals, etc… faites en amont, à longueur d’année, pour compléter mes connaissances, ma banque de photos personnelles éditables sans problème… en payant mes trajets et mes entrées sauf dans les musées nationaux, dont beaucoup sont à Paris – je suis en province! Si je vous en faisais la liste, l’article sera trop long. Liste de de tous les livres lus, payés aussi sur mes deniers, qui envahissent ma bibliothèque… C’est la partie ( très) agréable de mon travail. Mais ce n’est que le début du travail : ensuite, pour moi le coeur du métier, toujours enthousiasmant: il faut extraire la substantifique moelle de cette somme de documents pour les élèves – ce qui demande du temps pour laisser « décanter » comme un bon vin- et prévoir des activités nombreuses et variées pour les rendre acteurs de leur apprentissage : comment motiver les élèves, les amener à la découverte sans que ce soit du bourrage de crâne, doser l’écrit, l’oral, le multimédia, la lecture de textes courts, longs… Ne pas oublier les » outils de langue » ; comment les insérer dans la séquence, les amener à écrire en assimilant le nouveau vocabulaire, les nouvelles tournures de phrases… Elaborer les évaluations formatives et finales avec des items reliés aux compétences, reliées au socle… je devrais commencer par cela mais je n’y arrive pas… Réservations au CDI, en salles multimédia. Temps en amont pour préparer, avec les collègues documentalistes, la séance de choix de lectures cursives, de recherche documentaire… le métier est varié! Partage bien sûr avec les collègues, sans temps de concertation spécifiques dans notre emploi du temps. Et je termine avec les EPI… Je suis impliquée dans 4 de ces enseignements interdisciplinaires. J’ai découvert cela à la rentrée comme mes collègues… Je commence en janvier ( la ville, lieu de tous les possibles : français, latin) mais nous n’avons pas encore trouvé le temps de nous rencontrer… Nous travaillons chacun de notre côté pour le moment. J’ai oublié de préciser qu’en octobre, par exemple, j’ai été en réunions quasiment tous les soirs pendant deux semaines ( 1h30 par classe) : conseils de profs ( j’ai 7 groupes matières mais avec des mélanges de classes, particulièrement en latin : j’ai, au total des élèves de 12 classes différentes!) , rendez-vous de parents, réunions pour la réforme, réunions du groupe français… Je ne parle pas de l’AP ( aide personnalisée), des PAP pour élèves DYS, des inclusions d’élèves avec un handicap … les temps passés à discuter des/ avec élèves en difficulté pour cerner le malaise et essayer, ensemble, de les comprendre, de les aider. Vous en avez assez, je le sens. Pourtant tout cela est important. Mais mes journées n’ont que 24h00… Et j’ai aussi des responsabilités au sein de l’établissement qui m’ont pris, par exemple, au moins 8 heures depuis le début de l’année scolaire, particulièrement pour servir d’interface entre les collègues au bout du rouleau et la direction, dans le même état… A la mi-novembre, on embraie sur les conseils de classe et les réunions de parents en rendez-vous individuels. Bulletins numériques en prime avec un logiciel qui n’était pas encore prêt avant les vacances… J’ai la « chance » d’avoir trois enfants étudiants et autonomes avec qui je passe du temps au téléphone mais qui ne me « prennent » plus de temps quotidien: je peux manger en travaillant, prendre un sandwich, corriger ou préparer jusqu’à pas d’heure, laisser le ménage… Plus de réunions pour eux, d’activités extra-scolaires de rendez-vous d’orthodontistes, de kiné, de médecins, de suivi des devoirs… Je peux même faire un peu de sport/ yoga, absolument nécessaire et gratouiller dans mon potager. Pour les collègues avec des plus jeunes… je ne sais pas comment elles/ ils font… Mon mari est en déplacement toute la semaine ; j’essaie de garder du temps libre pour que nous puissions nous retrouver sans stress sur la fin de semaine. Lui aussi est débordé par son travail et nous passons de longs moments, certains weekends, ensemble, sur la même table… devant nos ordinateurs… Et c’est… travailler toujours plus pour ne pas gagner davantage! Mais, nos enfants nous disent : Vous, au moins, vous avez du boulot!
