« Je ne peux plus digérer toute la misère du monde »: le maire DVD de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) a justifié mardi son refus de scolariser un enfant Rom par l’ampleur des problèmes auxquels sa commune est déjà confrontée, demandant à l’Etat d’assumer ses responsabilités.
Depuis mai, en infraction avec la loi, la ville de Saint-Ouen refuse de scolariser un enfant Rom de 8 ans qui était pris en charge par l’association Aset 93 (Aide à la scolarisation des enfants tziganes).
« On ne scolarise que les enfants qu’on estime prêts à suivre une bonne scolarité. Cet enfant l’était, comme une vingtaine d’autres », déplore Andréa Caizzi, son président.
L’Aset 93, qui dispense des cours dans trois camions-école et accompagne individuellement les familles dans leurs démarches de scolarisation, a saisi le Défenseur des droits au début de l’été sur le cas de cet enfant.
« Deux courriers ont été envoyés au maire » mais sont restés pour l’heure sans réponse, a indiqué une porte-parole, précisant que plusieurs enfants étaient concernés.
« Je ne suis pas à l’aise avec cette décision sur le plan moral mais je l’assume », s’est défendu auprès de l’AFP William Delannoy, le maire de cette ville de banlieue de 52.000 habitants.
« J’ai hérité d’une ville surendettée, ce qui m’a obligé à augmenter les impôts de 45%, j’ai 70% de la population qui ne paie pas l’impôt sur le revenu, 4.500 demandeurs de logement social, des écoles surchargées: je ne peux plus digérer toute la misère du monde! », affirme le maire.
Autre argument: le campement Rom où vit cet enfant est situé sur un terrain appartenant à la SNCF où doivent être construits, à la demande de l’Etat, 4.000 logements, la ZAC des Docks.
En 2013, un millier de Roms qui s’étaient déjà installés à cet endroit avaient été expulsés, mais la SNCF n’ayant pas fait garder le terrain, un nouveau campement a surgi en 2015, selon le maire. Il doit être démantelé à partir du 14 octobre sur décision de justice.
L’échéance approchant, « les associations font du forcing pour mettre les enfants dans les écoles », juge le maire, qui en appelle à l’Etat pour résoudre le problème.
Pour Marion Fillonneau de Romeurope, les refus de scolarisation sont légion, mais ils sont rarement aussi « assumés ».
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