Les études de genre, ces travaux « scientifiques » qui mettent en lumière la construction des inégalités entre femmes et hommes selon les rôles assignés à chaque sexe dans la société, doivent être davantage prises en compte dans les politiques publiques (éducation, aménagement urbain, santé), recommande un rapport parlementaire publié mercredi.

« Il n’y a pas de théorie du genre », a affirmé la députée Maud Olivier (PS) en présentant ce rapport d’information de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. Elle a récusé toute « idéologie » en réponse aux « polémiques stériles » alimentées par des détracteurs voulant faire croire à une volonté de nier les différences biologiques entre hommes et femmes.

L’idée de ce rapport de 280 pages est née en 2013, lorsque l’expérimentation à l’école des « ABCD de l’égalité » avait été attaquée par l’extrême droite et les anti-mariage homosexuel. Soit bien avant les récentes déclarations du pape sur un « sournois endoctrinement » des manuels scolaires.

Fruit d’auditions menées depuis mai 2016 avec une vingtaine de personnes (sociologues, chercheurs, historiens, économiste …), le rapport s’attache à montrer, « la nécessité de prendre en compte les différences de rôles assignés aux femmes et aux hommes, pour améliorer l’efficacité des politiques publiques et faire progresser l’égalité ».

Parmi 25 recommandations, il préconise de développer la formation à l’égalité des enseignants dans les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé), aujourd’hui « plus souvent une option qu’obligatoire », selon Mme Olivier.

Il conseille aussi de « mieux intégrer le genre et l’égalité femmes-hommes dans les manuels scolaires », en diligentant une mission d’évaluation des manuels, confiés à des chercheurs spécialisés, puis en sensibilisant les éditeurs.

L’éducation n’est pas le seul domaine d’action identifié. Le genre devrait ainsi être mieux pris en compte dans la santé, pour « assurer une égalité de diagnostic entre les femmes et les hommes ».

D’autres recommandations portent sur les politiques urbaines, dans le but d’améliorer le partage de l’espace public et de lutter contre les stéréotypes sexistes. L’introduction dans le code pénal d’un « délit d’agissements sexistes » est par exemple préconisé.

Il faut aussi, selon ce rapport, « élaborer les budgets nationaux et locaux en intégrant systématiquement la dimension du genre ».

Plusieurs recommandations visent à « encourager la diffusion des études de genre », assez nombreuses mais qui manquent de « reconnaissance et visibilité ».