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Une information capitale qui serait presque passée inaperçue si le Canard Enchaîné ne l’avait pas pointée du doigt : l’enseignement professionnel a perdu 3340 équivalents temps plein depuis 2012.
Cette donnée fournie par le Snuep-FSU (Syndicat national unitaire de l’enseignement professionnel), a été « confirmée » par le ministère de l’Education Nationale au journal satirique. Elle ne manque pas d’inquiéter les professeurs de lycée professionnel (PLP), puisque pour la 4e année consécutive, les effectifs augmentent dans l’enseignement professionnel, avec 528 000 élèves scolarisés dans cette voie (un tiers des lycéens français).
« Pas un seul poste prévu » pour l’enseignement pro
Pour le SNUEP, qui dénonce un « manque criant de personnels pour encadrer et dispenser des formations de qualité », les milliers de postes perdus par les lycées professionnels ont permis au ministère « de financer des mesures desquelles l’enseignement professionnel public est exclu », notamment l’Education prioritaire ou la mise en place de la pondération en Lycée d’enseignement général et technologique (LEGT).
Alors que l’Education Nationale promettait en 2012 de créer 54 000 postes, « pas un seul n’était prévu pour l’enseignement pro », selon Sigrid Gérardin, secrétaire générale du SNUEP, interrogée par le Canard Enchaîné
Une baisse des crédits pédagogiques de 30%
Le syndicat s’inquiète aussi de la baisse, depuis 2014, de 30% des crédits pédagogiques affectés au fonctionnement des lycées pros (le ministère ayant « budgétisé 2000 élèves en moins »), qui « impacte directement leur fonctionnement pédagogique, en détériorant la qualité des formations qui y sont dispensées. »
Pour le SNUEP, qui tenait le 2 septembre sa conférence de rentrée (relayée par AEF), il existe un énorme « décalage » entre le discours de Najat Vallaud-Belkacem et « la réalité » des politiques menées. Ainsi, « malgré les discours autour des 30 ans du bac professionnel« , aucune « véritable mesure n’a été prise depuis 2012, ni pour les personnels, ni pour les élèves » – et rien ne serait prévu par la ministre pour inverser la tendance.
Un « appel collectif » pour « l’avenir » des lycées professionnels
Pour « améliorer les conditions d’études et les conditions de travail des personnels », le syndicat réclame des « moyens supplémentaires ». Il appelle aussi à signer « l’appel collectif pour l’avenir des lycées professionnels », une pétition du « Collectif pour l’enseignement professionnel public », qui a déjà recueillie 1452 signatures, et qui demande au gouvernement « d’enfin considérer l’enseignement professionnel comme un investissement pour l’avenir ».
A noter que le SNUEP, que nous avions interrogé en septembre 2015 à l’occasion des 30 ans du Bac Pro, estime à 10 000 le nombre de postes de PLP supprimés en 10 ans.
Quel dommage de lire cela. Entre 4e et 3e professionnelles et bac pro, les opportunités sont pourtant réelles pour étudiants qui font le choix des filières professionnelles ou ne sont pas fait pour un cursus classique. C’est véritablement une voie à valoriser et à mettre en lumière car elle permet à de nombreux élèves de trouver la leur.