Des milliers de lycéens vêtus de blanc ont défilé dans le calme, vendredi entre Pointe-à-Pitre et les Abymes, aux abords du lycée Chevalier de Saint Georges, en hommage à Yoan, adolescent de 15 ans tué à l’arme blanche, mardi après-midi, après les cours.
Les différents cortèges, réunissant les élèves de cinq lycées de la zone où a eu lieu le drame, sont partis vers 8h30 pour effectuer une boucle d’environ 3 kilomètres, traversant le pont au bout duquel Yoan a perdu la vie.
Sur les lieux avaient été déployés des draps blancs sur un grillage et apposé l’inscription « RIP Yoan mort pour son portable ». Plusieurs gerbes de fleurs ont été déposées, ainsi que des bougies et des téléphones portables.
D’après des témoignages diffusés dans les médias locaux, l’agresseur présumé de Yoan, un adolescent interpellé jeudi et toujours en garde à vue, aurait voulu lui dérober son téléphone.
Les lycéens ont défilé dans le calme, sous la direction de leurs professeurs et responsables d’établissements.
« Violence Awa! (NDLR : « Non à la violence » en créole). On ne pouvait pas ne rien faire, il faut tout mettre en oeuvre » , a résumé Rosy Guayroso, proviseur du lycée Jardin d’Essai. Son homologue du lycée Chevalier de Saint-George, Jean Dartron, a dénoncé « cette violence devenue endogène, c’est devenu l’ordinaire on ne peut pas l’accepter ».
Le recteur Camille Galap a « salué l’esprit qui règne dans cette manifestation silencieuse, les élèves sont exemplaires » et souligné le caractère « purement scolaire » de la marche, « sans récupération, ils y tenaient beaucoup ».
Timothée, 17 ans, élève de terminale en bac pro, ne fait pas partie des élèves issus des cinq établissements mobilisés : avec quatre camarades, il a demandé une permission spéciale au proviseur de son lycée de Morne à l’Eau, dans le nord de la Grande Terre. « On est venu dire non, c’est un quotidien qu’on n’est pas censé avoir ici. (…). Tout ça on ne peut pas le tolérer ici, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».
De la même façon,Valentin, 17 ans, élève au lycée de la Persévérance, aux Abymes, a dit avoir « un petit espoir que ça s’arrange ». Il demande de « ne pas généraliser, car toute la jeunesse guadeloupéenne n’est pas violente et se mobilise pour le montrer aujourd’hui ».
A ses côtés, Prisselda, 16 ans, pense qu' »il y aura toujours de la violence en Guadeloupe, c’est le résultat de l’éducation, des difficultés économiques, des familles monoparentales avec des mamans dépassées mais on montre qu’on est tous unis ».
Certains parents ont aussi fait le déplacement, comme Giselaine, 65 ans, grand-mère de 11 petits enfants « venue pour eux », et de Reine, 49 ans, sa petite-fille d’un an dans les bras : « j’ai deux garçons au lycée de Baimbridge, je veux être avec eux, on doit parler aux enfants, tout le monde doit être présent. Mon coeur bat tout le temps quand ils vont à l’école. », dit-elle.
Un peu plus loin, trois amies scolarisées au lycée Jardin d’Essai, Emma, Marie et Albane, 15 ans, disent en choeur avoir « peur » car « il y a beaucoup de racket ». Elles ne sont là pour « se révolter » mais pour « montrer qu’on n’a pas peur ».
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