La Région Ile-de-France, présidée par Valérie Pécresse (LR), a adopté jeudi le principe controversé de financer des tests salivaires de dépistage de drogue et des éthylotests pour les lycéens franciliens, pour lutter contre les addictions, « source de décrochage scolaire ».

Malgré l’opposition de la gauche et l’abstention du FN, la Région va demander à chaque établissement « d’établir un diagnostic sur la consommation des substances addictives » et d’identifier les éventuels trafics à proximité des lycées.

Pour les chefs d’établissement qui le souhaiteront, les tests de dépistage seront « des outils de diagnostic », menés sous couvert du secret médical, et dont les résultats individuels ne seront pas transmis aux chefs d’établissement mais uniquement à la famille ou au lycéen s’il est majeur.

La Région a également adopté la possibilité de détecter des consommations de drogue par l’analyse des eaux usées des lycées, « une détection totalement anonyme » qui donnera « une vision claire et objective » de la consommation dans chaque lycée, a expliqué le groupe MoDem, à l’origine de l’amendement.

Un élu UDI a distribué des tests salivaires aux élus dans l’hémicycle, jugeant que selon les statistiques, 17 d’entre eux devaient être des fumeurs réguliers de cannabis, et 8 des fumeurs quotidiens. Il a proposé de tester en premier le groupe EELV. Le groupe visé a immédiatement dénoncé une « stigmatisation ». « Je n’ai pas dit que vous étiez positifs », a répondu l’élu.

« 10% des jeunes d’Ile-de-France fument plus d’un joint par jour », a affirmé Agnès Evren, vice-présidente chargée de l’Education, affirmant qu’il ne s’agissait « pas d’une politique de suspicion et d’accusation, mais une politique de prévention ».

Le FN a dénoncé « un enfumage », le Front de gauche a déploré une « stigmatisation caricaturale », et le PS « le rideau de fumée des tests salivaires » et le « rôle de police » donné aux proviseurs.

« Je ne vois pas en quoi les tests salivaires vont agir sur la prévention », a dit Mounir Satouri pour les écologistes, tandis que Jean-Luc Roméro-Michel (Radicaux de gauche) a estimé qu’il s’agissait surtout d’un « effet d’annonce: Vous ne protégez en rien les lycéens, mais cela va rassurer votre électorat ».

« Ce ne sera pas un arsenal pénal mais un mécanisme de prévention et de protection », a jugé de son côté le groupe LR, et l’UDI a salué « le courage d’aborder un sujet tabou ».