Minée par le non-remplacement chronique de ses professeurs absents, la Seine-Saint-Denis est le département français qui obtient pour cette rentrée le plus de nouveaux postes d’enseignants en maternelles, écoles élémentaires et collèges, ont annoncé mercredi les services de l’Education nationale.

Le département va bénéficier de l’essentiel des créations de postes attribuées à l’académie de Créteil, la mieux dotée de France cette année, a annoncé la rectrice Béatrice Gille lors d’une conférence de presse.

L’académie, qui supervise aussi le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, concentre l’essentiel de ses moyens supplémentaires sur la Seine-Saint-Denis: le département accueille 503 des 650 nouveaux instituteurs prévus dans les maternelles et écoles primaires, et 122 des 157 professeurs supplémentaires dévolus aux collèges – les chiffres départementaux pour les lycées ne sont pas disponibles.

« Cette dotation permet une approche qualitative de la rentrée et d’assurer une rentrée allant au-delà du simple accompagnement de la montée démographique » dans les salles de classes du département, a estimé le directeur académique de Seine-Saint-Denis Christian Wassenberg.

Malgré les élèves de plus en plus nombreux sur ses bancs, le département traîne une mauvaise réputation et peine à attirer des enseignants. Au point que l’académie de Créteil, qui le gère, a mis en place depuis deux ans un concours exceptionnel, en plus du concours classique, pour doper le recrutement des instituteurs.

Le dispositif semble porter ses fruits. Avec 1.500 admis entre les deux concours, « nous avons recruté tous les professeurs des écoles que nous souhaitions recruter » cette année, a souligné Mme Gille.

Les écoles maternelles et élémentaires de Seine-Saint-Denis, les plus gravement touchées par le non-remplacement des absences, reçoivent 110 nouveaux postes de remplaçants pour pallier au problème. Le reste des créations de postes – environ 400 – servira à absorber la poussée démographique du département, à grossir le vivier de maîtres formateurs – qui accompagnent les instituteurs stagiaires, nouvellement admis au concours – et à renforcer de nombreux dispositifs dans les établissements situés en zone d’éducation prioritaire, a précisé M. Wassenberg.

Vingt classes pour les moins de trois ans vont par exemple être ouvertes, et 114 écoles auront un maître qui, au lieu d’avoir une classe au quotidien, se consacrera spécifiquement à l’encadrement et au soutien des élèves.

Les parents d’élèves restent toutefois inquiets.

« Les rentrées se passent bien en effectifs depuis deux ans, mais au fil des mois, les absences non remplacées refont surface et ne permettent pas d’avoir une éducation normale », remarque Rodrigo Arenas, président de la FCPE 93.

L’an dernier, l’organisation de parents d’élèves avait comptabilisé en cours d’année 400 classes de primaire sans instituteur chaque jour.

Mais cette année, l’académie « a fait tout ce qu’elle pouvait » et a anticipé « pour l’ensemble de l’année, pour l’ensemble du remplacement », a assuré la rectrice.