
Florence Robine, DGESCO, lors du congrès sur la classe inversée : “à quand des établissements inversés ?”
Pour sa deuxième édition, le CLIC, congrès francophone sur la classe inversée, a rassemblé une centaine d’intervenants, pour 60 activités proposées. Au total, 800 participants ont assisté à cette suite de conférences, retours d’expériences et ateliers, soit 4 fois plus que l’année dernière.
Lors de l’ouverture de cet événement, organisé par Inversons la Classe du 1 au 3 juillet à Paris, Florence Robine, DGESCO (directrice générale de l’enseignement scolaire), a salué la « passion pour l’innovation » des enseignants de primaire, secondaire et supérieur qui ont présenté des « expériences venues du terrain, de l’intérieur des classes, mises en place en s’appuyant sur la recherche ».
Classe inversée et « diversification des pratiques pédagogiques »
Pour Florence Robine, « le temps où l’enseignant était le seul à détenir le savoir est révolu », et la classe inversée, en « mettant le doigt sur la question de la diversification des pratiques pédagogiques », afin que « les élèves soient mis en activité et s’engagent », concourt à « la rénovation de l’éducation », au « renouvellement du développement professionnel des enseignants » et à la « recherche-action ».
Florence Robine souhaite que « soit explorée la possibilité pour les professeurs qui se lancent dans la classe inversée, de travailler en relation plus étroite avec le monde de la recherche ». Et de rêver, aussi, “d’établissements inversés”.

Christophe Le Guelvouit, prof de maths à Bourges, utilise classe inversée, plans de travail et tâches complexes pour “rendre ses élèves créateurs” et différencier.
« Gérer des classes à 30 » et « différencier » en maths
Les enseignants intéressés par la classe inversée avaient le choix entre de nombreux « retours d’expériences », de le part de professeurs de tous niveaux et de toutes matières. Parmi eux, Christophe Le Guelvouit, prof de maths au collège Jules Verne à Bourges, qui utilise le BYOD, des tablettes, le travail de groupes en îlots et des QR Codes pour faire visionner des capsules vidéos à ses élèves.
Pour lui, la classe inversée était l’occasion de « mettre à profit le numérique » pour « gérer des classes à 30 » et mettre en place une « réelle différenciation ». Ses élèves utilisent notamment un « plan de travail » personnel, suivant chacun son propre parcours, au grès des tâches complexes et des productions de cours. « Je les rends créateurs : à la fin, ils créent eux-mêmes des vidéos de cours », explique Christophe Le Guelvouit.
Jeux de rôle et « cartes de ludification » en physique
Autre retour d’expérience intéressant : celui de Florence Raffin et Romain Chauvière, profs de physique-chimie au lycée de Bressuire (Deux-Sèvres), qui travaillent en équipe, avec 4 autres collègues, autour d’un projet de classe inversée combinée à la ludification. Ainsi, les enseignants utilisent des jeux de rôle et des « cartes de ludification » en classe, ainsi que des « plans de travail » qui permettent aux élèves de « gérer leur temps comme ils veulent », par petits groupes, en autonomie.
Le côté « jeu sérieux » des activités proposées en classe, ainsi que le travail en autonomie à partir de plans de travail a « augmenté la motivation » des élèves « pour travailler », et a même « permis d’en raccrocher certains proches du décrochage », constate Romain Chauvière.

Florence Raffin et Romain Chauvière, profs de physique à Bressuire, combinent classe inversée et “îlots ludifiés”.
« L’amphi inversé » à l’université : mettre les étudiants « en activité »
Enfin, un retour d’expérience là aussi très intéressant concernait la classe inversée à l’université. A Toulouse III, Brahim Lamine, maître de conférences en physique et chercheur en astrophysique et planétologie, souhaitait « redonner de la valeur ajoutée à l’amphi » – motiver ses très nombreux étudiants, attiser leur attention, afin de réduire « la faiblesse de leur compréhension des concepts de physique », constatée en fin de L1. Grâce à la classe inversée, qu’il a rebaptisée dans son cas « l’amphi inversé », « les élèves ont davantage de temps pour s’interroger sur les concepts ».
Brahim Lamine, ainsi que d’autres enseignants-chercheurs de Toulouse III, fait visionner des capsules vidéo à la maison. Vient ensuite un « miniquizz » (noté, pour « s’assurer que les étudiants travaillent à la maison »). Une fois dans l’amphi, en cours, le professeur organise des « micro-débats, entre pairs », autour de thèmes comme l’électromagnétisme ou la mécanique, en utilisant notamment pour lancer les discussions, des « boîtiers de vote». Suite à une enquête menée auprès de 1000 étudiants, il note « une amélioration de la compréhension conceptuelle grâce à l’amphi inversé ». Passée la « phase » où ils sont « souvent déboussolés », les élèves « apprennent mieux grâce à ce système qui transforme le cours magistral classique », en « renforçant leur activité ». Un « apprentissage par les pairs » et un « enseignement interactif » très efficaces en terme de motivation, selon l’enseignant.

Brahim Lamine, enseignant chercheur à Toulouse III, pratique “l’amphi inversé” : ses élèves regardent des vidéos à la maison, puis une fois dans l’amphi, débattent (apprentissage par les pairs).
La « communauté des inverseurs »
Pour conclure le CLIC 2016, Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice Générale de l’Education Nationale (IGEN), chargée par le ministère d’une « mission sur les pédagogies actives », a encouragé la « communauté des inverseurs » à « continuer à expérimenter, comme des chercheurs, pour améliorer les pratiques pédagogiques ». Pour elle, « le fait que le nombre d’inverseurs explose me laisse penser que cette dynamique ne retombera pas de sitôt ».
Après avoir assisté aux conférences et aux retours d’expériences du CLIC, l’IGEN constate que « le numérique n’est plus une raison première de la classe inversée, qu’il n’était pas au coeur de l’événement : ce qui était au centre, c’est la différenciation. » Pour Catherine Becchetti-Bizot, la classe inversée « n’est pas une mode, mais le lieu d’une réflexion de fond, d’une inversion systémique », qui « ne se résume pas aux capsules vidéos, mais qui consiste surtout à utiliser au mieux le temps de présence du prof auprès de ses élèves ».
[warning]Les retours d’expériences cités dans cet article feront bien sûr l’objet de focus détaillés après les vacances d’été. En attendant, vous pouvez découvrir notre vaste dossier sur la classe inversée ![/warning]
Les professeurs de physique chimie sont très attachés à la pratique expérimentale concrète avec du matériel. La réalité des phénomènes et les contraintes de mesures se confrontent à la théorie qu’il faut savoir établir. Les contextes sont complexes et nécessitent de mettre en oeuvre de nombreuses démarches avec parfois un côté ludique.
En physique chimie, il y a des connaissances à apprendre, des raisonnements à établir… Les élèves doivent travailler les concepts de physique et de chimie, cela ne peut que favoriser de meilleures réflexions et des têtes bien faites améliorant ainsi les performances et le plaisir lors des situations professionnelles variées.
La physique chimie en bref : De la tête aux mains en passant par le cœur.
Bonne remarque, à mon avis, même s’il faut deviner entre les lignes la réserve vis-à-vis de la « classe inversée ». Que pensent les promoteurs de « La main à la pâte » de ce dispositif? On aimerait les entendre.