L’anthropologue et sociologue français Georges Balandier, grand spécialiste de l’Afrique, est décédé à l’âge de 95 ans, a annoncé mercredi l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) où il a été directeur d’études, confirmant une information du Monde.
« Son décès est confirmé », a indiqué mercredi l’EHESS, sans plus de commentaires. Il est survenu mercredi, selon les informations du Monde dont il fut le collaborateur, mais les circonstances ne sont pas connues.
Auteur de dizaines d’ouvrages, cet universitaire a fait « des études africaines un pôle d’attraction dans le champ des sciences sociales », indiquait mercredi Jean-Pierre Dozon, directeur d’études à l’EHESS, dans une tribune parue dans Le Monde.
Et de citer trois ouvrages-phares: « Sociologie actuelle de l’Afrique noire » (1955), « Sociologie des Brazzavilles noires » (1955), puis « Afrique ambiguë » (1957).
Georges Balandier a inauguré au début des années 1960 la chaire de sociologie africaine à la Sorbonne. Il a également créé le Centre d’études africaines au sein de l’EHESS et a co-édité la revue panafricaine « Présence africaine ».
Né en 1920 en Haute-Saône, résistant sous l’Occupation, celui qui a mis le pied en Afrique pour la première fois en 1946 est connu pour avoir forgé, avec le démographe Alfred Sauvy, le concept de « tiers-monde ».
Après un premier séjour au Sénégal, il parcourra la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Bénin, le Congo, le Mali, le Gabon, la Mauritanie… et y tissera des liens avec les grandes figures de la décolonisation: Sékou Touré, Houphouët-Boigny, Léon M’Ba, Léopold Sedar Senghor.
« Travaillant en Afrique dans un contexte encore colonial, j’ai vite réagi contre la domination exercée par les administrations étrangères. Mais je ne suis pas arrivé là-bas avec le vade-mecum du parfait anticolonialiste », expliquait-il en 2003 dans un entretien au magazine culturel Télérama. « Mon allergie à toute forme de domination a fait le reste », soulignait-il.
Sa thèse, soutenue en 1954, portera sur les changements sociaux au Gabon et au Congo, et sa thèse complémentaire sur les « sociologie des Brazzavilles noires ».
Après une carrière universitaire bien remplie, Georges Balandier a pris sa retraite au milieu des années 1980, mais a continué à écrire.
Au cours des dernières années, il voyait dans les nouvelles technologies l’émergence de « nouveaux Nouveaux Mondes », qu’il appelait les anthropologues à explorer afin de « produire la théorie qui permette de les interpréter et peut-être de les maîtriser un peu mieux ».
« Il est temps de s’interroger vraiment sur les dématérialisations, les désincarnations, et notamment les actions sur le vivant dont on ignore ce qu’elles peuvent générer », soulignait-il en 2003.
Immédiatement après l’annonce de son décès, les réactions se sont multipliées.
« Hommage à Georges Balandier. La France perd un grand chercheur qui a aidé plusieurs générations à penser les sociétés dans leurs complexités », a réagi la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, sur son compte Twitter.
Le sociologue Michel Wieviorka a lui salué la disparition d’une « grande figure de la sociologie et des études africaines ».
Le musée du quai Branly-Jacques Chirac, où il avait été invité comme grand témoin en 2008, a également « salué la mémoire d’une personnalité majeure de la sociologie et de l’anthropologie africaine ».
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