Jean-Paul Thuillier

Jean-Paul Thuillier

Pouvez-vous nous parler brièvement du sport dans l’Antiquité ?

Le sport n’est pas né dans l’Antiquité. Des images de sport existaient déjà dans la civilisation égyptienne et la civilisation sumérienne au 3ème millénaire avant notre ère. Mais c’est surtout avec la Grèce antique que les choses se développent et que les Jeux Olympiques ont été créés (776 avant notre ère). Cet évènement, aussi bien religieux que sportif, était le plus grand rassemblement de toutes les cités de la Grèce antique. Il était composé de plusieurs compétitions aussi bien hippiques qu’athlétiques. Il faut aussi rappeler que le terme « sport » n’était pas utilisé par les anciens, il n’est apparu qu’au 19ème siècle.

Pourtant, nous avons tendance à penser que la Grèce a donné naissance au sport…

C’est vrai que nous avons souvent tendance à faire de la Grèce le berceau du sport. Mais en réalité, les gens ont toujours plus ou moins fait du sport. Dans le monde sumérien et dans la civilisation égyptienne, il y avait déjà beaucoup de représentations sportives. Nous avons en effet recueilli des peintures datant de 2.500 avant notre ère sur lesquelles étaient représentées des scènes de lutte et de boxe. Ainsi, d’une certaine façon, le sport existait déjà avant la Grèce mais les Jeux Olympiques et leur renouvellement dans le monde contemporain ont indéniablement renforcé l’idée que la Grèce est à l’origine du sport. Mais historiquement, c’est faux !

Auteur : Vic

Auteur : Vic

Justement, les Jeux Olympiques d’été démarrent à partir du 5 août 2016. Quelles sont les évolutions de cet événement avec le temps ?

Lors des Jeux Olympiques de l’Antiquité en Grèce, on pouvait facilement reconnaître un athlète à sa nudité. Que ce soit pour l’entraînement ou les compétitions, les athlètes étaient toujours nus car ils devaient refléter l’idéal d’un équilibre harmonieux entre le corps et l’esprit. Aujourd’hui, ce n’est bien sûr pas le cas.
Mais l’évolution la plus frappante avec le temps est l’augmentation du nombre de sports et en particulier dans les sports collectifs (basket, handball, etc). A l’inverse, dans l’Antiquité, c’était plutôt l’exploit individuel qui était mis en avant.

Des différences sont aussi à noter pour les récompenses. Aux Jeux Olympiques modernes, en plus d’un gain financier, les trois premiers reçoivent respectivement une médaille d’or, d’argent et de bronze. En revanche, à l’époque de la Grèce antique, il n’y avait qu’un seul vainqueur par discipline et il ne recevait qu’une couronne de feuillage. S’ils ne bénéficient d’aucune rétribution financière, les vainqueurs d’Olympie devenaient d’importants dignitaires dans leur cité d’origine où ils pouvaient obtenir plusieurs avantages comme par exemple exercer des fonctions politiques. Le vainqueur avait aussi le droit de faire ériger sa statue afin de montrer sa célébrité.

Auteur : Soloviova Liudmyla

Auteur : Soloviova Liudmyla

A l’inverse, y-a-t-il des similitudes entre le sport dans l’Antiquité et le sport dans le monde contemporain ?

Oui, il y a la même volonté de gagner ! Que ce soit pour les Grecs dans l’Antiquité ou à notre époque actuelle, battre ses adversaires et devenir champion est quelque chose d’essentiel pour les athlètes. Ainsi, sur la volonté de la victoire, nous sommes exactement dans le même registre.
Il y a également l’enthousiasme des populations face à ce grand événement sportif. Les Jeux Olympiques ont toujours attiré énormément de monde hier comme aujourd’hui ! Bien que dans le monde grec, il n’y ait pas eu de compétitions entre nations mais uniquement entre cités, l’événement pouvait rassembler près de 50.000 spectateurs, un chiffre important par rapport à la population générale.

Lorsqu’on parle de sport antique, on pense immédiatement à la Grèce car les Romains n’ont pas l’image d’un peuple sportif. Nous trompons-nous ?

Oui, bien sûr, nous nous trompons ! Mais c’est un peu de la faute des Romains car ils n’ont pas voulu se donner une image de sportifs alors qu’ils pratiquaient de nombreux sports. D’ailleurs les Romains ont connu et presque inventé le sport-spectacle comme les jeux du cirque et en particulier les courses de chars. A Rome, le grand cirque, dans lequel se déroulaient principalement les courses de chars, pouvait accueillir 150.000 spectateurs. C’était un sport très apprécié par la population. Nous pouvons même comparer les courses de chars à notre football contemporain : de très grands stades, une passion planétaire, des factions ou couleurs semblables à nos grands clubs professionnels et de véritables stars !