Une trentaine de jeunes migrants ont tenu une classe en plein air jeudi sur le parvis de l’Hôtel de ville à Paris, pour alerter sur la situation des mineurs isolés étrangers et demander qu’ils soient mieux scolarisés.

« Qu’est-ce qui fait partie de la République? » demande d’un ton professoral un bénévole, en montrant un tableau blanc à un groupe de jeunes hommes, Soudanais ou Erythréens notamment, assis à même le sol.

Le groupe, où beaucoup ne parlent pas français, ne répond pas. Mais en ce jour de rentrée scolaire, le but des associations est surtout de sensibiliser le grand public au sort des jeunes migrants « privés de leur droit à la scolarité » et de demander « scolarisation pour tous et mise à l’abri immédiate ».

Lorsqu’ils arrivent à Paris, ces mineurs « sont censés être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) » mais « plus de 80% d’entre eux sont refusés sur de simples doutes concernant leur minorité », estime dans un communiqué ce collectif comptant notamment l’ADJIE (Accompagnement et défense des jeunes isolés étrangers) et le BAAM (Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants).

« Mon dossier a été refusé, ils ne croient pas que j’ai 15 ans », raconte Ibrahim, arrivé en juin de Guinée-Conakry. Il a contesté cette décision et attend la décision de la justice. En attendant « je dors où je peux », explique-t-il.

Près de lui, Mohamed, t-shirt du PSG sur le dos et bracelet tricolore au poignet, bafouille par le biais d’un interprète combien il veut être scolarisé.

« Une fois on leur dit qu’ils ne sont pas isolés, une autre qu’ils ne sont pas mineurs pour refuser de les prendre en charge », s’insurge Agathe Nadimi, une bénévole, qui dénonce une logique de « suspicion » et « un délit de faciès ».

Des affirmations contestées par Dominique Versini, ajointe à la protection de l’enfance à la mairie de Paris. « S’il y a un mineur vraiment mineur, il suffit qu’on me l’amène il sera mis à l’abri immédiatement », assure-t-elle, en rappelant que 1.500 mineurs isolés étrangers sont pris en charge à Paris pour un budget annuel de 90 millions d’euros.

Mais « 80% des jeunes qui se disent mineurs sont en réalité des jeunes majeurs et c’est confirmé dans la plupart des cas par le juge », ajoute-t-elle, en rappelant qu’à Paris la jurisprudence « est de prendre la fourchette basse » de l’évaluation.