Patrice Bonnet

Patrice Bonnet

Vous êtes formateur en sciences médico-sociales au sein de l’ESPE d’Aix-Marseille. Comment se déroule la formation sur l’année ?

Je suis formateur et responsable du parcours SBSMS « enseignements professionnels et technologiques en Sciences Biotechnologiques, de Santé et Médico-Sociales ». Il s’agit d’un parcours à option assurant la formation à l’enseignement de BGB (Biochimie Génie Biologique), des BSE (Biotechnologique Santé Environnement) et des STMS (Sciences et Techniques Médico-Sociales) en lycée professionnel et technologique.

Le parcours du master MEEF s’organise en deux années : le M1 assure la construction initiale des compétences au métier. Le M2 étant construit autour d’un stage pratique, il correspond à un mi-temps de formation, soit 240 h de formation à l’année. Le M2 est une continuité du M1 dans le cadre de la maîtrise des compétences du métier.

Concrètement, quels cours proposez-vous ?

Dans le cadre du master 1, les enseignements sont de trois natures : des enseignements scientifiques et technologiques en relation avec les savoirs à enseigner dans la discipline ; des enseignements de didactique disciplinaires permettant la construction des compétences nécessaires à la conception de situations d’enseignement-apprentissage ; et des enseignements de tronc commun qui permettent la construction des compétences communes aux enseignants. Dans ce cadre de formation, les étudiants sont réunis avec des étudiants d’autres parcours du master MEEF (enseignements collège-lycée général ; enseignement professorat des écoles).

En master 2, la formation s’organise autour des contextes d’exercice des stagiaires dans leur établissement scolaire. Nous nous efforçons d’accompagner les étudiants dans le renforcement des savoirs disciplinaires ainsi que dans les compétences de conception et de mise en œuvre des situations d’enseignement. L’année est jalonnée par des TD méthodologiques et des séminaires assurant des moments d’écriture, d’analyse et de confrontation.

Y-a-t-il au sein de votre ESPE une formation de terrain suffisante ?

concours

© pst – Fotolia.com

Oui, la maquette du master prévoit des stages en lycée à tous les semestres. Les étudiants sont ainsi confrontés au terrain tout au long de leur cursus. Cette formation de terrain permet ainsi d’émerger les problématiques alimentant les formations à l’ESPE mais sert aussi de lieu d’observation et d’expérimentation afin de développer progressivement les compétences professionnelles.

Quelles sont les attentes et les besoins des étudiants ?

Globalement, les étudiants attendent une formation concrète au métier, en particulier dans le contexte des lycées. Le master 1 reste fortement corrélé à la préparation des épreuves des concours, qui constituent inévitablement un enjeu majeur pour les étudiants. En master 2, les priorités demeurent sur la prise en charge, la gestion des classes et le travail en équipe.

De notre côté, formateurs, nous constatons tout de même que des compétences nouvelles sont à travailler, comme l’organisation du travail personnel, la créativité et l’innovation. C’est au travers des dispositifs de formation que nous proposons des activités diversifiées assurant le développement de ces compétences.

Professeur/élèves

Professeur/élèves © Tyler Olson – Fotolia.com

Aujourd’hui, quels sont les bons outils pour bien exercer la profession de PLP ?

Concernant mon parcours, les étudiants sont formés pour la prise en charge d’enseignements professionnels, ce qui implique avant tout une connaissance des milieux professionnels et des techniques professionnelles. Ils doivent également avoir des compétences de coopération et maîtriser le travail en équipe.

Les étudiants doivent développer une pensée interdisciplinaire, facilitant l’articulation des savoirs les uns avec les autres. Des travaux de groupe sont ainsi organisés pour assurer le développement des compétences de collaboration.

Un point central est l’apport d’outils relatifs à la gestion de la classe ; celle-ci va passer par les points cités précédemment mais aussi par la posture de l’enseignant. Cette posture s’inscrit dans le concept d’autorité éducative, devant s’exercer dans un cadre tout à la fois exigent mais bienveillant. Ce dilemme professionnel nécessite un outillage d’analyse de situation, de prise de décisions raisonnée, de prise en compte de l’élève et d’écoute.

Les professeurs de lycée professionnel sont souvent confrontés à des élèves en grande difficulté. Est-ce, selon vous, un métier difficile ?

élève en difficulté

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Certes les élèves sont en grande difficulté scolaire mais pour connaître les autres types d’établissement scolaire, les collèges accueillent aussi des publics difficiles et les collègues enseignants sont donc confrontés aux mêmes problématiques. Les lycées professionnels accueillent aussi des élèves sans grande difficulté.

Le regard porté sous l’angle initial de la difficulté ne me semble pas être le meilleur et ne fait que renforcer les stéréotypes sociétaux vis-à-vis des LP. D’ailleurs, de nombreuses disciplines professionnelles connaissent une crise dans le recrutement d’enseignants ! C’est ainsi qu’il est préférable de parler de gestion de la diversité des élèves. En tout cas, de nombreux collègues en lycée professionnel sont très épanouis dans leur travail !

Est-ce que les nouveaux professeurs, frais émoulus de l’ESPE, s’en sortent bien ?

Nos jeunes collègues s’en sortent bien, pas plus mal qu’un autre enseignant ! Au-delà de ce constat, je soulignerai même leur réellement satisfaction de travailler en lycée professionnel.

A lire également l’interview de Jacques Ginestié, directeur de l’ESPE d’Aix-Marseille. ESPE : avoir réussi à les mettre en place en deux ans relève de l’exploit ! Et l’interview de Fabienne Carpentier, responsable du master MEEF Lettres Langues Histoire de l’ESPE d’Aix-Marseille. « Pour enseigner en lycée professionnel, il faut être créatif ! ».