Marine Le Pen, candidate du Front national à la présidentielle, a prôné jeudi la sélection à l’université pour « créer la vraie égalité des chances », parmi diverses mesures pour inverser la « situation dramatique » de l’école de la République.

« Il faut en finir ici avec un dogme, celui de l’interdiction de la sélection » à l’université, a demandé Mme Le Pen lors d’une « convention présidentielle » consacrée à l’école et à l’enseignement supérieur à Paris, s’opposant aux « amphis bondés, aux résultats déplorables, aux années d’études perdues ».

« Il ne faut pas croire que la sélection n’existe pas, il y a la sélection cachée, la pire de toutes, par l’échec », mais aussi « la plus injuste, le tirage au sort », s’est indignée l’eurodéputée.

« La sélection à l’université va libérer les énergies, créer la vraie égalité des chances » a encore insisté Mme Le Pen.

La candidate estimait en 2012 dans son programme présidentiel que « l’honneur de l’université républicaine est d’être librement accessible à tous les titulaires du baccalauréat français, un baccalauréat plus exigeant qu’aujourd’hui. »

Interrogé par l’AFP sur cette proposition, Gilles Lebreton, eurodéputé FN et professeur à l’Université du Havre, s’est dit « pas enthousiaste ».

Celui qui conseillait Marine Le Pen sur ces questions en 2012 préfèrerait « revaloriser le bac » et souligne que cette sélection sera instaurée « à titre provisoire » et qu’elle ne sera « pas si sévère que ça », visant plutôt à « mieux orienter ».

Mme Le Pen a par ailleurs dénoncé « les bombes à retardement » que constituent selon elles les précédentes réformes dans le domaine éducatif. Comme en 2012, elle s’en est prise vertement aux « dogmes pédagogistes », leur préférant le « bon sens » des enseignants « sur le terrain ».

Elle a proposé pour le primaire et le secondaire deux premières réformes : « 50% du temps d’enseignement doit être consacré à l’apprentissage du français en primaire » et la suppression du collège unique.

Assurant que l’école ne doit pas être « un lieu d’expérimentation permanente », elle a plaidé pour « des principes moins innovants, moins créatifs, moins branchés, mais plus stables, plus sûrs. »

Marine Le Pen recevait « cent propositions » élaborées par deux collectifs frontistes, « Marianne » (étudiants) et « Racine » (enseignants) dans lesquelles elle piochera à sa guise pour son projet présidentiel.

Ces propositions semblaient dans leurs grands axes similaires à ce qui avait été déjà formulé en 2012.

Les deux collectifs ont dévoilé dans la soirée leurs cent propositions, dont la scolarité obligatoire à cinq ans; la méthode syllabique privilégiée; « enseignement chronologique de l’histoire, pour l’essentiel celle de la France, faisant toute sa place au roman national » ; une « grande concertation nationale sur les rythmes scolaires », l’abrogation de la réforme du collège.

Les collectifs souhaitent aussi la suppression du dispositif d’enseignement des langues et culture d’origine ; un bac aux exigences relevées ; le « contrôle de l’accueil des étudiants étrangers pour éviter qu’il alimente l’immigration clandestine » ; plus de bourses sur critères sociaux et au mérite ; « l’interdiction du port des signes religieux » pour les accompagnants scolaires; le port de l’uniforme notamment au primaire ; une réglementation du rôle des syndicats ; une politique d’éducation prioritaire « refondée » ; étendre à l’université la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles.