La réforme du collège, mise en place à la rentrée, a mal débuté : 66 % des parents ignorent toujours comment seront organisés les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), selon la PEEP. Ainsi, déplore Valérie Marty, présidente de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, les familles sont « les dernières informées » et « le minimum, les rassurer », n’a pas été fait.

Du côté des enseignants, ce n’est guère mieux. Lors de la conférence de rentrée du SNES-Fsu, Frédérique Rolet, secrétaire générale du syndicat, avait parlé du « flou qui plane », et même « d’énormément d’incertitudes » autour de la réforme du collège, en raison d’une « préparation insuffisante », notamment en ce qui concerne la mise en place concrète des EPI, de l’AP (accompagnement personnalisé) et du parcours citoyen.

Pour Frédérique Rolet, il faudra dans les mois qui viennent « s’attendre à des situations très disparates » dans les établissements. Ainsi, l’AP et les EPI, des « dispositifs mal ficelés et mal pilotés » devraient être « reconduits là où ils existaient de près ou de loin », mais seront aussi probablement « tentés ailleurs sous la pression hiérarchique et sans grand contenu », quand ils ne seront pas « seulement affichés ».

Une grève de rentrée peu suivie

La « grève de rentrée » du 8 septembre, à laquelle avait appelé le syndicat pour protester contre la réforme du collège, a au final été très peu suivie, avec seulement 4,6% de participation dans les collèges.

Pour le SE-Unsa, la raison est simple : « les enseignants sont des professionnels, une fois que la rentrée commencent, ils assument leurs responsabilités ». Lors de sa propre conférence de rentrée, Christian Chevalier, son secrétaire général, avait volontiers prophétisé : « cette rentrée ne sera pas chaotique, elle se mettra en place, et il y aura très peu de réfractaires ».

« Des cours que nous n’arrivons pas à comprendre »

Il y a 6 mois, 60 % des enseignants se disaient « inquiets » concernant la mise en place des EPI pour la rentrée 2016. La situation a-t-elle changée, deux semaines après la rentrée ? Rien n’est moins sûr. Dans La Voix du Nord, une prof de latin d’un collège d’Armentières confie « appliquer la réforme », mais rester circonspecte. « Ce que j’appréhendais le plus pour cette rentrée, ce sont les EPI. J’interviens maintenant dans les cours des collègues de français, histoire-géo et langues vivantes », explique-t-elle.

« Le problème, c’est que ces cours ne remplacent pas les nôtres et ils ne s’intègrent dans aucun programme », explique encore l’enseignante… avant de conclure : « c’est compliqué de donner des cours que nous-mêmes n’arrivons pas à comprendre. »