Un an après les premières manifestations d’enseignants contre la réforme du collège, les critiques contre le dispositif porté par Najat Vallaud-Belkacem ne faiblissent pas. Les professeurs documentalistes, à leur tour, ont formulé des griefs contre cette réforme qui selon eux, les met « sur la touche ».
Surveillance des heures de permanence
Christophe Mousset, qui a créé avec Elsie Russier le collectif « Où est le prof doc », assure ainsi que « les textes de la réforme ne prennent pas du tout en compte le rôle pédagogique des profs docs – en particulier dans l’éducation aux médias et à l’information. « Il ne sera plus possible pour lui d’enseigner seul en 6e. Pour proposer un cours d’EMI, il devra demander au prof de français ou d’histoire, de lui accorder une petite demi-heure sur son propre cours. Et certains IPR (inspecteurs pédagogiques régionaux) et recteurs disent que les profs docs ne peuvent plus enseigner que dans le cadre de l’AP et des EPI, en co-intervention », déplore-t-il.
De plus, le manque de clarté des textes concernant les profs docs rend leur organisation dépendante de l’interprétation des chefs d’établissement. Et « ce qui arrangera le plus un principal, c’est un prof doc qui ne fera pas trop cours, afin de pouvoir le charger de la surveillance des heures de permanence », souligne Christophe Mousset.
Aucun moyen horaire pour les profs docs
Florian Reynaud, président de l’Association des professeurs documentalistes de l’Éducation nationale (APDEN), relevait également il y a quelques temps qu’il serait compliqué pour les profs docs « d’intervenir dans tous les EPI, ce qui est très problématique au regard du principe d’égalité des chances ».
Il réclamait des « moyens concrets »pour dispenser les apprentissages info-documentaires », avec « l’assurance que ces apprentissages soient enseignés aux élèves« . « En sixième, nous sommes explicitement cités dans les programmes, mais nous n’avons aucun moyen horaire, indiquait-il. Nous demandons donc des possibilités d’intervention afin qu’un élève de sixième soit par exemple assuré de suivre des apprentissages info-documentaires avec le professeur documentaliste, en collaboration ou non avec un autre enseignant ».
Il faut aussi préciser que les profs docs ont récemment obtenu, par un changement statutaire, la récupération des heures d’enseignement qu’ils peuvent être conduits à assurer : une heure devant une classe équivaut à 2h de fermeture du CDI… d’où des réticences des établissements. Ou comment un acquis social peut mécaniquement entraîner une « mise sur la touche » !