
Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN.
A l’occasion de sa conférence de rentrée, le SNPDEN pointe du doigt « des questions restées sans réponse ». Le syndicat des personnels de direction s’inquiète d’abord quant à la sécurité des établissements.
« Les personnels de direction sont irrités par la question des attroupements devant les collèges et lycées », indique Philippe Tournier, secrétaire général. « Quand ils partent fumer, les élèves se regroupent à l’entrée, souvent coincés entre plusieurs barrières », déplore-t-il. Le SNPDEN demande la mise en place d’une « dérogation à la Loi Evin, pendant l’Etat d’Urgence ». Il « saisira les parlementaires pour une proposition de loi », qui accepterait la création de « zones fumeurs ».
Des « personnels d’accueil formés à la sécurité »

Transport scolaire dans le département de l’Eure / ArnoD27 / Licence CC Wikimédia
Le SNPDEN critique aussi l’argument du ministère selon lequel les établissements scolaires étant « des lieux privés et non publics », il n’y aurait pas lieu d’y employer des personnels de sécurité. Pour P. Tournier, les collèges et lycées « ne peuvent plus fonctionner avec des agents d’accueil et d’entretien qui n’ont jamais été formés à la sécurité« .
Pour le secrétaire général du SNPDEN, pas question de « faire venir des vigiles ou des gardes armés », mais plutôt d’employer à l’entrée des établissements « des agents d’accueil formés à la sécurité, dont c’est la spécialité ». Selon lui, « si rien n’est fait, les établissements vont se fermer, multiplier les grilles et les caméras, interdire l’entrée des parents… jusqu’à devenir des forteresses ».
Réforme du collège : « la faillite de la culture de la réforme »
Le SNPDEN, qui a interrogé des enseignants et des chefs d’établissement au moment de la rentrée, constate que la réforme du collège « se met en place sans problèmes », malgré « la subsistance de fortes réticences chez les professeurs ». Mais pour le syndicat, le plus important est ailleurs : « Il y a eu des réactions extrêmement violentes contre cette réforme. En fait, la révolte des enseignants visait surtout la méthode utilisée par gouvernement pour la mettre en place ».
Philippe Tournier décrit « la faillite de la réforme classique de l’Education Nationale, où l’on décide en haut, avant de faire appliquer par le bas de la pyramide ». Pour le secrétaire général du SNPDEN, « il faut arrêter de traiter les enseignants comme des enfants », mais « être attentif à leurs idées », et « passer de la culture de la réforme à celle du changement ».
Selon Philippe Tournier, « c’est la crise d’une méthode de transformation », où une institution « qui n’a pas confiance en ses personnels », considère « les profs comme des exécutants, alors que tout repose sur eux ». Pour le secrétaire général, « il y a une réflexion à mener sur la gouvernance du système éducatif ». Le SNPDEN prône notamment une plus grande autonomie des établissements, à travers leurs conseils d’administrations, « que l’on a trop longtemps cherché à contrer dans le cadre des réformes éducatives de ces 30 dernières années ».
#collège2016 La crise ultime d’une méthode qui a montré son inefficacité ?
— SNPDEN (@snpden) 8 septembre 2016
« L’enfer pavé de bonnes intentions »
Enfin, le SNPDEN dénonce « toute une série de dispositions qui ont créé, inutilement, des difficultés », des « décisions idéologiques précipitées et sans étude d’impact ».
A commencer par un décret qui a instauré cet été, une pause déjeuner « d’une heure et demi minimum » au collège. « Allonger la pause méridienne, c’est très bien, mais où sont les moyens et les personnels nécessaires pour encadrer les élèves ? », interroge P. Tournier. « Sans encadrement, les collégiens auront juste une récréation plus longue, qui rappelons-le est le terreau du harcèlement scolaire« .
Le syndicat déplore aussi la « mise en place, sans concertation », du décret de 2014 instaurant la fin du redoublement, qui « pose des problèmes, notamment en Seconde générale et technologique ». Ainsi, Philippe Tournier décrit-il le conseil de classe d’un lycée « où l’on se penchait sur le cas d’un élève ayant émis le vœu de rejoindre une Première ES, et où les enseignants n’ont pas proposé de redoublement, mais un passage en STMG… une filière en passe d’être engorgée par des élèves qui sont en fait des doublants ». Selon le secrétaire général du SNPDEN, « il s’agit typiquement d’une mesure positive sur le fonds, mais appliquée d’une façon trop brutale ».
Reste la question du droit au redoublement dans leur établissement des élèves de Terminale ayant raté leur Bac, mis en place par un décret de 2015 – « une réforme positive, qui se transforme en pataquès, faute de dialogues et d’accompagnement », pour le syndicat. « Cette mesure, mise en place dans le flou le plus total, va favoriser les doublants, au détriment de ceux qui ‘montent’ de Première, et qui ont le malheur de déménager », précise P. Tournier. Selon lui, « dans plusieurs académies », des « classes ont été créées en catastrophes pour accueillir les doublants ». Des « classes de doublants ».
Comment ruiner dix ans de promotion des séries technologiques : tu vas en techno ou tu doubles ! On engorge les classes d’eleves sans projet
— SNPDEN (@snpden) 8 septembre 2016
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