Pauline, en 3e année de psycho, s’occupe au moins deux heures par semaine d’un patient âgé. Leur point commun? Habiter, à Lyon, une résidence étudiante d’un nouveau genre, qui accueille aussi des personnes convalescentes démunies à leur sortie de l’hôpital.

Construite au sein d’anciennes prisons reconverties, la résidence Emmanuel Mounier a ouvert ses portes à la rentrée 2015 mais a été officiellement inaugurée mercredi, à l’occasion des 30 ans du groupe Habitat et Humanisme, à l’origine du projet avec notamment l’Université catholique de Lyon.

L’immeuble flambant neuf, proche de la gare de Perrache, peut abriter 122 étudiants et 21 patients convalescents souffrant d’isolement, plus ou moins âgés, précaires, et dans l’incapacité de rejoindre leur domicile à l’issue d’une hospitalisation.

« Les baux pour les patients vont de 3 à 6 mois. L’hébergement est temporaire. C’est un tremplin vers un retour à une vie normale et nous les y aidons », relève Christophe Perrin, le président d’Habitat et Humanisme, qui lutte depuis trois décennies contre le mal logement en conciliant logique économique et engagement social.

« Les maîtres-mots du projet: solidarité et mixité des âges et des profils ».

« Quand j’étais à l’hôpital, ma colocataire est partie. Je me suis retrouvée toute seule, sans logement », raconte Dominique Soltani, 57 ans, l’une des premières convalescentes de la résidence.

« C’est formidable ! Les jeunes nous apportent du lien, des contacts chaleureux. On bavarde, on sort se promener, on écoute ensemble de la musique ou on cuisine », explique-t-elle, le sourire aux lèvres.

Dominique donne aussi chaque jour des cours de français à l’un des résidents, un étudiant chilien.

« Les patients sont comme des amis. Jamais nous ne regardons l’heure. Nous allons voir des expos, je fais découvrir à la personne que j’accompagne des quartiers… Pour elle, c’est rompre l’isolement qui compte. Pour moi aussi, dont la famille est un peu loin », confie Pauline, 19 ans.

Les étudiants, qui bénéficient ainsi d’un hébergement bon marché, seuls ou en colocation, signent une charte les engageant à consacrer deux heures par semaine à leur « mission de solidarité », sans mettre en péril leurs études. Ils reçoivent aussi une formation préalable à l’accompagnement. « Beaucoup vont au-delà des deux heures », remarque M. Perrin.

Le coût total de l’opération s’élève à plus de 8,4 millions d’euros, dont un peu plus de 50% de fonds propres apportés par Habitat et Humanisme, plus de 483.000 euros de subventions publiques, 218.000 euros de mécénat et 3,3 millions de prêts.