sprechen sie deutsch - Deutsche Sprache lernen © gguy

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La réforme du collège inquiète jusqu’aux Allemands, qui redoutent une chute des élèves germanistes face à la suppression, lancée à la rentrée 2016, des classes bilangues.

Pour l’instant, peu ont été supprimées. En effet, si les élèves apprennent désormais une LV2 (deuxième langue vivante) dès la 5e au lieu de la 4e, et si l’option bilangue, qui visait à apprendre deux langues dès la 6e, n’a plus lieu d’être dans l’esprit de la réforme, ceux qui ont appris en primaire une autre langue que l’anglais peuvent continuer l’allemand en 6e, au nom de la « continuité pédagogique » promise par Najat Vallaud-Belkacem.

D’après l’Adeaf, association de promotion de la langue allemande, 73 % des classes bilangues auraient été « maintenues » en septembre.

8% d’élèves germanistes en moins en 2016

Dans certains départements, toutefois, les classes bilangues sont désormais rares. Ainsi, dans l’Eure, seulement 12 sur 49 ont été maintenues, selon l’Adeaf. Dans l’académie de Caen, 95% de ces classes ont été supprimées. Et alors que l’objectif du ministère de l’Education nationale était pour la rentrée d’avoir 30.000 élèves de plus apprenant l’allemand au collège grâce à sa réforme, selon l’association, qui a mené l’enquête cet été, il y aurait en fait 8 % d’élèves germanistes en moins cette année.

D’après l’Adeaf, les élèves de 6e sont 31% de moins à apprendre l’allemand, et les 4e, 12% de moins. « La mise en cause de ce dispositif déstabilise et fait régresser l’allemand sur l’ensemble du collège », indique l’association à LCI. Selon elle, dans l’académie de Lyon, la disparition de 66% des classes bilangues a « fait chuter le nombre de germanistes en 6e de 62% ».

classe collège

© Kzenon – Fotolia

Le Land de la Sarre « inquiet »

Pour le ministère, interrogé par Le Figaro, « il est beaucoup trop tôt pour tirer de pareilles conclusions ». Mais l’inquiétude est réelle en Allemagne.

Début octobre, le quotidien national a couvert la visite, par une délégation du Land de la Sarre, d’une section bilangue maintenue dans l’Eure, au collège de Vernon. Stephan Toscani, représentant politique de la Sarre, indique au Figaro être « déçu par la réforme du collège », qu’il ne « comprend pas ». Il explique aussi que le gouvernement de son Etat fédéré d’Allemagne est « inquiet d’une baisse du nombre de Français apprenant l’allemand ».

Il faut dire qu’au Saarland, territoire frontalier de la Lorraine, les élèves apprennent le français dès l’âge de 3 ans, que le Land a ainsi investit « massivement » sur le français, avec l’objectif de devenir une région « parfaitement bilingue d’ici à 2043″… et que la réforme du collège « fait hésiter certains de nos partenaires », ajoute Stephan Toscani.

L’Allemagne craint des « répercussions négatives »

En avril 2015, déjà, l’ambassadrice d’Allemagne, Suzanne Wasum-Rainer, n’avait pas caché ses craintes concernant une baisse du nombre de collégiens apprenant la langue allemande en France. “Ce projet de réforme risque d’affaiblir la dynamique de nos accords et projets bilatéraux. Nous craignons des répercussions négatives, tant en termes d’intérêt des élèves en France pour le Diplôme de langue allemande et l’AbiBac que vis-à-vis des jumelages, de l’Université franco-allemande, des échanges scolaires ou des programmes de l’OFAJ, l’Office franco-allemand pour la jeunesse”, expliquait-elle au site LePetitJournal.

Depuis le traité de l’Elysée (1963), la France et l’Allemagne s’engagent à « prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre d’élèves allemands apprenant la langue française, et réciproquement ». C’est dans cette optique qu’avaient été créées les classes bilangues en 2004, avec l’objectif de relancer une langue allemande boudée par les élèves français – les collégiens n’étant, en 2015, que 6,5% à choisir l’allemand en LV1, et 14,6% en LV2 en 4e.

Une classe bilangue au collège Georges Sand de Châtellerault (86), lors d’un reportage d’Arte, en mai dernier. L’un des 4 établissements sur 10 à maintenir cette année cette option dans le département de Vienne. Sur 18 classes français – allemand, il n’en reste désormais plus que 8.