Plus d’instrument, moins de solfège, « faire rentrer directement les enfants dans le jeu de la musique »: le jazzman Didier Lockwood a remis mardi à Manuel Valls, en pleine Fête de la musique à Matignon, un rapport sur l’apprentissage de la musique.
Le violoniste, qui s’inquiète d’une enfance « formatée » et en « panne de sens », veut notamment développer le « senti rythmique » et la conscience du corps, et repousser l’apprentissage de la lecture et de l’écriture de la musique après onze ans, pour apprendre d’abord à « s’exprimer » en musique.
« Il ne faut pas aller dans la caricature, le solfège c’est le solfège. Mais je pense qu’il faut faire rentrer les enfants directement dans le jeu de la musique, comme on le fait au Venezuela par exemple », explique le musicien à l’AFP en sortant de son entrevue avec M. Valls.
« Les enfants ont envie de jouer de la musique et de l’apprendre en la jouant, comme on apprend le football dans la rue finalement souvent. La musique est un art qui s’apprend par l’oreille et pas par la vue, on n’apprend pas à lire et à écrire à un bébé qui ne sait pas parler », plaide-t-il.
Le rapport préconise de favoriser des approches pédagogiques plus directes reposant sur l’oralité, pour les conjuguer progressivement avec d’autres méthodes plus théoriques fondées sur l’écriture, avec comme principe central de permettre aux enfants de pratiquer tout de suite l’instrument sans passer par l’apprentissage du solfège.
Dans une période d’attentats, « la culture doit perdurer, la musique est vraiment un langage réconciliateur », a souligné M. Lockwood, alors que les premières notes d’un concert organisé pour la Fête de la musique montaient de la cour de Matignon.
Le musicien a exprimé des inquiétudes sur une enfance trop « formatée » par la technologie moderne et en « panne de sens ».
« Il y a une perte de mémoire extraordinaire, on va un peu vers une fin de civilisation. Je vais personnellement dans les classes et je peux vous dire que c’est terrible: pour les gamins, Beethoven c’est un chien, Picasso c’est une voiture! », s’inquiète-t-il.
« Il faut aller voir. Ces enfants ont du talent, mais j’ai l’impression que la société les met dans une sorte d’hypnose, comme s’ils étaient formatés à travers tous les réseaux sociaux, ils sont remplis d’informations qu’il ne contrôlent plus, ce n’est que du virtuel. Comme on vit par les sens, ces enfants là sont dans une véritable panne des sens », juge-t-il.
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