Une marche silencieuse aura lieu dimanche à Saint-Denis en hommage aux victimes de l’incendie d’une copropriété délabrée dans lequel ont notamment péri une mère et ses trois enfants, a annoncé vendredi le maire (PCF) Didier Paillard, qui a fustigé « l’indécence de certains propriétaires ».
L’incendie, qui a fait également onze blessés dont trois pompiers, s’était déclaré lundi en début de soirée au 6 rue Paul-Eluard, à proximité du théâtre Gérard-Philippe et du collège Elsa-Triolet.
Les corps de cinq personnes piégées par le feu avaient été retrouvés au milieu de la nuit, quand les pompiers avaient pu accéder à leur appartement du troisième étage, mais ils n’avaient pu être formellement identifiés.
L’autopsie a confirmé qu’une mère et ses trois enfants – deux filles de 21 et 12 ans et un adolescent de 15 ans – ainsi qu’une amie de la fille aînée, étaient morts asphyxiés, a indiqué vendredi à l’AFP une source policière.
Le père est toujours hospitalisé après s’être défenestré pour échapper aux flammes.
Si la piste criminelle est a priori écartée, aucune hypothèse n’est encore avancée pour expliquer le départ de feu. Seule certitude: il est parti d’un appartement situé au premier étage, a ajouté cette source.
Alors que deux autres incendies ont eu lieu mardi soir à Saint-Denis, faisant trois blessés légers au total, la municipalité a critiqué ces copropriétaires « peu soucieux de l’entretien de leurs biens et des conditions d’habitation décentes de leurs locataires », en dépit de la centaine d’arrêtés de péril et d’insalubrité qu’elle a prise depuis cinq ans.
« L’action de la ville en matière de lutte contre l’insalubrité » – 70 millions d’euros affectés, plus de 2.000 logements rénovés, 65 familles relogées – « se heurte à l’indécence de certains propriétaires et aux lourdeurs juridiques et administratives qui pèsent sur les procédures », constate la ville de 110.000 habitants, dont un sur deux est logé dans le parc privé.
Et, face au manque de moyens du parquet de Bobigny, elle suggère qu’une partie des dossiers d’insalubrité soit confiée au parquet de Paris.
Cette tragédie a « profondément endeuillé notre communauté scolaire », a réagi de son côté l’académie de Créteil, rappelant que des « cellules d’écoute et de soutien » avaient été mises en place dans les deux collèges où étaient scolarisées deux des victimes.
« Notre collège est meurtri », ont affirmé pour leur part les personnels du collège d’Elsa-Triolet qui ont dénoncé les « politiques de ségrégation sociale menées dans les quartiers populaires, à Saint-Denis en particulier ».
« Les collectivités publiques engagent 1,7 milliard d’euros pour financer la coupe d’Europe de football. C’est autant d’argent qui ne servira pas à rénover les logements insalubres comme celui de la rue Paul-Eluard, ni à construire des logements sociaux », ont-ils déploré, réclamant un « plan d’urgence » pour le logement à Saint-Denis.
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