Vincent Parbelle

Vincent Parbelle

En cette rentrée 2016, comment accueillez-vous la réforme du collège ?

La réforme du collège est un bouleversement pour les collègues de toutes les disciplines. Le fait de modifier simultanément la structure et les programmes est en soi déjà très lourd, mais la volonté incompréhensible de mettre en œuvre ces changements sur tous les niveaux à la fois (alors qu’habituellement les réformes prenaient effet niveau après niveau) rend cette rentrée très difficile pour les enseignants.

Concrètement, quels sont les changements importants qui touchent aujourd’hui votre discipline ?

Tout d’abord le retour de la physique-chimie en classe de sixième. Nous nous en réjouissons car nous retrouvons une continuité entre les enseignements de sciences au primaire et au collège. Mais c’est un défi pour les enseignants car la physique-chimie fait maintenant partie d’un bloc de 4 heures intitulé Sciences et technologie qui doit être assuré par les professeurs de physique-chimie, SVT et technologie. Chaque collège est responsable de l’organisation de ces 4 heures et les modalités de répartition choisies peuvent être très diverses.

En cycle 4 (5e-4e-3e), les disciplines conservent leurs individualités, mais une partie de l’horaire doit être réservé aux Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Là encore, c’est aux équipes locales de l’organiser. Les propositions de thèmes pour réaliser ces EPI sont encore peu nombreuses et, pour la plupart, assez caricaturales, que ce soit sur les sites ministériels ou dans les nouveau manuels.

En tant que président de l’UdPPC, avez-vous des conseils à donner aux élèves et aux professeurs pour bien démarrer une année scolaire en physique-chimie ?

Ce serait présomptueux de ma part. Je ne peux qu’encourager les professeurs à dialoguer avec leurs collègues, en particulier entre professeurs de sciences et de technologie qui auront à intervenir sur un programme unifié en sixième. Notre revue, Le Bup, a déjà publié quelques articles pour les accompagner dans la mise en place de ces réformes. Notre site regroupe également un certain nombre de ressources pour aider les collègues à organiser leur travail et pour mutualiser les propositions d’EPI.

examen bac brevet

© Drivepix – Fotolia.com

La physique-chimie est, depuis cette rentrée, une nouvelle épreuve au brevet des collèges. Comment se déroule-t-elle et qu’en pensez-vous ?

Il s’agit d’une épreuve d’une heure qui portera sur 2 des 3 disciplines (choix connu chaque année début mai) et qui évaluera, entre autres, les capacités des élèves à mener une réflexion scientifique à partir de documents et à confronter les points de vue de disciplines différentes sur un même problème. Nous nous réjouissons que les sciences soient présentes au brevet, même si nous aurions préféré une épreuve un peu plus longue pour permettre d’évaluer les trois disciplines. Nous avons demandé au ministère des consignes précises pour les deux années transitoires, puisque les élèves qui sont actuellement en 3e n’ont pas suivi les nouveaux programmes en 5e et en 4e.

Qu’en est-il de la physique-chimie au lycée ?

Il n’y a pas de changement cette année au lycée. À la rentrée 2017 devrait avoir lieu un toilettage du programme de seconde générale et technologique pour tenir compte des conséquences de la réforme du collège. Une enquête à ce sujet est en cours auprès de nos collègues. Pour la série S, l’UdPPC dénonce depuis longtemps les horaires et les programmes actuels. Avec les collègues du supérieur, nous avons d’ailleurs rédigé un certain nombre de propositions de contenus rénovés pour lesquelles nous avons obtenu le soutien de 40 académiciens. Pour les séries technologiques, nous souhaitons une amélioration du processus d’orientation des élèves : ces séries sont devenues plus généralistes et l’information passe mal en 3e et en 2nde. La conséquence est que les élèves présents en STL ou en STI2D ne sont pas forcément ceux à qui cette filière est le mieux adaptée.

Enfin, plutôt satisfait ou insatisfait des résultats en physique-chimie au baccalauréat 2016 ?

Le sujet sorti cette année en métropole en série S est bien plus satisfaisant que celui de 2015. Il faut toutefois reconnaître que la moyenne obtenue à l’épreuve l’a été grâce à un barème qui valorisait exagérément les questions les plus faciles. Avec un horaire de 1re S correct et des programmes plus cohérents, il ne serait pas nécessaire de procéder de la sorte et les corrections se dérouleraient dans la sérénité.

Un mot également sur l’évaluation des compétences expérimentales (ECE) dont la presse s’est fait l’écho en juin : depuis deux ans, le développement des réseaux sociaux avait permis aux candidats de mettre en ligne certains commentaires dès leur sortie de l’épreuve. Pour éviter que les derniers à passer puissent être favorisés par ces informations, nous avons demandé à ce que cette épreuve se déroule au niveau national sur une période plus restreinte avec des sujets renouvelés chaque jour.