Lycéen fumant du cannabis

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Les tests salivaires pour repérer les lycéens fumeurs de cannabis seront finalement bien mis en place dans les établissements d’Ile-de-France. La Région a adopté hier la promesse de campagne de sa nouvelle présidente, Valérie Pécresse, malgré une forte opposition.

Des tests couverts par le secret médical

Chaque lycée devra établir « un diagnostic sur la consommation des substances addictives » et les proviseurs qui le souhaitent pourront déployer le dispositif de test dans l’établissement. Les tests salivaires seront réalisés sous couvert du secret médical et les résultats seront envoyés aux parents ou à l’élève s’il est majeur. Les chefs d’établissement, quant à eux, ne recevront que les résultats globaux et anonymes de leur lycée, comme le précisait en décembre Frédéric Péchenard, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France. Il expliquait également que ces tests seraient appliqués à des « classes ou des cohortes » et non à des élèves seuls.

Un amendement du Modem permettant d’analyser les eaux usées des établissements pour détecter les traces de drogue a également été adopté. Selon le groupe, cela permettra de disposer d’ « une vision claire et objective » de l’usage de drogues par les élèves de chaque lycée, grâce à une « détection totalement anonyme ».

Valérie Pécresse souhaite grâce à ces tests de dépistage lutter contre la consommation de drogue chez les lycéens. En novembre, elle avait en effet établi un « lien direct entre addictions et décrochage scolaire« . « Comme c’est des tests de dépistage qui sont à vocation épidémiologique […], si l’élève refuse de se soumettre, il est considéré dans le test comme positif », avait-elle ajouté.

Une promesse de campagne qui fait polémique

Promesse de campagne de la présidente de l’Ile-de-France, cette mesure anti-cannabis avait été très critiquée, notamment par les syndicats enseignants. « On part de l’idée que la jeunesse est coupable par avance et que si un lycéen refuse de se soumettre au test, il sera d’office considéré comme positif », avait par exemple regretté Christian Chevalier, du SE-Unsa. Paul Raguet, élève de terminale et membre du syndicat lycéen FIDL, avait publié une tribune dénonçant une « course à la criminalisation des jeunes ». « Si Valérie Pécresse veut vraiment lutter contre le décrochage scolaire ou contre la drogue au lycée, qu’elle commence par donner des moyens de prévention, des moyens financiers pour recruter des médiateurs, des surveillants, des encadrants, des médecins scolaires et des psychologues », avait-il demandé.

Du côté des chefs d’établissement, on s’interroge sur l’utilité de la mesure. « Si vous avez simplement un nombre brut de résultats positifs, vous n’en faites rigoureusement rien. S’il est un peu inférieur à la moyenne, vous estimez que le phénomène est moins développé qu’ailleurs et ne faites encore moins », ironisait ainsi Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN.

L’accord des parents nécessaire ?

De plus, selon l’avocate Valérie Piau, ces tests risquent de se heurter à des obstacles juridiques. « Ils touchent à la liberté individuelle et à l’intégrité physique d’élèves, qui plus est mineurs… Il faudrait l’accord des parents », estimait-elle. Et ces derniers ne semblent pas non plus convaincus de l’efficacité du dispositif. Est-ce que savoir si les lycéens « ont fumé un joint pendant une soirée est la vraie préoccupation des parents? Je ne pense pas. Je pense que les parents sont plus dans une relation d’éducation de confiance et non dans un univers de répression », soulignait ainsi Valérie Marty, la présidente de la Peep.

Mesure nécessaire ou « rideau de fumée », comme l’affirme l’opposition ? Plutôt une « politique de prévention », pour Agnès Evren, vice-présidente du Conseil régional chargée de l’éducation, qui a rappelé hier que « 10 % des jeunes d’Ile-de-France fument plus d’un joint par jour ».