En février 2016, déjà, les enseignants des collèges et lycées de Colombes, grimés en zombies, demandaient plus de moyens au ministère / capture Dailymotion / Nicolas Kemoun, prof de SES au lycée Maupassant

En février 2016, déjà, les enseignants des collèges et lycées de Colombes, grimés en zombies, demandaient plus de moyens au ministère / capture Dailymotion / Nicolas Kemoun, prof de SES au lycée Maupassant

Pour exprimer leur ras-le-bol, les enseignants des lycées et collèges (REP) de Colombes organisent une “garden party de l’éducation prioritaire”, devant le ministère de l’Education Nationale.

“Face à la baisse des moyens annoncés pour la rentrée 2016 dans les établissements scolaires de Colombes, et la sortie du réseau d’éducation prioritaire des lycées, une seule conclusion s’impose : finies la précarité et la pauvreté à Colombes ! Et cela se fête !“, lance, ironiquement, Pierre-Alexandre Fournié, prof de maths au lycée Maupassant.

Grèves, blocages et « zombies profs »

Dans un communiqué, les “établissements en lutte” de Colombes indiquent qu’en janvier 2016, “le rectorat annonçait une dotation horaire globale largement insuffisante pour l’ensemble des établissements de Colombes”. Ainsi, expliquent les enseignants, “il manque plus de 300 heures (hebdomadaires) pour maintenir les dispositifs existants dans l’éducation prioritaire à la rentrée 2016”.

Déterminés à “défendre une école juste et qui donne à tous les moyens de la réussite”, les profs de collège et de lycée de Colombes, soutenus par les parents d’élèves, ont mené “une série d’actions afin d’être reçus en délégation commune de Colombes par le directeur académique”.

Ils ont ainsi organisé plusieurs journées de grève en janvier et en février, manifesté en ville, et envoyé un courrier à Najat Vallaud-Belkacem. De leur côté, les parents d’élèves ont bloqué les collèges Moulin Joly et  Marguerite Duras, et organisé une “journée morte” dans les établissements scolaires du secondaire pendant laquelle (le 24 mars) ils “ont décidé de ne pas envoyer leurs enfants” en cours.

Le 18 février, les enseignants, décidément très imaginatifs, se sont aussi grimés en “zombies profs”, sur le parvis de la gare Saint-Lazare, à Paris.


« Exit les lycées de l’éducation prioritaire »

“La seule réponse obtenue a été de s’entendre répéter que tout allait bien dans ces établissements et qu’ils étaient particulièrement dotés. La Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale (DSDEN) et le Rectorat n’ont même pas daigné accepter de nous recevoir en délégation commune”, déplorent les professeurs de Colombes.

“Comme pour confirmer la rupture entre ses belles intentions et les décisions qu’elle prend sur le terrain, dans un récent courrier à l’un des député des Hauts de Seine, Sébastien Pietrasanta, Najat Valaud-Belkacem a déclaré que ‘la refonte de l’éducation prioritaire est axée sur la scolarité obligatoire, c’est à dire l’école et le collège’. Traduction : exit les lycées de l’éducation prioritaire, y compris les lycées professionnels”, peut-on lire dans le communiqué.

“Pourtant la difficulté scolaire liée à l’origine sociale ne s’arrête pas par miracle au moment de l’entrée au lycée. A l’heure où l’inégalité des chances est de plus en plus forte, ce gouvernement détruit l’éducation prioritaire à la fois en écartant les lycées du dispositif et en réduisant les moyens dans de nombreux collèges qui en font partie. C’est inacceptable !”, lancent les enseignants.

« Petit fours, champagne et beaux discours » au menu

La “garden party” du 18 mai (à 14h) sera ouverte à tous les établissements prioritaires d’Île de France : “nous sommes loin d’être les seuls concernés par cette politique désastreuse et notre mouvement converge avec celui d’autres établissements prioritaire, à Nanterre, Saint-Denis ou dans le Val d’Oise”, indiquent les profs en colère.

“Au programme: petits fours, champagne, et beaux discours”, décrit Pierre-Alexandre Fournié. La manifestation festive sera suivie, notent ironiquement les organisateurs, d’une “opération caritative suivant le mot d’ordre ‘Rendons à notre ministre les moyens que nous avons en trop’”.

Les enseignants de Colombes, qui sont soutenus par l’intersyndicale CGT éduc’action, SNES-FSU, Sud Éducation, préviennent : ils “resteront mobilisés” tant qu’ils “n’obtiendront pas les conditions d’enseignement nécessaires à la réussite de leurs élèves”. Et de conclure : “nous ne saurions accepter une dégradation du service public d’éducation, parce que nous sommes convaincus du rôle crucial de l’école dans la société.”