Conférence de rentrée du Sgen-CFDT, le 6/9/16.

Conférence de rentrée du Sgen-CFDT, le 6/9/16.

« La Refondation de l’Ecole ne sera pas complète, tant que l’on ne se sera pas occupé du lycée », a lancé le Sgen-CFDT lors de sa conférence de rentrée. Pour le syndicat, il faut d’abord « changer le Bac pour sauver le lycée » (qui fera bientôt face à une explosion des effectifs d’élèves), et le relier davantage au Supérieur.

Depuis plus de 20 ans, l’organisation prône la mise en place d’un lycée « modulaire », avec un « cursus polyvalent et diversifié », visant à créer une « spécialisation progressive et réversible ». L’idée : créer un cursus qui s’appuierait sur des modules, dont la durée « serait adaptée aux besoins de chacun ».

Les « 3 voies de formation du lycée », que sont les filières S, ES et L disparaîtraient, au profit « d’unités de formations », organisées « en fonction des besoins des élèves », et intégrant des temps « à effectifs réduits », dans l’optique de « parcours individualisés » et d’un « accompagnement personnalisé ». La formation offerte privilégierait en outre « l’acquisition de connaissances et de compétences transférables ».

Un bac « désérialisé », avant un « lycée modulaire »

Mais avant de mettre en place un tel « cursus modulaire », le Sgen-CFDT plaide pour une réforme du Baccalauréat. Ainsi, pour le syndicat, « le Bac actuel n’a plus de sens » et constitue « davantage une barrière, servant à filtrer les sorties du secondaire, qu’une passerelle vers le supérieur ». Cet examen serait « contre-productif », en « imposant les contenus des parcours scolaires », et en « immobilisant la capacité d’organiser les enseignements au lycée ».

baccalauréat

© Tom Wang – Fotolia

Premier diplôme de l’enseignement supérieur, « le Bac reste conçu comme un examen terminal de la scolarité secondaire, de récapitulation des connaissances », déplore Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen. Pour lui, le Bac doit « devenir une évaluation des connaissances et des compétences nécessaires pour le projet de poursuite d’étude de l’élève », en vue d’une « meilleure orientation », et « d’une insertion professionnelle ».

Face à une « élévation du niveau de qualification », le Bac « devrait pointer des compétences, et pas seulement des savoirs académiques », ajoute Frédéric Sève. Le Sgen propose la mise en place d’un « Bac désérialisé », qui ne serait plus construit autour des séries actuelles (S, L, ES, STG…), mais qui constituerait « une sorte de grille de lecture de la scolarité de l’élève », avec une « mécanique proche » de celle du Socle Commun.

Le Bac, « un passeport pour le supérieur »

Pour le Sgen, le Bac doit « devenir un passeport pour entrer dans le supérieur », en étant considéré non plus comme un examen, mais comme un « diplôme universitaire » : pour « avoir du sens pour le supérieur », il doit « redevenir le premier grade universitaire, et permettre de créer un parcours « BacLicenceMasterDoctorat » (BLMD) « cohérent ». L’idée du syndicat est ainsi d’en finir avec le Bac sous sa forme actuelle : « nous n’avons pas besoin d’un examen final », indique Frédéric Sève, qui propose de « passer au contrôle continu intégral », afin de « certifier les compétences ».

baccalauréat

© Igor Mojzes – Fotolia

Le Bac serait « modularisé » tout en étant « disjoint » de l’organisation de l’enseignement, sur laquelle il ne « pèserait plus ». Il serait en outre « construit sur-mesure pour l’élève » (pour « valider les acquis en fonction d’un projet d’orientation »), avec un « accompagnement personnalisé digne de ce nom ». Le Sgen propose de créer un « CPA », ou « compte personnel d’accompagnement », avec un certain nombre d’heures au départ, et « abondé selon les besoins de l’élève ».

Pour que l’élève « progresse à un rythme suffisant et qu’il ne soit pas privé des compétences qui déterminent l’accès à la suite de son cursus », le Sgen propose « d’accompagner la classe par d’autres types d’actions », comme le « tutorat de groupe et le suivi », pour « comprendre les difficultés de l’élève » et « élaborer des stratégies de remédiation ». Enfin, il prône le développement « d’échanges de services » entre les enseignants des lycées et des universités.

L’exemple des Cégeps au Québec

Secrétaire national du Sgen-CFDT, chargé des questions liées à la politique d’éducation et de formation, Alexis Torchet précise que les propositions du syndicat s’inspirent beaucoup de « l’exemple de la structuration » des « Cégeps » (Collèges d’enseignement général et professionnel) au Québec.

Depuis 1967, ces « établissements d’enseignement supérieur publics » offrent des programmes d’études pré-universitaires, sanctionnés par le « diplôme d’études collégiales » (DEC). « Dans les Cégeps, on a un enseignement modulaire, et un diplôme terminal qui se construit au fur et à mesure du parcours », indique Alexis Torchet. « Installés dans le paysage » québécois, les Cégeps offrent « des choix de parcours, un accompagnement à ces choix de parcours », et un diplôme de fin d’études secondaires « coloré, qui aiguille les lycéens vers un parcours universitaire », remarque-t-il.