Le meurtrier présumé d’un lycéen de 15 ans, agressé mardi aux Abymes en Guadeloupe alors qu’il venait de quitter son lycée, a été interpellé jeudi à Saint-François (ouest de l’île), a-t-on appris auprès du procureur.

Le meurtrier présumé, un mineur lui aussi, avait été identifié assez rapidement après le drame survenu mardi en fin d’après-midi. Il a été interpellé à 10H40 par la police judiciaire, à Saint-François, au domicile de l’une de ses soeurs. Il n’a pas opposé de résistance, a précisé le procureur à l’AFP.

Selon Radio Caraïbes international (RCI), le jeune homme s’apprêtait à tenter de quitter la Guadeloupe pour rejoindre l’île de la Dominique, dans les Caraïbes, dont il est originaire. Il a été placé en garde à vue dans les locaux de la direction interrégionale de la police judiciaire.

Un avis de recherche diffusé en interne aux forces de l’ordre, présentant la photo et des informations de ce jeune homme de 15 ans, avait rapidement fuité sur les réseaux sociaux après le drame, souvent accompagné de messages haineux.

Une enquête a été ouverte à l’Inspection générale de la police nationale pour déterminer dans quelles circonstances ce document interne a pu se retrouver sur les réseaux sociaux.

« C’est déplorable, c’est inadmissible », a dit le procureur Xavier Bonhomme en conférence de presse mercredi au sujet de la fuite de ce document sur les réseaux sociaux. Le suspect, suivi en assistance éducative, n’a jamais été condamné mais est connu pour des affaires d’atteinte aux biens.

Mardi, Yohann, un élève de seconde du lycée Chevalier de Saint-Georges situé aux Abymes avait terminé ses cours quand il a été agressé de plusieurs coups avec une arme blanche à l’arrêt de bus vers 17h15, par un ou des agresseurs qui cherchaient a priori à lui dérober son téléphone portable.

Une information judiciaire a été ouverte pour « homicide volontaire, précédé, suivi ou accompagné d’un autre crime, à savoir une tentative de vol avec arme ». L’autopsie de la jeune victime devait avoir lieu jeudi.

Cette agression mortelle a provoqué une vive émotion en Guadeloupe, confrontée à une forte hausse des actes de violences.

Le gouvernement a annoncé mercredi l’envoi de « quatre pelotons de gendarmerie mobile supplémentaires, soit 70 gendarmes », qui arriveront « dans les tout prochains jours » en Guadeloupe. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve se rendra par ailleurs « en Guadeloupe du 1er au 3 octobre ».

Ce drame est intervenu alors que le gouvernement a présenté fin juin un plan sécurité outre-mer, prévoyant déjà des renfort d’effectifs pour les forces de l’ordre (en 2016, 433 policiers et gendarmes doivent rejoindre les territoires d’Outre-mer et, entre 2017 et 2019, la gendarmerie ultramarine bénéficiera de 300 effectifs supplémentaires).

La Guadeloupe connaît une très forte progression (+84%) depuis 2015 des homicides et des tentatives d’homicides (de 57 faits à 105), soit « environ deux meurtres ou tentatives par semaine », avait dit l’ancienne ministre des Outre-mer George Pau-Langevin.