« Il n’était pas envisageable de répondre ‘À rien’ à la question ‘À quoi sert François Hollande ?' », a plaisanté mardi une étudiante en première année de droit de l’université d’Angoulême, sur Le Plus. La jeune fille a dû plancher, fin avril, sur ce surprenant sujet pour son examen de droit constitutionnel. Elle avait le choix entre ce sujet et un autre, plus conventionnel, sur le « rôle du Conseil constitutionnel dans la formation du bloc de constitutionnalité ».
Trait d’humour ou maladresse ?
D’abord hilare à la découverte de la question, l’étudiante a estimé que « l’enseignant à l’origine de ce sujet aurait pu simplement écrire : ‘Quel est le rôle du président de la République ?' ». La formulation originale de la question était, pour elle, un simple « trait d’humour » pour tenter « de rendre attrayant un sujet qui ne l’est pas forcément ». Et « il a réussi son pari », a-t-elle affirmé, reconnaissant tout de même que le sujet l’avait déstabilisée. Le doyen de l’Université de Poitiers, dont dépend la faculté de droit d’Angoulême, y a quant à lui vu une »maladresse de formulation« .
En fait, l’enseignant à l’origine du sujet a souhaité par cette formulation faire un « clin d’oeil à une formule de Maurice Duverger dans l’un de ses articles sur les institutions de la Vème République : ‘A quoi sert Michel Debré?' », a expliqué le conseiller juridique du président de l’Université de Poitiers. Il « n’a pas voulu faire du ‘Hollande bashing' ».
Une question « pas saugrenue »
Mais que l’enseignant se rassure, François Hollande lui-même a estimé que la question n’était « pas saugrenue ». « A quoi sert le Président de la République ? a-t-il interrogé sur Europe 1. Est-il possible encore de changer le destin d’un pays ? Est-ce que la politique a encore du pouvoir ? ». Voilà, selon le Président de la République, les points que les étudiants auraient dû traiter dans leur copie.
Ces derniers devront attendre les résultats de l’examen, le 23 juin, pour savoir s’ils ont répondu correctement à cette question polémique.
Sans disserter sur le libellé, je trouve le sujet très intéressant.
Tous les médias nous vendent à longueur de journée une situation quasi royaliste, et même façon Moyen Âge, où le chef de l’État serait investi d’un pouvoir et d’une compétence tous azimuts.
Même en chimiste capable de se prononcer sur le glyphosate du Roundup !
Manquerait plus qu’il nous donne le prix de la baguette ou du ticket de métro… J’espère qu’il est élu pour des choses plus importantes.
La réalité est bien loin.
Il est vrai que le président précédent, et son successeur qui a sauté à pieds joints dans cette personnalisation outrancière, ont laissés croire que c’était le patron de l’un des trois pouvoirs, l’exécutif en l’occurrence.
Pas du tout. L’exécutif, c’est le gouvernement. Et le patron de l’exécutif, c’est le 1er ministre et personne d’autre.
Ce qui va réellement compter pour la prochaine mandature présidentielle, ce n’est pas qui sera élu comme président mais quelle sera la majorité à l’Assemblée nationale. Et le gouvernement en sera issu et son chef, le 1er ministre aussi.
Les périodes dites de « cohabitation » ne sont pourtant pas si lointaines que tout le monde, et les journalistes en premier, les ait déjà oubliées. Jacques Chirac, Édouard Balladur, puis Lionel Jospin.