Moi je dis : les profs sont des héros !!!!
Il m’arrive en effet de vouloir répondre à des parents d’élèves ou à ma direction que je n’ai pas de super pouvoirs.
Malheureusement je n’ose pas.
Merci pour vos commentaires, mais finalement le temps passé (perdu ?) à écouter Sarko, et celui passé à rédiger les commentaires, c’est encore du temps à rajouter à la loooooongue journée-soirée de travail d’un enseignant moyen. De toute façon il le sait bien qu’on ne bosse pas que 6 mois par an ! Son attaque il nous l’a déjà faite par le passé. Mais faut bien taper sur quelqu’un et comme disait Coluche : « Il vaut mieux taper toujours sur les mêmes, ça fait moins de mécontents »
Sur les conseils d’un ami, j’ai noté le nombre d’heures que j’ai faites du 1er juin 2012 au 31 mai 2013, j’ai totalisé 1587,75 h, soit 44,1 h par semaine
42 heures x 36 semaines travaillées par an = 1512 heures par an = 4 heures par jour (365 jours) ou 6 heures par jour ouvré (il y a 253 jours ouvrés en 2016).
« Les Français salariés à temps plein travaillent 40,7 heures par semaine, soit moins que la moyenne européenne ». 40,7 x 47 semaines (5 semaines de vacances) = 1913 heures.
Prof: 1512 heures. Salarié Français moyen: 1913 heures. Différentiel de 401 heures par an, 8,5 heures par semaine.
Le commentaire ci-dessus ne tient pas compte du fait que les professeurs travaillent (correction et préparation) pendant les vacances scolaires. Eh oui !
Pourquoi intervenez vous alors qu’il est f l a g r a n t que vous ne connaissez rien, absolument RIEN, aux réalités de cette profession?
Est-ce de la médisance gratuite? Qu’apporte-t-elle?
A mon sens, ces sites devraient être des échanges d’informations et non des défouloirs personnels, le but étant d’éclairer et de faire avancer une analyse collective.
Etudiant et MI-SE dans les années 90, j’ai pris l’habitude de compter mes heures de travail pour ne pas me relâcher. J’ai continué une fois enseignant, PLP Lettres-Histoire, par curiosité, pour comparer les années.
Globalement, mes heures de travail n’ont cessé de grimper depuis 2006 : en moyenne, entre 1999 et 2011, j’ai effectué une moyenne de 1645H00 par an, vacances comprises. Sur 46 semaines (en ajoutant 1 semaine aux 5 semaines de congés payés pour les jours fériés, jours qui n’empêchent pas un prof de travailler !), cela donne 35H45 par semaine. Mais sur les 36 semaines de cours, la moyenne est de 43H00. Les premières années, mes heures étaient moins importantes, essentiellement parce que je n’avais pas l’énergie pour en faire davantage.
La réforme du bac pro (passé à 3 ans) et la souffrance au travail de nombreux collègues m’ayant poussé ces dernières années vers l’activité syndicale, mes semaines désormais sont de 60H00 de travail.
Si Sarkozy revient, je suis prêt à en faire encore plus.
Quand je lis les avis sur ce site ou d’autres évoquant le temps de travail d’un enseignant, je me pose cette question: pourquoi tant d’acharnement à ne pas vouloir reconnaitre la quantité de travail réel d’un enseignant en France? pourquoi l’enseignant doit-il toujours se justifier ? pourquoi vouloir penser que les congés scolaires des élèves sont aussi les congés des professeurs? un simple bon sens amènerait quiconque à comprendre que le fonctionnement complexe d’un établissement scolaire se prépare bien évidemment en amont…pourquoi faut-il sans cesse rappeler que la majeure partie de ces congés d’élèves sont des temps de travail pour l’enseignant? pourquoi ce harcèlement?
Préfère t-on penser que tous les enseignants français sont des menteurs? Je ne comprends pas. J’ai fait ce métier par passion, par vocation , et je pense l’avoir bien fait comme 99 pour cent de mes collègues(et le un pour cent non concerné a de toute façon largement fait les 35 h de base).J’ai néanmoins été à deux doigts de le quitter ne supportant pas cet acharnement de l’environnement à vouloir me renvoyer une réalité totalement fausse de ma réalité de travail. Faites attention de ne pas « pousser le bouchon » trop loin. Madame, Monsieur, qui êtes convaincu que l’enseignant travaille peu, essayez d’entendre ce que ces enseignants vous disent..pourquoi tous ces gens mentiraient-ils? Pourquoi y a t-il de moins en moins de personnes à vouloir faire ce métier?
Et c’est tellement regrettable! car il s’agit de l’instruction et de l’éducation de ceux qui nous sont le plus cher au monde;nos enfants.
42 à 45 heures … c’est aussi ce qu’a révélé un enseignant aux Informations Nationales la semaine dernière, comme pour justifier l’annonce par M Blanquer d’une augmentation possible de 300 euros annuels ( 25 euros par mois) pour les enseignants! Un témoignage « bien choisi » si vous voulez mon avis. Un autre témoignage évoquait un nombre d’heures de travail plus élevé pour les enseignants allemands, à ce titre justement mieux payés! Encore un témoignage proprement choisi.
Ce sont les enseignants français qui terminent l’école le plus tard, qui organisent un nombre phénoménal d’activités au sein des établissements scolaires, qui ont le plus de corrections de copies et d’administration à gérer : 1 collègue d’origine allemande dans le lycée où je travaille, un jumelage et des échanges réguliers dans ce pays, des membres proches de ma famille allemands … Qu’on arrête de divulguer n’importe quoi!
J’ai le sentiment d’être humiliée quand j’entends ces annonces et témoignages.
Ces 25 euros supplémentaires ne m’intéressent pas. Je travaille en moyenne 60 heures par semaine, parfois plus. Je ne bénéficie pas de plus de vacances que mon entourage: 3 semaines l’été, parfois 4, et 1 à NoËl . Mon unique souhait est une réhabilitation de mon métier.
Et quand ce sera fait, plus personne n’osera évoquer une augmentation mensuelle de 25 euros!
42 H 50 par semaine, calcule ce collègue. Il a bien de la chance! Je serais curieux de savoir où il travaille : sûrement un très gros bahut dans lequel les effectifs sont confortables. Je pense qu’il fait partie de la minorité épargnée, à laquelle je ne jette d’ailleurs pas la pierre … il y a des personnes qui font 35 H par semaine dans d’autres professions et tant mieux pour elles.
Chez nous, la moyenne dépasse largement les 50 H, personne n’y échappe et personne ne compte.
Je m’étonne tout de même qu’il n’y ait pas d’activités extrascolaires, d’actions humanitaires, de spectacles, de voyages pédagogiques, de réunions, de conseils de compétences dans le bahut de mon collègue?!
J’aime mon métier que j’ai d’abord exercé comme institutrice puis professeur des écoles, puis certifiée d’histoire-géographie et enfin agrégée.
Malgré l’allègement des horaires en présence des élèves, la charge de travail a eu tendance à augmenter.
Quand une personne de mon entourage cherche à me reprocher mes « vacances » , je lui réponds que je n’ai pas de week end, ni de soirée, mais que rien ne l’empêchait, elle, de passer des concours ouverts à tous.
En général, la personne en question soit me dit qu’elle n’aurait pas aimé le faire, soit me plaint aussitôt de faire ce métier ….
Dans les deux cas, je n’ai plus aucune critique.
Quant au ministre quel qu’il soit, le but est d’éviter d’augmenter les salaires d’un nombre important de fonctionnaires.
Pourquoi ces interlocuteurs ne l’interrogent pas davantage sur le fait que les concours d’enseignants ne trouvent pas assez de candidats ? (Nous ne sommes pas les seuls: l’hôpital public, par exemple…)
Bref, j’aime mon métier, je ne culpabilise pas d’avoir pu profiter de mes enfants pendant leurs vacances en m’organisant dans mon travail à la maison (souvent après 20h ou très tôt le matin ) et je souhaite par ce message aider à déculpabiliser ceux qui pourraient l’être! .